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Être citoyen dans l'Athènes antique

Être citoyen dans l'Athènes antique

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Stèle représentant le Démos couronné par la DémocratieA Athènes, l'exercice de la politeia au sens de "vie de la cité" est l'affaire de tous pour autant, l'exercice des droits politiques est réservée aux seuls citoyens.

La citoyenneté se définit principalement par l'origine : on naît citoyen. Toutefois, elle s'acquiert par étapes et fait l'objet de contrôles. Tout d’abord, vers l'âge de quatre ou cinq ans, tout enfant mâle susceptible d'être un jour citoyen est d'abord présenté à la phratrie (structure héritée de la période pré-démocratique représentant un groupement de familles). A l'occasion de cette cérémonie, l'enfant reçoit une triple reconnaissance car son père lui transmet publiquement ses futurs droits en termes privés (héritage), civils (appartenance à un dème et à une phratrie) et civiques (la cité l'accueille comme un futur membre du peuple citoyen). Puis, à l'âge de 18 ans, le jeune homme est inscrit sur le registre de son dème par l'assemblée des démotes qui se réunit une fois par an pour vérifier et valider les droits à la citoyenneté de tous les jeunes garçons ayant atteint l'âge requis dans l'année. La vérification porte sur deux points : l'âge du nouveau citoyen et son appartenance à une famille lui donnant droit à la citoyenneté. De plus, après l'enregistrement sur les registres et pour éviter toute fraude ou tentative de corruption à l'intérieur des dèmes, les nouveaux citoyens de toutes les tribus doivent se présenter au Bouleuterion devant le Conseil des Cinq-Cents qui vérifie de nouveau leurs droits à la citoyenneté au cours d'un examen appelé la dokimasie. Cependant, à ce stade, les nouveaux citoyens ne jouissent pas encore de tous leurs droits. Il leur faut encore accomplir une période d'initiation civique à caractère essentiellement militaire, l'éphébie, à l'issue de laquelle ils seront complètement citoyens et le resteront à vie, sauf en cas d'atimie (perte de droits civiques). L'éphébie est avant tout une période de formation durant laquelle le jeune éphèbe est tenu à l'écart de sa famille. L'entrée dans l'éphébie est marquée par deux évènements : la prononciation d’un serment solennel devant l'Ecclésia par tous les futurs citoyens puis, au cours d’une formation religieuse, ils sont invités à honorer les différents sanctuaires de la cité. Pendant la première année, les jeunes hommes effectuent une tournée des grands sanctuaires puis, deux instructeurs nommés par le peuple, les forment au maniement des armes ; les entraînements se déroulent en dehors des murs de la ville dans des camps militaires situés aux frontières de la cité, en bord de mer ou aux confins de la Béotie. Sans atteindre le caractère extrême de l'éducation spartiate, cette période est néanmoins très dure, physiquement et moralement. Leur formation terminée, les éphèbes reçoivent un bouclier rond et une lance car ils restent mobilisés probablement pendant toute la deuxième année au cours de laquelle ils sont employés à des tâches militaires annexes telles que la garde des frontières. A la fin des deux années, le jeune éphèbe est affecté au groupe militaire représentant sa tribu : la taxis. Il reste mobilisable jusqu'à l'âge de 60 ans. Ce n'est qu'exceptionnellement, en cas de menace critique pour la survie de la cité, que les éphèbes peuvent être mobilisés et envoyés au combat. La liste des éphèbes de l'année est gravée sur une stèle de bronze dite « éponyme ». L'accès à la citoyenneté est donc placé sous une double identification éponymique : celle de la tribu du nouveau citoyen et celle de l'archonte-éponyme en fonction l'année de ses dix-huit ans. Cette double identification permet de tenir à jour un recensement de la population citoyenne qui facilite la mobilisation en cas de conflit militaire ou la nomination à certaines fonctions soumises à une limite d'âge. La quarante deuxième stèle, par exemple, sert au recrutement des arbitres judiciaires, obligatoirement âgés de plus de soixante ans.

