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Engagez-vous ! Que disait l'abbé Grosjean…

Engagez-vous ! Que disait l'abbé Grosjean…

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Que peuvent bien donner comme fruits le charisme et l’immense influence sur nos générations des trois derniers papes qui se sont succédé – Jean-Paul II, Benoît XVI et François – ? Réponse : l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, par exemple. Après un premier ouvrage réussi, Aimer en vérité, à conseiller à tous les adolescents, et aux adultes aussi, où l’abbé Grosjean livrait aux jeunes sa vision d’un amour humain exigeant où Eros et Agapé s’équilibrent, notre jeune prêtre récidive avec succès, dans ce second opus intitulé Catholiques, engageons-nous ! aux ambitions plus politiques. Avalé d’un trait, ce livre est construit comme une démonstration stimulante que « le chrétien n’est pas du monde, mais bien dans le monde » pour y jouer un rôle-clé. L’assumer pleinement et répondre ainsi à la douce injonction de Jean-Paul II en 1980, « N’ayez pas peur », et à l’invite paternelle de Benoît XVI, « Soyez des témoins décomplexés », lancée lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid en 2011.

Dans un monde occidental sécularisé et déchristianisé, l’Abbé Grosjean choisit de contextualiser son propos à la France. Il nous prévient d’emblée sur le fait que les chrétiens y sont devenus minoritaires, chose que nous avions bien perçue, qu’il faut « quitter toute tiédeur » et revêtir, derechef, les habits du missionnaire. Lucidement, il constate que la France est devenue une terre de mission. Sans manières, l’ancien chef scout nous exhorte à quitter la prostration et la nostalgie d’un monde qui n’est plus, à renverser la table du « à quoi bon ? » bernanosien, à quitter résolument le confort d’une vie tranquille, pour offrir, donner son existence, « sans compter, sans chercher le repos, sans souci des blessures ». Saint Ignace et le Père Sevin, fondateur du scoutisme français catholique, planent et veillent sur nous pendant notre lecture des 186 pages !

La langue de bois, il ne connaît pas. La sphère privée pour pratiquer la religion catholique, en toute discrétion et dans la repentance imposée, cela ne l’intéresse pas : « Certains hurleront « laïcité, laïcité » ? Et alors ? L’Etat est laïc, la société ne l’est pas ». Il affirme tout de go : « Nous ne sommes pas adeptes du secret, comme les francs-maçons. Nos œuvres n’ont rien à craindre de la lumière, contrairement aux leurs, dont je connais bien la nocivité ». Notre curé médiatique qui fréquente régulièrement, et courageusement, les plateaux de télévision, prend des risques en nommant l’ennemi. Mais il n’est pas du genre à s’en laisser compter, lui qui fut menacé de mort pendant les manifestations contre « le mariage pour tous » en 2013. Il poursuit ainsi : « Les jeunes chrétiens n’ont pas fini d’étonner ce vieux monde, ni de faire trembler les puissants. Ils sont ces veilleurs, paisibles mais résistants, véritable digue humaine, silencieuse et solide, face à la vague libertaire ».

La tiédeur, il ne la veut ni pour lui, ni pour le peuple chrétien. Il pointe encore « Notre monde de consensus qui n’aime pas la radicalité jugée suspecte ». Et s’insurge contre le modus vivendi qui consiste à « ne pas être trop chrétien », pour être compatible et se fondre dans l’indifférenciation exigée à tous les étages, public ou privé, de notre société.

« Les minorités créatives déterminent l’avenir », ce credo, il l’emprunte à Benoît XVI et nous l’offre comme une belle promesse. Il croit au dialogue avec nos contradicteurs et contempteurs, persuadé qu’en connaissant nos interlocuteurs ou opposants, respect et enrichissement mutuel pourront émerger : « pour aimer, il faut connaître ». Le catholique, dont la société attend quelque chose de l’ordre de l’exemplarité, de la charité profonde, preuve de la vitalité bien réelle des valeurs chrétiennes, se doit, pour notre auteur, de ne pas critiquer, ne pas être frileux, de chercher à connaître, être curieux des autres, comprendre, manifester sa joie de vivre. Citant Hadjadj –dont nous commenterons prochainement le Résurrection, mode d’emploi- : « La foi en Dieu implique la foi en l’aubaine d’être né dans un siècle et au milieu d’une telle perdition […] il faut tenir notre poste et être certains que nous ne pouvions pas mieux tomber », il nous ôte ipso facto ce poids du regret d’une meilleure époque, irrémédiablement révolue, pour nous ancrer dans la réalité de notre mission aujourd’hui.

Ainsi allégés, nous sommes propulsés vers l’avant par notre curé qui ne nous donne plus que le choix de devenir apôtre. Tous azimuts, ou plutôt là où nos talents et nos sensibilités peuvent pleinement s’exprimer. « Quitter le balcon » pour « aller aux périphéries », dénués de complexes, pour conquérir ou reconquérir les espaces trop souvent délaissés ces dernières décennies : les médias, dont la télévision, le champ politique local et national, les hautes fonctions publiques, les postes clés de l’administration, les responsabilités managériales dans le secteur privé… Dans le but, nous y sommes, de former « une élite chrétienne » visible, assumée, destinée aux responsabilités du pouvoir et à la conduite de la société. Afin de contribuer « au grand retournement de l’opinion » qu’évoque Ivan Rioufol dans La guerre civile qui vient. Afin de reconstruire ce qui a été méthodiquement déconstruit par la révolution libérale-libertaire de ces cinquante dernières années. Catholiques, engageons-nous ! Merci Monsieur l’Abbé !


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