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Lettre aux corps médical, doctoral et professoral

Lettre aux corps médical, doctoral et professoral

Par  

(à l'exclusion des personnels soignant, lavant, nettoyant, surveillant, enseignant, éduquant, qui font tout ce qu'ils peuvent sans doute sans y rien comprendre souvent)

 

L'image du médecin habile et attentif dont les malades singuliers attendent leur guérison est peu à peu occultée par celle d'un agent exécutant les consignes d'un appareil d'Etat, chargé de veiller au respect du droit à la santé que revendique chaque citoyen, en réplique aux devoirs que la collectivité déclare assumer pour le bien de tous.

 

                                                        Canguilhem, 1978.

 

              A qui douterait encore du pouvoir effectif de ce qu'on appelle la médecine, il faut résolument montrer l'état dans lequel se trouve l'humanité, après bientôt deux mois de gouvernement médical – s'il est vrai (du moins l'ont-ils laissé croire) que des médecins ont réellement prescrit (ordonné) à la plupart des gouvernements de la planète de prendre les dispositions qui nous ont conduits là, dans l'état où nous sommes, ce 11 mai 2020. C'est bien pourquoi, médecins, docteurs, professeurs des diverses écoles actuellement encore en état de délivrer un quelconque savoir sur cette terre, c'est vers vous que nous nous tournons à présent, c'est à vous que nous nous adressons, comme aux seuls responsables, plutôt que de nous adresser à ceux qu'il n'est plus question de regarder autrement que comme des marionnettes, jouant un rôle un peu gras mais ingrat sur la scène du monde. Vous savez, en effet, on l'aura assez souligné, alors que les politiques, eux, ne savent pas. Vous êtes, vous, « ceux qui savent » – ceux qui, sachant très bien ce qu'ils font, n'auront pourtant aucun compte à rendre à personne, si ce n'est à leur conscience, s'ils en ont une. L'état dans lequel nous sommes aujourd'hui est l'expression, le résultat, le produit de votre action, de votre pouvoir, de votre capacité d'intervention. Il est normal que ce soit à vous, « la première ligne », qu'on pose dès maintenant des questions. Il ne serait pas normal qu'on laissât les seuls imbéciles actuellement en poste assumer des décisions que vous leur avez fait prendre, des décisions qui, du fait de la caution scientifique que vous leur apportiez, n'engageaient précisément pas leur responsabilité.

              Ce que nous vous demanderons, en premier lieu, ce n'est certes pas de nous dire combien de personnes exactement, en fin de compte, seront mortes des suites de cette grippe durant la période de votre gouvernement – chiffre auquel s'accroche désespérément, comme à la barre de son gouvernail depuis longtemps brisé par la tempête un naufragé, cette équipe de communiquants qui nous dirige et qu'on ne sait vraiment pas, encore une fois, où on est allé recruter. Car ce chiffre, ou ce nombre, n'a de valeur que relative, même dans la perspective du classement qu'on commence à effectuer entre tous les pays du monde (en compensation, sans doute, de tous les championnats et tournois que cette crise aura – c'est son moindre mérite – fait annuler). Tout au plus nous permettra-t-il d'établir avec certitude qu'on meurt aussi bien, sinon mieux, dans les pays les plus médicalisés que dans les pays plus ou moins dépourvus de système sanitaire. Il ne prendra tout son sens – s'il en a un – que quand, de cette crise qui est sociétale bien plus que sanitaire, sera sorti cet ordre nouveau mystérieux qu'on nous fait entrevoir depuis si longtemps – augustum saeculum – dans lequel tout devrait être restauré sur ses bases éternelles, réinventé, refondé, etc., etc. Il se révélera alors peut-être dérisoire, au regard d'une population mondiale secouée de tous autres fléaux, à qui il faudrait administrer de bien autres remèdes que ceux dont dispose un gouvernement mondial (imaginaire) dépourvu de toute compétence comme de toute légitimité. Car combien d'hommes et de femmes auront continué de mourir de la faim, de la guerre, de l'injustice et de l'exploitation brutale des choses et des êtres, pendant ce temps où l'on comptait si minutieusement vos morts, ces patients plus ou moins bien traités, soignés, informés par vos services, médecins ?