Bien que le principal mode d'accès à la citoyenneté repose sur la naissance, le droit de cité peut être accordé à des hommes libres qui ne sont pas nés Athéniens. Cette faveur est octroyée plus ou moins généreusement en fonction des époques mais elle a toujours fait l'objet de la plus grande circonspection. En effet, cela s'explique par le fait que la démocratie athénienne redoute toujours un retour au régime de la tyrannie et par la volonté d'établir une communauté stable. De plus, l'octroi massif de la citoyenneté est considéré comme une des armes des « tyrans » pour asseoir leur pouvoir en s'appuyant sur les masses populaires face aux familles aristocratiques. C’est pourquoi, l’attribution du droit de cité à des étrangers ne peut être qu'exceptionnelle. Pourtant, en 507 av. J.-C., Clisthène offre la citoyenneté à de nombreux non-citoyens qu'il répartit dans les nouveaux dèmes et les nouvelles tribus, peut-être pour assurer le succès de son redécoupage et pour rompre définitivement avec l'ancienne organisation de type clanique. Plusieurs milliers d'hommes libres mais issus d'unions illégitimes, de métèques, d'étrangers et même d'esclaves sont ainsi naturalisés et deviennent membres de plein droit de l'Ecclésia dans laquelle on peut penser qu'ils constituent un des plus fermes soutiens du régime démocratique naissant. Entre 507 av. J.-C. et 450 av. J.-C., la prospérité, le rayonnement d'Athènes sur le monde et la législation souple de l’époque entraînent une croissance démographique naturelle causée par l'afflux de nombreux étrangers qui peuvent s'installer comme métèques pouvant prétendre à la citoyenneté, généralement par union avec une famille athénienne ; on atteint alors le nombre de 60 000 citoyens. C’est dans ce contexte que Périclès, en 451 av. J.-C., propose à l’Assemblée de durcir les conditions d'accès à la citoyenneté par la naissance. A partir de cette date, il faut donc avoir un père et une mère athéniens libres et, de surcroît, unis par un mariage légitime. Ceci exclut tous les candidats à la citoyenneté nés de l'union d'un père athénien avec une étrangère. Par ailleurs, la citoyenneté athénienne peut être attribuée à titre individuel à qui peut faire état de parentés susceptibles de lui ouvrir un tel droit ou en récompense de services rendus à la cité. Pour autant, les néo-citoyens ne jouissent pas de tous les droits d'un citoyen de naissance car ils ne peuvent exercer de magistrature ni de fonction religieuse à caractère civique.

La population à Athènes

La citoyenneté se définit donc par l'exclusion de nombre d'individus vivant dans les limites territoriales de la cité d'Athènes pourtant, cela ne signifie nullement que les non-citoyens ne jouissent d'aucun droit ou même qu'ils n'ont aucune activité politique, même s’ils n'ont aucun pouvoir de décision. On distingue quatre catégories :

Les femmes, tout d’abord, ne peuvent être citoyennes à Athènes parce qu'elles restent mineures toute leur vie. Avant leur mariage, elles sont soumises à l'autorité de leur père et, après celui-ci, à celle de leur mari. Elles doivent s’occuper des travaux d’intérieur et des jeunes enfants et elles vivent dans une pièce à part de la maison, le gynécée. Contrairement aux esclaves, elles jouent un rôle important dans la vie de la Cité car elles occupent une place éminente et parfois exclusive dans des manifestations religieuses à caractère politique. Par ailleurs, la loi de 451 av. J.-C. leur confère la parité avec leur mari dans la transmission de la citoyenneté.

