1900 : bilan de l'exposition
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Durant ces dernières semaines nous avons découvert ou redécouvert l’Exposition Universelle organisée à Paris en 1900. Bien que nous ayons abordé plusieurs thèmes (l’organisation de l’événement, la visite du site, les moyens de transports et la description des attractions les plus emblématiques) tous les sujets n’ont pu être développés tant il y aurait de choses à dire. En effet, nous aurions pu faire la description des centaines de pavillons, bâtiments ou halls d’expositions érigés pour la circonstance et qui arboraient chacun une architecture et une décoration propre et originale, nous aurions également pu faire un focus sur l’essor de la publicité et comment les industriels ont utilisé cet événement à leur compte enfin, nous aurions pu nous arrêter plus en détail sur les objets ou produits exposés, mais il faut bien s’arrêter un jour c’est pourquoi, afin de ne pas vous lasser, chers lecteurs, nous avons décidé de faire le bilan de cette exposition.
Dès les prémisses de l’organisation de l’Exposition Universelle de 1900, il était annoncé que cette édition serait spectaculaire et éblouissante afin de souligner le tournant du siècle passé et l’entrée dans le nouveau. Le monde entier avait rendez-vous à Paris pour ce grand événement, et le monde entier a répondu à l’invitation. Effectivement, en 212 jours d’ouverture au public (du 15 avril au 12 novembre 1900), dans une France qui ne compte alors que 41 millions d’habitants, 51 millions de visiteurs participent au succès populaire de la manifestation dont on fait la publicité partout en France ; 102 millions de voyageurs seront enregistrés dans les gares parisiennes. Un jeune visiteur, Paul Morand, écrira dans ses mémoires la phrase suivante : « L’Exposition de 1900 ne fut pas seulement un succès, mais un bienfait ; les trains militaires s’étaient changés en trains de plaisir, le pays avait regardé passer des wagons pleins d’Irakiens, de Musulmans, de Vénézuéliens… On avait fait connaissance. Jamais Paris n’avait été aussi beau ».
Comme nous venons de le voir, des millions de visiteurs se sont pressés sur les sites de l’Exposition Universelle pour se distraire grâce aux attractions ou aux spectacles proposés, mais aussi pour découvrir les 80.000 objets ou produits présentés par plus de 83.000 exposants (dont 45.000 étrangers de 43 pays différents). Cependant, les exposants ne sont pas là que pour exposer des objets. En effet, tout au long de l’exposition des concours sont organisés afin de répondre afin de mettre à l’honneur les objets et le produits exposés et à l’issu desquels des prix sont décernés. Tous les exposants peuvent participer, hormis ceux ayant acceptés les fonctions de juré soit comme titulaire, soit comme suppléant. Afin d’attribuer les récompenses, un jury international, comportant 3 degrés de juridiction, est composé parmi les exposants présents sur l’Exposition. Le jury de classe est chargé de juger et classer les produits (en tout 18 groupes de produits ou d’objets, eux-mêmes divisés en 121 classes, seront formés), le jury de groupe attribue les récompenses et le jury supérieur se charge de trancher les litiges et les oublis. Sachant que les jurys supérieurs et de groupe sont nommés parmi les membres les plus influents et prestigieux du Jury de classe ; le nombre des membres du jury de classe est de 1819 auquel nous ajoutons les 516 suppléants et 403 experts qui furent appelés pour aider le jury de classe. Chaque récompense est décernée sous forme de diplômes, signés par le Ministre du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes et par le Commissaire général, selon cinq catégories : Diplômes de Grand Prix, de médaille d’or, de médaille d’argent, de médaille de bronze et de mention honorable. Au total, 45 905 décorations sont attribuées, dont 3156 Grands Prix. La France et ses colonies reçoit 23 619 décorations.
En outre, des Concours Internationaux d'Exercices physiques et de Sports sont organisés. Dès l’annonce de l’organisation de ces concours, le baron Pierre de Coubertin (1863-1937 ; historien et pédagogue français, il a particulièrement milité pour l'introduction du sport dans les établissements scolaires français. Il est le rénovateur des Jeux olympiques de l'ère moderne en 1894 et fonde le Comité international olympique, dont il est le président de 1896 à 1925) tente de les faire admettre comme Jeux olympiques. Son acharnement sera récompensé puisque les Concours internationaux sont reconnus comme Jeux olympiques au printemps 1899. Mais, ni les affiches, ni le programme, ni les médailles de l'exposition ne présentent les Concours internationaux comme olympiques. Pourtant, depuis 1920 le mouvement olympique revendique comme Jeux olympiques ces concours organisés, financés, arbitrés et récompensés par le seul Comité de l'Exposition. Selon le CIO, 997 athlètes de 24 nations se sont affrontés dans 90 épreuves pour 19 sports différents : l’athlétisme, l’aviron, le cricket, le croquet, le cyclisme, l’escrime, le football, le golf, la gymnastique, la natation, la pelote basque, le polo, le rugby à XV, l’équitation, le tennis, le tir, le tir à l’arc, la voile ou le water-polo. Les compétitions sont réparties sur cinq mois par les organisateurs de l’Exposition universelle et se déroulent, pour la plupart, au Bois de Vincennes, site initialement choisi afin de développer l’Est parisien. En effet, seules un tiers des épreuves seront disputées sur d’autres sites afin d’éviter des dépenses excessives et pour faire face au nombre important de compétitions sportives. Certaines épreuves sont scolaires, purement franco-françaises où mettent au programme des disciplines assez inattendues comme certaines courses avec obstacles divers ou encore comme la pêche à la ligne, les boules lyonnaises et la pétanque, le tir de canon, le combat de feu, le football américain, le baseball, le football gaélique, le hurling, le sauvetage (manœuvres de pompes à incendie, sauvetage sur l'eau, premiers secours aux blessés civils et militaires), le motonautisme, la course automobile, le jeu de paume, la longue paume, les courses de ballon, le tir à la corde et enfin, les épreuves de cerf-volant, de pigeon voyageur (colombophilie) ou de tir aux pigeons. Quatre concours ne sont pas organisés faute de participants : le hockey sur gazon, la crosse, la balle au tamis et la courte paume. Au total, se sont plus de 17.000 sportifs qui s’affronteront.