              Non, ce que nous vous demanderons n'a rien à voir avec cette comptabilité morbide. Nous nous moquons bien de savoir combien de vrais gens vous avez pu sauver de votre « covid 19 », intubés ou pas (ou même combien sont morts grâce à vos soins, dans l'inconscience la plus totale de ce qui leur arrivait). Nous nous fichons exactement de connaître le nombre de ceux qui, sans vous, seraient peut-être morts plus tranquillement dans leur lit, entourés de l'affection humaine, si ce n'est efficace, des leurs, en souriant ou sans sourire, mais à des visages humains, découverts si ce n'est ouverts, non affublés en tout cas de vos combinaisons de cosmonautes. Nous nous foutons très proprement de vos exploits guerriers ou sportifs de démineurs ou de demis de mêlée comme de vos raisonnements d'apothicaires. Vous avez obtenu assez d'applaudissements des foules en mal de spectacles sportifs, vous avez obtenu vos augmentations d'honoraires, c'est bien assez. Ce que nous vous demandons nous concerne bien plus, nous, à qui on confie généreusement la responsabilité, collective, de « réussir » ce « déconfinement, c'est-à-dire de sortir, en ordre de bataille, en rangs d'oignons, de la panade dans laquelle vous avez mis le pays.

              Nous voulons savoir, d'abord, si vous vous rendez compte que vous venez de fournir à ceux qui, depuis des années, rêvaient et rêvent sans cesse d'en finir avec la plus élémentaire liberté, celle de vivre, un argument d'une efficacité aussi insidieuse que pernicieuse, exactement un pur moyen de propagande. Sans doute n'est-ce pas nouveau. Tout le monde avait compris, depuis longtemps, que le discours médical (comme tous les discours compétents, d'experts) servait couramment dans des opérations de conditionnement, visant à orienter les comportements dans le sens d'une certaine normalisation sociale. Exemple caricatural : le tabac, qui « tue », avez-vous laissé dire, chaque jour tel nombre de personnes dont le traitement a d'abord « coûté » telle somme à la collectivité (souvenez-vous, c'est encore écrit sur les paquets, avec photo porno à l'appui : « 90% des cancers du poumon sont provoqués par la fumée du tabac »!). Argument idéalement propre à occulter le caractère globalement pathogène d'une société où tout ensemble le mal-vivre, la contrainte au travail et la pollution sont les corollaires d'une conduite peut-être vicieuse ou perverse mais évidemment liée à une forme de détraquement généralisé des rythmes biologiques. Quel médecin aura-t-on jamais entendu dire sur les ondes que ce n'est nullement le tabac qui tue, mais tout un ensemble de causes générales par rapport auxquelles l'acte de fumer constitue une forme parmi d'autres de compensation artificiellement régulatrice ? Discours qui, seul, eût pu être qualifié de scientifique. Exemple peu opportun, direz-vous ? Nous n'y pensons que parce que quelques-uns des vôtres, parmi les moins malins, peut-être, ont récemment éprouvé le besoin de diffuser la rumeur d'une possible moindre exposition des fumeurs au « risque viral du covid 19 », provoquant aussitôt cette mise au point péremptoire de l'irrésistible Salomon au cours de sa quotidienne litanie cadavérique : « Nous tenons à préciser que le tabac reste le tueur numéro 1 dans notre pays, loin devant le covid 19 » (mais à égalité, peut-être, avec l'automobilisme ?). Précision bien réconfortante, assurément, s'il fallait en déduire que pour 25 000 morts du virus couronné, chaque jour, il fallait implicitement compter 50 000 morts du cancer du poumon. Mais que fait donc la police ?

              S'agissant du mal présent, qu'avez-vous dit, laissé dire ? Tant de choses si contradictoires d'abord qu'il ne faut pas bientôt vous étonner si plus personne ne réussit, même en se forçant, à croire que vous savez réellement de quoi vous parlez. En admettant que vous ayez bien vu, de vos « gros yeux », comme disait Bloy, le virus, avec toute sa virulence et sa perversité, comme une chose palpable, un bon gros étant-là-devant-qui-fait-du-mal-à-tous-ceux-qu'il-touche, quand, où, comment auriez-vous pu en déduire qu'il représentait un danger tel pour l'humanité tout entière qu'il fallait au plus vite procéder aux mesures les plus extrêmes de restriction de liberté, si cela ne vous avait été dicté par un Etat que tout le monde connaît pour être l'un des deux ou trois Etats le plus totalitaires qu'on ait jamais vus dans l'histoire, à savoir l'Etat chinois ?