Les mineurs, ensuite, ont le même statut que les femmes et, comme elles, ils ne sont pas tenus à l'écart de la vie de la Cité. Ils participent à des cérémonies religieuses à caractère civique dans lesquelles ils ont parfois une place prépondérante. C'est ainsi que l'entrée dans l'adolescence est marquée par une période de retraite au sanctuaire de Brauron. Les jeunes adolescents, aussi bien les jeunes garçons que les jeunes filles, mis à l'écart de leurs familles, sont pris en charge par la cité. Cette initiation revêt un double caractère religieux et civique. D'autres cérémonies telles que les Panathénées, donnent une place prépondérante aux jeunes gens, en particulier aux filles.

Puis viennent les métèques (ou étrangers libres). Comme les autres cités grecques, Athènes confère à tout étranger résidant en Attique depuis au moins un mois le statut de métèque (qui signifie « celui qui habite avec nous »), ce qui implique qu'il est « chez nous » mais n'est pas « comme nous ». Il vit, travaille, se marie, fait souche, réalise des affaires et éventuellement s'enrichit mais aucun de ces critères ne lui donne droit à la citoyenneté, bien qu’il soit inscrit dans un dème. Contrairement au citoyen, s'il change de résidence, il doit se faire enregistrer dans son nouveau dème. Le métèque n'a pas le droit d'épouser une Athénienne, doit acquitter une taxe spéciale de 12 drachmes par an pour avoir droit de cité et ne peut posséder de propriété agricole. La plupart des métèques sont donc des commerçants et des artisans. Beaucoup sont grecs mais il semble que la cité ait accueilli aussi quelques barbares (étrangers non grecs). Un métèque non barbare (c’est-à-dire grec) peut exceptionnellement accéder à la citoyenneté, cette mesure faisant l'objet d'un vote et d'un décret de l'Assemblée. Il peut aussi, en cas de délit, être banni ou vendu comme esclave.

Enfin, pour les Athéniens l'esclavage est "normal", il ne repose sur aucun critère ethnique ou racial et, avant l'ère chrétienne, on ne trouve aucun texte qui remette fondamentalement en question son principe. Il n'existe pas de cloison étanche entre la liberté et l'esclavage et on peut, par exemple, être libre et citoyen dans sa cité mais vendu dans une autre, à la suite de quelque infortune, parfois à quelques lieues de chez soi. On peut aussi être réduit en esclavage à la suite d'une condamnation en justice, pour dettes ou pour fraude. La servitude est donc un état « infra humain » dans lequel tout homme libre peut tomber un jour et dont tout esclave peut espérer sortir. Les esclaves n’ont aucun droit, ils sont considérés comme des objets. Ils ont la possibilité d’être affranchis mais ils ne deviennent pas pour autant citoyens ; ils prennent alors le statut de métèque.

La citoyenneté à Athènes est avant tout un privilège et les Athéniens y sont restés très attachés jusqu'à la défaite devant l'armée macédonienne. Les privilèges du statut de citoyen sont bien sûr d'abord d'ordre politique car ils sont les seuls à disposer collectivement de tous les pouvoirs, sur les plans exécutif, législatif et judiciaire mais ils sont aussi d’ordre économiques et juridiques. En effet, ils ont seuls le droit de participer au culte public, de siéger aux assemblées et d'y prendre la parole, de voter, d'être magistrat, de contracter un mariage légal et de posséder des propriétés foncières ; ce dernier privilège s'expliquant par l'histoire de la démocratie athénienne, héritière d'un passé aristocratique, où le régime considérait l'agriculture comme le seul travail digne d'un citoyen et où la vie de rentier était valorisée. Pour autant, les plus défavorisés ne sont pas laissés de côté. En effet, Périclès met en place deux indemnités leur permettant de participer activement à la vie de la cité. Il y a, d’une part, le misthos, sorte de salaire versé à tous ceux qui assistent aux réunion de l’Ecclésia et qui occupent les fonctions de bouleute et d'héliaste et, d’autre part, il y a le theorikon, qui est un fonds d'indemnité permettant aux plus défavorisés d'assister aux représentations théâtrales ou d'accéder aux sanctuaires lors des festivités religieuses et ainsi de participer aux célébrations à travers lesquelles la cité affirme son identité démocratique. Par ailleurs, la citoyenneté garantit une meilleure protection judiciaire car les citoyens ne peuvent ni être soumis à la « Question » (torture), ni être condamnés au supplice ou à une peine corporelle. Les seules peines qui peuvent leur être infligées sont donc l'amende, l'atimie, l'exil, et la mort par suicide forcé. A titre d’exemple, le meurtre d'un citoyen est passible de la peine de mort tandis que tuer un métèque ne peut entraîner que le bannissement et la mort d'un esclave ne donne lieu qu’à une simple amende.

