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Aliénor d’Aquitaine

Aliénor d’Aquitaine

Par  

La journaliste Marie-Noëlle Demay publie Aliénor d’Aquitaine aux éditons Les Presses de la Cité, livre dans lequel il nous est donné de suivre pas à pas, en ce XIIème siècle, le destin romanesque d’une figure hors du commun, Aliénor qui, choisit puis escorte jusqu’en royaume de France Blanche qui doit devenir reine, épouse de Louis VIII et mère de Saint-Louis.
« En 1137, la duchesse d’Aquitaine est devenue reine de France. Quinze ans plus tard, elle quitte son époux, le transparent, chétif et pieux Louis VII, pour épouser le jeune Henri, flamboyant héritier Plantagenêt, bientôt roi d’Angleterre. »

Nous sommes en 1199, le roman débute sur la poignante scène d’un Richard Cœur de Lyon moribond, ce fils adoré auprès duquel se presse Aliénor, sa mère : « Dans un geste qui appelait l’enfance, j’ai mis ma main sur ton front. J’ai penché mon visage près du tien, plongé mes yeux dans les tiens, au plus loin que j’ai pu, comme on enterre un trésor. Une dernière fois, tu m’as offert leur claire lumière. Un regard déjà absent, sans fond. L’éclat bleu s’est crispé sur la plus haute ligne de mon front. Je n’ai pas bougé, juste saisi ton poignet droit. Sous mes yeux, je sentais ton pouls faiblir, faiblir, s’éloigner quelque part, à petites pulsations feutrées. Et puis, plus rien, juste un long souffle profond qui s’exhalait de ta bouche, vidait tes poumons, faisant soulever le voile transparent qui recouvrait mes cheveux. Tandis que tu expirais, je priais le Très-Haut de t’accueillir comme on reçoit un grand roi. En majesté. J’ai laissé tes yeux vides me fixer tandis que je t’embrassais. Puis, très doucement, j’ai fermé tes paupières comme on scellerait un reliquaire infiniment précieux. »

L’abbaye de Fontevrault, nécropole de la dynastie Plantagenêt, accueille au cœur du Val de Loire l’auguste dépouille de Richard, celles d’Aliénor et d’Henri II.  Aliénor, qui aimait passionnément le lieu, y passera ses derniers jours et y fera ériger les gisants de pierre d’Henri, de Richard et d’elle-même comme une ode à l’éternité.
Partie chercher en Castille l’infante d’Espagne, Blanche future reine de France âgée de onze ans, Aliénor qui fut à la croisade aux côtés de Louis VII, lui enseigne le métier de souveraine qui ne souffre pas la faiblesse ni la pusillanimité : « Enfant, l’Antiquité n’est pas notre temps. Recevoir le pardon de Jésus, c’est d’abord accepter d’en avoir besoin. C’est qu’il faut d’abord avoir reçu son pardon, avant d’être à même de pardonner à son tour. Moi, je ne peux pardonner si je pense à ces milliers d’hommes et de femmes jetés sur les routes dangereuses d’Orient au nom de la croisade. Tous ces morts, par milliers… Faut-il pardonner aux mahométans de violer nos sanctuaires, d’égorger les chrétiens, de vouloir imposer leur foi impie en place de celle de notre Seigneur Jésus-Christ ? Faut-il pardonner, crois-tu, si Jésus lui-même, son Saint Nom, est bafoué ? Si on décapite le plus grand, le plus valeureux des chevaliers chrétiens pour offrir sa tête à un calife hérétique, comme les mahométans le firent de mon oncle Raymond d’Antioche ? »

L’Orient byzantin a profondément fasciné Aliénor : « Toute chose paraissait plus vibrante en Orient. Partout où mon regard se portait, je ne rencontrais que beauté et abondance. Un simple banc de bois devenait là-bas une merveille rehaussée de pierreries et d’étoffes précieuses. Les sols n’en finissaient pas de se parer de marbres d’infinies nuances, les murs s’évanouissaient sous des dentelles de sculptures laissant s’échapper la lumière. Les mets, les étoffes, les bijoux rivalisaient de magnificence. La majesté dans laquelle vivait la cour me rendait presque intolérable le souvenir de nos châteaux gris et froids, du sinistre palais de la Cité, des rues de Paris qui puaient la charogne et l’humidité. Car, comme pour se mettre au diapason de tant de raffinement, l’air que l’on respirait à Constantinople s’épaississait au couchant, chargé d’effluves de fleurs et de miel. On s’y drapait comme dans de la soie. »
Aliénor meurt en 1204, après avoir appris que Château-Gaillard, l’imprenable citadelle normande érigée par son fils Richard, symbole de la puissance Plantagenêt, était tombée dans l’escarcelle du roi de France Philippe Auguste. « Elle était loin d’imaginer, après avoir choisi l’infante Blanche, que sa descendance Plantagenêt allait paradoxalement, assurer les grandes et riches heures du royaume de France et, par là même, la vitalité de la dynastie capétienne, sa rivale… »


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