              Oui, sans prendre le moindre temps pour réfléchir, comme un seul homme, tous les médecins de la planète ont embrayé sur la base des informations fournies par le pays le plus manipulateur du monde et ont relayé sa propagande de façon à paralyser complètement la quasi-totalité des activités économiques, en sorte qu'aujourd'hui la moitié des entreprises occidentales se trouvent au bord de la faillite et que les Etats, qui depuis des années, s'efforçaient, soi disant, d'assainir leurs finances, se trouvent avoir centuplé leurs dépenses publiques, au risque de provoquer, dans les mois qui viennent, la crise financière la plus spectaculaire qu'on ait vue depuis 1929. Nous nous en moquons tout autant, d'ailleurs, parce que nous sommes aussi impies en économie qu'en médecine, mais c'est pour dire : de quoi donc est fait votre savoir ? Comme par un pur effet de contagion mentale, tous les systèmes de santé du monde, principalement occidentaux, se sont littéralement obnubilés, diffusant une panique qui, en quelques jours, a transformé l'espace de vie de près de 3 milliards d'humains en une gigantesque résidence surveillée où les enfants en bas âge étaient tenus en laisse, cependant que les vieillards, tombant comme des mouches, mouraient sans avoir droit au regard affectueux de leurs proches. Etait-ce donc la peste ? Vous n'en saviez rien, à vrai dire. Vous aviez peur, seulement, et vous avez communiqué votre peur aux irresponsables qui nous gouvernent comme à tous ceux qui ne vous écoutaient que parce que, déjà, ils avaient peur, habitués qu'ils ont toujours été par vos soins à ne vivre que de peur, à croire que tout ce qui circule sans avoir été, d'une manière ou d'une autre, homologué constitue un risque. Sans doute éduquez-vous ainsi vos enfants : si tu ne sais pas ce que c'est, tue-le ou fuis. Ainsi en tout cas prétendez-vous gouverner la vie, à coups de statistiques et de vaccins. Car un vaccin, n'est-ce pas, c'est un ami sûr, puisque c'est nous qu'on le produit.

              Mais nous vous le demandons : que savez-vous, exactement, de la santé et de la vie ? Que savez-vous de ce qui fait d'une bactérie, d'un microbe ou d'un virus un ami ou un ennemi ? Le sauriez-vous par hasard mieux que votre propre corps ? Il y a longtemps que nous avons cessé de manger les fromages que, sur la recommandation des services de l'hygiène allemande ou américaine, vous avez fait produire avec du lait stérilisé pour le faire fermenter sous cloche. Nous ne mangeons plus non plus de vos viandes sous cellophane et de vos œufs en poudre. Nous ne mangeons plus que ce que nous avons vu courir sur ses quatre pattes en batifolant dans les prés. Nous ne voulons plus rien de ce que vous avez pu homologuer, tests, gants, masques ou chapeaux pointus. Quant à être malades, nous savons bien ce que cela veut dire par nous-mêmes quand par hasard il nous arrive de guérir sans votre intervention, sans que votre intervention ait pu occulter (ou fausser) nos raisons de vivre, et tout d'un coup nous comprenons que cela n'a rien à voir avec vos tubes et vos sanies, que c'est, réellement, une affaire de vivants.

              Mais ce qui vous rassure, vous, c'est quand vous pouvez homologuer une maladie, en faire votre affaire, votre produit, le même pour tous et tous pour le même, avec le même traitement et la même traduction en langue de sable. Vous ne pouvez savoir autre chose que ce que vous produisez, parce que vous avez besoin de l'illusion de pouvoir agir sur tout le monde en même temps. Et de fait, en véhiculant votre idée d'un virus, le même pour tous qui se répand comme une nappe d'huile à travers tous nos gestes, tous nos contacts –  pourquoi pas nos paroles ? Si vous le pouviez, vous prescririez aussi des paroles-barrières, vous proscririez certains mots dangereux, qui rendent malades et qui font mourir, non seulement ceux qui les entendent, mais ceux qui les disent, que dis-je : ceux qui les pensent ! –, de fait, vous atteignez en ceux qui vous écoutent le point névralgique qui fait de tout un peuple un même animal-automate capable de réduire tout son système de vie à deux valeurs, bon-pas bon, gentil-pas gentil, etc : la peur.

              Or, nous savons, nous autres, parce que nous sommes vivants, que le virus n'est pas le même pour tous. Le virus est, comme la vie, comme l'amour, une force subtile que n'apprivoise pas qui veut. C'est un vivant avec qui il faut vivre. Nous ne le savons pas comme vous, comme vous voulez qu'on sache tout, sur ordre et commandement d'une science indéfiniment reproductible. Nous le savons d'une toute autre science, qui nous appartient comme nous appartenons au monde, et qui jamais ne se répète grossièrement. Nous le savons par sympathie. Cela vous fait rire ?