La citoyenneté à Athènes confère des privilèges mais apporte aussi des obligations très contraignantes et bien plus prenantes que pour le citoyen moderne. En effet, un Athénien, tout au long de son existence, doit consacrer une grande partie de son temps à la vie politique. Il ne s'agit pas seulement de participer à des élections mais de gouverner effectivement et directement sa cité. Il faut assister aux séances de l'Ecclésia quatre fois par mois et, le Conseil des Cinq-Cents étant renouvelé tous les ans, chacun est assuré de devoir consacrer au moins une année de sa vie à siéger au Bouleuterion. De plus, la citoyenneté ne s'arrête pas au seul exercice des pouvoirs exécutifs et législatifs. Effectivement, le système judiciaire mis en place par la réforme de Clisthène est très lourd et chaque citoyen athénien a aussi le droit et le devoir de siéger comme juré au tribunal. Par ailleurs, la religion faisant partie de la vie de la Cité, les citoyens se trouvent parfois investis de droits et de devoirs religieux, chose difficile à comprendre pour nos sociétés dans lesquelles la religion appartient à la sphère privée. Par exemple, on peut être désigné prêtre, épistate ou archonte-roi à l'issue d'un tirage au sort.

Les citoyens ont aussi des obligations militaires. En effet, Athènes, quoique démocratique, n'en demeure pas moins une cité en armes et le citoyen doit toute sa vie à la défense de celle-ci d’ailleurs, le fait de mourir pour elle est considéré comme un honneur dans la Grèce antique. Cependant, contrairement au système qui prévaut dans les cités régies par une oligarchie militaire, comme Sparte, et mise à part la période initiatique de l'éphébie, la mobilisation n'est obligatoire qu'en temps de guerre. Ainsi, lorsque le citoyen athénien n’est pas en campagne il retrouve sa terre, sa famille et ses autres occupations. Pour autant, et bien que l’isonomie soit un des fondements de la démocratie athénienne, l'armée est largement inégalitaire car il faut payer soi-même son équipement pour se battre. La place des citoyens dans l'armée dépend donc de leurs moyens : les plus riches sont cavaliers et dirigent l'armée et, à partir de la guerre du Péloponnèse (431 av. J.-C à 404 av. J.-C.), ils doivent aussi équiper une trière (galère grecque) ; les citoyens qui ont moins de moyens peuvent être hoplites (fantassins) et les pauvres sont le plus souvent rameurs sur les trières. Il faut également noter que les citoyens ne sont pas les seuls à combattre, puisqu’au Ve siècle av. J.-C les métèques sont aussi mobilisables. D’ailleurs, des actes de bravoure reconnus valent à certains d'entre eux l'obtention de la citoyenneté. Hoplite grec

