Découvrez la collection Mauvaise Nouvelle, aux Éditions Nouvelle Marge.


Contamination

Contamination

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D’où vient cette comète, qui illumine notre ciel bouché, sombre et humide ? Quelle étrangeté que ce style féérique, lumières scintillantes dans ce miroir promené à toute vitesse le long de notre égoût d’époque. Un peu comme ces flashs qui résument la vie du mourant, les mots de Vajda s’incarnent à toute volée, frappants comme des trains qui se croisent, pour heurter, parfois, des femmes, de leur plein gré.

La perfection, vierge ou non, n’apparaît pas souvent pour sauver l’Homme, mais les trois héros de ce roman (pensons au quatrième, damné qui finira envolé par la fenêtre) la verront illuminer leur ciel de cave, pour ré-enchanter le monde et faire entendre la voix oubliée d’une littérature qu’on croyait emportée, dent de sabre inutile, dans l’oubli des espèces.

La musique de Vajda, effrénée et dense comme cette musique de Joy Division qui guide ses personnages, nous interdit le répit, le repos, et nous met en retard, toujours à lui courir après pour la suivre, tant elle va vite et loin, nous laissant éberlués et pantois, accrochés à ses basques, sonnés par son rythme en nous tenant tant bien que mal à son dernier crin. La mythique bête ne nous entend plus depuis longtemps et fonce seule pour provoquer la décontamination, l’éclatement des clichés mortels qu’elle brise de son chant d’oiseau à références aiguës, accélérant vers l’infini tellement rien ne lui résiste, plancher des grosses vaches ou miteux plafonds de verre.

Son talent sauvage a tout pour déplaire aux bourreaux de l’instant, malgré son sexe ou ses origines, tant elle ose, blasphème et anachronisme, mêler la profondeur du fond à la somptuosité de la forme. Crime impardonnable que cette poésie serpentant entre chaque lettre, chaque phrase comme une marche d’un temple que l’on croyait oublié, et qu’on escalade à sa suite, éberlué de la vue qui s’ouvre à nous. À nos pieds, cette jungle méphitique où l’écrivain aventurier n’a qu’une durée de vie limitée, victime expiatoire des araignées et scorpions qui règnent sur cette brousse qu’on nomme le PEF (paysage de l’édition française).

Sarah, de sa mémoire gigantesque, rase ce marais maudit au laser et nous découvre l’horizon bleu, destin oublié des artistes de notre vieux continent. Tout est possible, mais comment retrouver notre chemin ? Sylvie, l’absente héroïne de Contamination, nous indique les rails à suivre, la mélodie à siffler pour réanimer le train qui ne nous attendra pas trois fois. Nous aimerions finir comme ces petits hommes réunis à la fin de son livre, pour nous adopter et vivre auprès d’une tombe, réchauffés par un regret plus fertile et immense que le soleil des niais.

Sarah Vajda s’incarnera, dans quelque futur, comme un grand du passé, et notre présent, qui ne la mérite pas, se ridiculisera, et nous avec.

Mais on n’est plus à ça près.


Chaise avec vue sur catafalque drapé patagon
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Maritain, l’aimant des écrivains catholiques
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Portrait de l'artiste en évangéliste
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