Thibault Biscarrat : poésie liturgique

Thibault Biscarrat nous offre un recueil de poésie qui est voyage initiatique, retour à la louange primordiale, élan liturgique, préparation au sacrifice. Chaque page de Rites et naissances est comme une variation chantée d’une même fable où se retrouvent l’officiant, l’étrangère et le poète. Ces trois-là sont en quête des rituels des origines, ils réhabilitent le rite et le préparent.

• L’étrangère a un pouvoir magique qu’on appelle charmes, elle cueille des plantes, broie des racines, s’abreuve de substances éternelles, se drape, se couronne, joue des instruments, tisse la soie…
• L’officiant a la connaissance. Il connaît les vertus des plantes, les secrets anciens, la liturgie nécessaire et met en scène le rite.
• Le poète s’exprime à la première personne, normal. Sa parole est performante : « La parole précède l’action.» Son ambition est démesurée : « Je veux mettre l’univers en mots »

Pour Thibault Biscarrat, « Le poème est un souffle inépuisable. » Il aime à faire une seule et même chose du vent, du souffle, de la voix et du chant. Il aime confondre le lecteur. La preuve : « son chant disperse les nuages. » L’objectif de toute cette préparation liturgique est de parvenir à se tenir debout face au soleil, pour réciter ce que l’on a écrit sous la lune. Le poète ne cherche plus à exister à la farce du monde ! Il lui tourne le dos pour offrir une louange aux éléments, dans un retour au rite païen, comme pour chauffer le monde avant le sacrifice. Il cherche l’éternel et l’immuable. L’objectif de ce voyage initiatique qui est retour aux origines, est de rétablir l’énigme, rétablir l’homme dans son désir d’énigmes, le replacer au cœur d’une forêt de symboles. « Le poète s’exile pour invoquer les dieux. »

Une conscience aigüe de la vocation du poète, qui est le véritable prophète de l’humanité, point à chaque variation de la fable. Le langage n’est pas simplement un outil de communication. « La lumière est source du langage. » On referme le recueil dans la conscience que le poète traduit du silence. « Voici que les voix / S’en retournent vers le silence. » On referme le recueil dans l’espoir d’y revenir. Voilà bien toute la force d’un rite.

Rites et naissances, poésie de Thibault Biscarrat, ed. Le nouvel Athanor, 68 pages, 17€