Enfin, les citoyens les plus riches ont des obligations financières. Ils doivent d’abord s’acquitter d’un impôt annuel sur le revenu, l’eisphora, qui touche l'ensemble des biens mobiliers (esclaves, objets de valeur, argent monnayé, etc.) et immobiliers (ateliers, terres, maisons, etc.), à l'exception de ceux dont ils sont locataires (concessions minières, fermes). En l'absence de cadastre et compte tenu de la parcellisation des propriétés, seul le propriétaire est réellement en mesure de dire ce qu'il possède. En conséquence, les contribuables doivent déclarer eux-mêmes la valeur de leurs biens, ce qui laisse la porte ouverte aux tentatives de fraude. Par ailleurs, la cité n'ayant pas de budget à proprement parler, les citoyens, mais également les riches métèques, sont mis directement à contribution pour engager toutes les dépenses publiques nécessaires, à des fins militaires, politiques ou religieuses, c’est ce que l’on appelle la liturgie. Il faut savoir qu’à l’origine ce terme n’a rien de religieux puisqu’il s’agit de financer certaines fonctions publiques sur des fonds privés mais les fonctions religieuses en étaient une part si importante que le terme a pris depuis un sens exclusivement religieux. Les deux principales liturgies sont la chorégie et la triérarchie, mais il existe aussi des liturgies moins prestigieuses (et sans doute moins onéreuses), telles que la gymnasiarchie, pour l'entretien des gymnases et le financement des concours athlétiques, ou l'estiasis qui couvre les frais de banquets. La chorégie consiste à organiser les chœurs des concours dramatiques et musicaux. Ainsi, chaque année, trois chorèges sont désignés par l’archonte-roi et l’archonte-éponymes pour qu’ils prennent en charge l'entretien du chœur, le recrutement des acteurs et les frais des représentations théâtrales. Par exemple, en 472 av. J.-C, Périclès est le chorège d'Eschyle, qui présente cette année-là une trilogie dans laquelle figure Les Perses. La triérarchie, quant à elle réservée uniquement aux citoyens, consiste, pour le triérarque nommé par les stratèges, à entretenir un navire de guerre appelé une trière. Athènes disposant de plusieurs centaines de trières, il y a sans doute autant de triérarques cependant, il semble que certains citoyens très riches ont pu assurer la même année l'entretien de plusieurs navires. La liturgie, véritable mécénat politique, est un honneur et elle confère un indéniable prestige au citoyen qui l'exerce. C’est pourquoi, celui-ci profite de l'occasion qui lui est offerte pour prodiguer ses largesses et se faire connaître et apprécier. A l'issue de leur liturgie, les triérarques et les chorèges doivent, comme les magistrats, se soumettre au contrôle de l'euthyna, procédure de reddition des comptes, bien qu'ils n'aient, en principe, utilisé que leurs fonds personnels.