 

              Alors, écoutez-nous, à présent, médecins, docteurs, professeurs en toutes sciences et matières. Car il ne s'agit plus, vous l'aurez compris si vous n'êtes pas aussi débiles que vous en avez l'air, de vous interroger. Il est question maintenant de vous avertir. Ce que vous avez fait, par votre inélégante intervention dans le domaine public, va à présent produire l'effet exactement inverse de celui que vous aviez calculé. Vous avez pourtant réussi à faire entrer dans la législation française le principe le plus étranger au droit qui se puisse imaginer, le virus sanitaire. Vous avez obtenu qu'au moindre cri d'un médecin ou d'un bonze, on pourra décréter un état d'urgence qui justifiera par avance toutes les intrusions du pouvoir le plus indiscret dans la vie quotidienne et intime de chacun, cependant que les rues, les places, les gares et les jardins publics seront constamment arrosés de gel hydro-alcoolique et de savon et surveillés par des caméras-video à reconnaissance faciale. Très bien. Vous avez obtenu aussi qu'au moindre soupçon de fièvre ou de colique, toute une population sera contrainte à porter le même masque blanc que tout ce qui entoure vos rituels, obligée de se soumettre à vos précautions de distanciation magique et maniaque, forcée de se connecter journellement à vos écrans de bienveillance. 

              Mais deux choses, à l'inverse,  se seront aussi produites que, dans votre inconscience de scientifiques, vous ne pouviez évidemment imaginer. La première, c'est que, derrière les masques que vous aurez fait rendre obligatoires, se cachera désormais quelqu'un dont vous ne saurez jamais plus qui il est : ami ou ennemi. Vous aurez sous les yeux, constamment déguisée par vos soins, une masse informe, vague, amorphe et gélatineuse, que vous pourrez tant que vous voudrez ausculter, scruter, tester, manipuler – elle ne cessera de se plier à vos souhaits morbides, elle vous jouera sans fin la comédie du malade imaginaire et sera, jusqu'à la fin des temps, votre cauchemar sanitaire. Médecins, soignez-vous donc vous-mêmes : les masses auxquelles vous avez inoculé votre virus vont vous faire vivre l'enfer d'une urgence constamment reprogrammée.

              Et d'autre part – ailleurs –, là où vos stéthoscopes, vos sondes et vos sondages  n'atteindront jamais, une forme nouvelle de résistance aura pris racine dans le maquis de nos vies. Car nous venons d'apprendre (ou de réapprendre), grâce à vous quoique malgré vous, que nous n'avions pas tant besoin que cela de vous et de vos services, que nous avions besoin, surtout, qu'on nous laisse vivre selon un rythme qui nous est aussi propre que l'est, pour chaque être vivant, la position qu'il occupe par rapport au soleil. C'est pourquoi nos enfants ne reviendront pas dans vos écoles et dans vos salles d'attente, nos femmes ne reviendront pas dans vos officines et dans vos bordels, nos hommes ne reviendront pas remplir vos stades et vos usines. Nous retournons chez nous, au pays, là où nous aimons vivre, là où nous savons vivre. Nous reprenons notre vieux chemin d'humanité. Nous reprenons position sur la terre.

              Vous pouvez nous y suivre, si vous voulez bien réapprendre votre art et votre amour de vivre, médecins, et désapprendre votre science, votre peur de mourir. Votre science ? Non pas, car vous ne savez rien, au sens vrai d'un terme que vous n'avez su que dévoyer. Ce n'est pas à la science que vous avez à renoncer, mais au pouvoir, à ce pouvoir bien précis que vous confère, abusivement, la possibilité de reproduire, en toutes circonstances, les mêmes processus que vous avez pu, par des moyens techniques, isoler de leur contexte pour les faire entrer de force dans des organismes préalablement conditionnés par vos soins à se laisser ainsi traiter. Cela, au lieu de faire ce qu'une science digne de ce nom vous aurait conseillé – vous conseille depuis des siècles : de vous tenir en retrait devant ce que vous ne comprenez pas, la vie, la mort. Car il n'est de plus grande dignité pour un médecin que de savoir s'arrêter quand il ne peut plus aller dans le sens de la vie. Retirez-vous donc, médecins, docteurs, professeurs de ce qui ne s'enseigne pas, du bazar dans lequel on vous fera de plus en plus systématiquement porter le chapeau de l'incompétence auto-proclamée. L'intelligence est de se retirer du mal.

 

 

                                  Egletons, le 11 mai 2020, jour de la déconfiture générale.


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