Cependant, malgré l’enthousiasme populaire, l’Exposition Universelle sera entachée par quelques scandales d’ordre financier. Les Parisiens sont les premières victimes du gouffre financier que représente l’organisation d’un tel événement pour une ville. En effet, ceux ayant achetés des actions vendues par la ville de Paris pour financer les projets démesurés qui font la renommée de cette édition de 1900 n’ont pas été remboursés de leur investissement et ont même perdu de l’argent. D'autre part, les concessionnaires ont éprouvés des difficultés à payer leur loyer car ils reçoivent moins de clients que prévu à cause certainement du prix exorbitant d’un repas ou du billet d’entrée, ce qui freine l’afflux de visiteurs. C’est pourquoi, après s’être mis en grève (conduisant à la fermeture d’une grande partie de l’Exposition), le Commissariat général décide de leur accorder un remboursement fractionné des loyers payés. D'après certains spécialiste, l’Exposition aurait perdu un total de 82.000 francs après six mois de fonctionnement tandis que d’autre disent qu’elle fait un bénéfice de 7.000.000 de francs. Pour autant, les difficultés financières sont avérées et constatées par les autorités françaises c’est pourquoi, il sera décidé de mettre fin à la série de foires internationales à Paris.
Pour autant, malgré les scandales financiers les grèves et les fréquents changements de gouvernement qui précédent la fin du siècle, l’Exposition Universelle de 1900 reste, encore aujourd'hui, la plus grande Exposition Universelle jamais organisée en France. En effet, dans le souvenir de tous, elle représente un moment de grâce, le symbole même de la Belle Epoque où le sens littéral d’universel est respecté. Effectivement, cette exposition a abordé tous les sujets et toutes les nations pouvaient être représentées. Et, bien qu’éphémère, elle a profondément marqué le paysage parisien en nous léguant quelques monuments qui font aujourd'hui la fierté des parisiens et la spécificité de la capitale : le Grand et le Petit Palais, le Pont Alexandre III, les gares ferroviaires (Orsay, les Invalides, la gare de Lyon), et, bien évidemment, la première ligne de métro (Porte de Vincennes / Porte Maillot).
Depuis la création du Bureau international des expositions (BIE) en 1928, les Expositions Universelles sont organisées tous les cinq ans, durent six mois et visent à trouver des solutions aux grands défis contemporains. En effet, si à la fin du XIXème siècle/début du XXème siècle le but des Expositions Universelles était de mettre en avant le progrès industriel et le prestige national, aujourd'hui elles ont pour but « d'éduquer le public, de partager l'innovation, de promouvoir le progrès et d'encourager la coopération ». La prochaine édition se déroulera à Dubaï du 20 octobre 2020 au 10 avril 2021 et aura pour thème « Connecter les Esprits, Construire le Futur ». Par ailleurs, Paris s’était portée candidate en novembre 2016 pour recevoir l’édition de 2025 afin de poursuivre la dynamique d’organisation de grands événement internationaux, après avoir obtenu l’organisation de la coupe du monde de rugby en 2023 et des Jeux olympiques d’été en 2024. Pour autant, le 20 janvier dernier, le premier ministre, Edouard Philippe, annonce le retrait de la candidature de la France en évoquant des raisons financières. En effet, celui-ci pointe du doigt trois problèmes : des « faiblesses structurelles » dans le modèle économique, une hypothèse de fréquentation (35 à 40 millions de visiteurs) jugée trop optimiste, et un manque de partenaires privés prêts à « s’exposer significativement [au] risque commercial de l’exposition ». Après cette annonce, ExpoFrance 2025 (comité d’organisation de l’Exposition Universelle 2025 en France) critique et dénonce l’incapacité l'État à tenir ses engagements sur la livraison du Grand Paris Express, en particulier sa ligne 18, dont la réalisation était inscrite dans le dossier de candidature déposé par le président de la République. En effet, cette ligne a pour vocation, notamment, de desservir le pôle technologique et scientifique Paris-Saclay et l'université Paris-Saclay (au sud de Paris), dont le site avait été choisi pour accueillir l’Exposition Universelle de 2025. Restent en lice désormais pour 2025 la Russie avec Ekaterinbourg, l’Azerbaïdjan et sa capitale Bakou, et le Japon, dont la ville-candidate, Osaka, est désormais la favorite. La réponse est attendue pour novembre 2018.