Trière grecque

Durant l’Antiquité, être un bon citoyen ne se résume pas seulement à des droits et des devoirs, mais aussi à un état d'esprit et à un sens de l'honneur dans lequel la religion joue un rôle essentiel.  Les Athéniens sont très pieux. Ils ne conçoivent pas l'accomplissement de quelque activité politique, militaire ou commerciale sans prier ou offrir un sacrifice et, comme tous les Grecs, ils sont polythéistes. Ils croient en plusieurs dieux, comme Poséidon (dieu de la mer), Héphaïstos (dieu du feu, de la forge, de la métallurgie et des volcans) ou Athéna (déesse des Arts et de l’Industrie qui, selon la légende, est à l'origine de la cité et la protège) et en plusieurs héros, comme Thésée ou Hercule. Au quotidien, les moments importants de la vie civique sont rythmés par la religion. Par exemple, de la naissance à la majorité, l'accès du futur citoyen à ses droits et à ses devoirs est accompagné par des cérémonies solennelles : la présentation de l'enfant mâle aux membres de la phratrie dans le dème est placée sous le regard des dieux puisqu’elle s'accompagne de sacrifices et de banquets et a toutes les apparences d'un baptême politique et religieux ; par la suite, le jeune futur citoyen doit participer à des rites qui se présentent comme des retraites au cours desquelles l'adolescent reçoit une initiation religieuse sous l'égide de la cité ; enfin, c'est lors de l'éphébie que se fait l'essentiel de l’éducation du futur citoyen, période au cours de laquelle sa conscience politico-religieuse est formée. D’autre part, les séances de l'Ecclésia sont ouvertes par des prières, des libations et des sacrifices, dont le but est de placer les paroles et les choix réalisés sous la protection des dieux, et l'orateur à la tribune porte une couronne de myrtes qui lui confère, le temps de sa prise de parole, un caractère inviolable et sacré. Par ailleurs, les héliastes, les bouleutes et les magistrats tirés au sort sont, d'une certaine manière, choisis par les dieux c’est pourquoi, lors de leur investiture, ils prêtent serment devant eux ; les magistrats sont même chargés de pratiquer les rituels et les sacrifices lors des guerres et des événements importants pour la cité. Pour autant, les droits et les devoirs religieux du citoyen ne s'arrêtent pas là car la nature démocratique du régime aboutit à une redistribution citoyenne des fonctions liturgiques. C’est effectivement à travers les instances politiques (l’Ecclésia, la Boulè et l’Héliée) que l’on fixe le calendrier religieux (le culte des dieux et des héros, les fêtes, les cérémonies, les sacrifices), que l’on engage les travaux de construction ou de réfection des édifices (temples, autels, monuments divers, statues), que l’on juge les actes impies, et que l’on autorise ou non l'entrée d'un nouveau culte. Cette importance des rites communs auxquels participent tous les citoyens marquent bien le lien étroit entre vie civique et vie religieuse. Pour autant, les citoyens ne sont pas les seuls à participer aux cultes religieux à Athènes. En effet, les fêtes en l’honneur de Dionysos (dieu du vin, de l’ivresse et de l’inspiration) telles que les Dionysies et les représentations au théâtre de Dionysos mais aussi les fêtes en l’honneur d’Athéna (les Panathénées et les Grandes Panathénées, qui se déroulent en juillet) sont ouvertes aux métèques, aux étrangers et peut-être même aux esclaves. Les femmes, quant à elles, ne sont pas exclues de ces festivités, bien au contraire, puisqu’elles en sont souvent les actrices principales. Par exemple, les Thesmophories, en l'honneur de la déesse Déméter (déesse de l’Agriculture et des Moissons) réunissent exclusivement des femmes et toute présence masculine peut être punie de mort. D’autre part, les jeunes filles jouent un rôle de premier plan dans culte religieux dédié à Athéna, notamment lors des Panathénées. Tout d’abord, quatre fillettes âgées de 7 à 11 ans, les Arréphores, choisies parmi les familles nobles d'Athènes par l'archonte-roi, sont chargées de tisser, broder et teindre (avec du curcuma), le peplos (ou voile) destiné à recouvrir la très ancienne statue en bois d'olivier de la déesse Athéna qui se trouve dans le temple de l'Érechtéion sur l'Acropole. Celles-ci sont logées durant toute l'année dans une maison située sur l'Acropole pour que leur travail puisse être surveillé par des femmes, les Ergastines, mais aussi par les membres de la Boulè. Le dernier jour de la fête, le nouveau peplos est porté en procession à travers toute la ville par un cortège composé par les habitants d'Athènes, parmi lesquels on distingue des jeunes femmes, les canéphores, portant sur leur tête une corbeille contenant les outils du sacrifice qui se déroulera juste avant l’offrande à la déesse. Cette dévotion publique, que l’on retrouve lors de processions ou de prières officielles, garantie l’ordre social et politique ainsi que la réussite militaire ou économique de la Cité.

Remise du peplos

Les Athéniens participent aussi à des manifestations panhelléniques (regroupant tous les Grecs) lors des jeux d'Olympie par exemple. Les délégations sont alors considérées comme sacrées et les conflits s'interrompent. Les personnes désignées par leur cité ont à cœur de représenter le plus magnifiquement celle-ci.

Au Vème siècle avant J-C, Athènes est une exception par son régime politique car elle est gérée par une démocratie directe qui est exercée par une minorité d’Athéniens : les citoyens. Pour autant, les autres catégories socio-culturelles athéniennes ne sont pas laissées de côté puisque chacune joue un rôle dans la cité, notamment sur le plan religieux où la frontière avec la politique est infime, voire parfois inexistante. 


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