Carnets nomades, Guy Féquant
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Pour ceux qui aiment les journaux intimes, celui de Guy Féquant est un régal, celui-ci ne possède pas les défauts de nombre d’entre eux, à savoir de longues digressions inutiles qui découragent nombre de lecteurs réfractaires à ce genre.
Ces « Carnets nomades » sont plutôt constitués de notes autour de voyages, de randonnées lors des années 2014 à 2019, et aussi ce qui fait son charme, de comptes rendus de lectures, de rencontres, de propos sur notre monde un peu polémiste parfois.
Pénétrer dans le monde de Guy Féquant, c'est fréquenter la beauté et il la trouve tout d'abord dans la nature et surtout dans la haute-montagne, son « paradis terrestre » ; il a un regard attentif et précis pour décrire le monde végétal et les oiseaux. Il a d’ailleurs publié, il y a 25 ans un journal ornithologique L’aigle pêcheur. Tout comme Ernst Jünger avec lequel il a eu des échanges épistolaires, il se passionne pour les coléoptères. Guy Féquant c'est surtout l’homme de la forêt, son ultime refuge que Jünger nommait « Le recours aux forêts » .
De très beaux propos sur le silence : « De plus en plus souvent, j’aspire à faire taire dans ma ruche intérieure l’essaim des mots » et « Dans la hiérarchie des silences, voici le plus haut silence : se taire en soi » S’il écrit ainsi sur le silence intérieure, il aime aussi s’éloigner du bruit extérieur mais hélas « L’écart est un luxe inestimable. »
Guy Féquant est un passionné de littérature et nous fait partager son enthousiasme pour ses innombrables lectures avec une absence de préjugés tout à fait réjouissants ; il aime découvrir les bibliothèques de ces hôtes, lorsque cela « sent le soufre », cela lui plaît. Cela l’amène à d’autres réflexions comme celle-ci, à la lecture des nouveaux aristocrates de Michel de Saint Pierre : Je suis athée et, en même temps, païen et catholique romain de l'ancienne observance. Une religion n'est pas faite pour être approuvé dans ses dogmes, mais pour être éprouvée dans ses sanctuaires et dans ses rites.
La spiritualité tient une place importante dans ce livre. (…) l'homme contemporain a besoin de plus de spiritualité, de plus de sacralité, de moins de leçons de morale. Or le clergé ou ce qu'il en reste, lui sert de moins en moins de sacralité et de plus en plus de morale. Donc l'homme contemporain déserte. Il a raison.
Esprit libre, il peut tenir des propos peu politiquement correct : Les deux cataclysmes à venir pour notre continent : le réchauffement climatique et l'islamisation. La gauche s'alarme du premier et minimise le second. La droite s'alarme du second et minimise le premier. La vérité toute simple est qu'il convient de s'alarmer des deux. Il aurait pu remplacer le terme « réchauffement climatique » par le mot « écologie » tout simplement. D’ailleurs dans ce livre, il s’offusque de la disparition des espèces, de la pollution et aussi de l’envahissement de la laideur des paysages par les éoliennes, les hangars métalliques… La beauté il la retrouve parfois lorsque passe devant lui une fille en jupe très courte, cheveux flottants, visage de femme viking.
J’ai bien aimé cette phrase aux accents nietzschéens, pour résumer notre époque : On ne chante plus ; on ne danse plus ; on ne jouit plus : on dénonce !