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Que dit le Pape sur les migrants ?

Que dit le Pape sur les migrants ?

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Une famille de migrants par paroisse. 50 000 paroisses en France. Où s’arrête la famille ? Le pape ne serait-il pas en train de verser dans l’immigrationnisme et le multiculturalisme digne du fictif Benoît XVI de Raspail dans Le camp des saints ? Pourquoi édicte-t-il ce programme de remplacement de la population européenne au moment même où nous subissons l’invasion du territoire occidental par une population essentiellement musulmane ? Que penser de cet écot apporté par le Pape à l’internationalisme révolutionnaire ? Est-ce une trahison ? Est-ce une erreur ? Est-ce une stratégie dont la subtilité nous échapperait ?

Je crois en l’Église

Il est toujours extrêmement délicat pour un catholique de se sentir en décalage avec le vicaire du Christ. Quand on sent un désaccord poindre, il convient en premier de se taire. Le silence doit s’imposer pour tenter de comprendre. C’est sans doute d’ailleurs une attitude qui devrait être bien utile dans toute discussion. Et le silence pour prier également. On prie pour demander à comprendre. On prie aussi pour son interlocuteur, le Pape. Car s'il est dans l’erreur, avant de foncer droit dans la discorde et produire son article dans MN, ça vaut le coup de prier pour lui. Et derrière l’erreur se cache parfois l’Esprit Saint qui tire souvent des bords pour atteindre sa cible. Il faut bien que le « je crois en l’Église » du Credo récité le dimanche s’éprouve dans le quotidien. Et puis il faut dire que depuis que tous les papes sont saints, on est tenté de réfléchir à deux fois avant d’aller s’opposer à leur pensée…

Une fois cette précaution affichée, il s’agit aussi de rappeler l’exhortation de Benoît XVI (le pape bien réel, non le fictif de Raspail) de réconcilier foi et raison. Ce dernier soulignait notamment dans la controverse de Ratisbonne, que si ce n’était pas accessible à la raison, alors ce ne pouvait pas venir de Dieu. À la Sorbonne, ce dernier osait même dire pour désarçonner son auditoire que les chrétiens adoraient un Dieu de raison. J’ai donc le droit d’user de ce que j’ai entre les deux oreilles pour analyser ou critiquer une parole du pape, qui par ailleurs n’engage pas son infaillibilité. Et avec un peu de chance, on peut envelopper notre colère dans quelque intention de pratiquer la correction fraternelle. Cette dernière a d’ailleurs déjà trouvé illustration dans la voix de Laszlo Kiss-Rigó, un évêque du sud de la Hongrie, pour qui le pape François ne sait pas de quoi il parle. L’afflux de réfugiés n’est pas une crise humanitaire, mais "une invasion", explique-t-il…

Hic et nunc

Ce qui surprend d’abord dans la déclaration du Pape sur les migrants, c’est son aspect très concret. Qu’il faille faire preuve de charité et accueillir l’étranger n’a rien de nouveau. Tous les papes jusqu’au Christ l’ont dit. Dans l’ancien testament déjà on trouve : « Tu n'opprimeras pas l'étranger ; vous savez ce que ressent l'étranger, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte. » (Exode 23-9). Quant à la charité, inutile de prendre des citations, tout l’évangile en parle. Mais on peut accueillir l’étranger et faire preuve de charité tout en organisant le fait qu’il puisse rester chez lui, qu’il ne devienne pas la marchandise d’une internationale du libre échange des immigrés… Les paroles de l’Évangile ne se déclinent pas ipso facto en un programme immigrationniste. La charité pourrait nous dicter tout aussi bien de bombarder les embarcations vides avant qu’elles partent afin de ne pas engager tout un peuple dans un exode risqué qui se finira en impasse sur les trottoirs des capitales européennes incapables de les employer.

Face à l’Évangile rappelé par le Saint Père, nous avons toute une palette d’actions possibles. Et la prière nous permet de discerner ce qui nous semble bon et possible de mettre en place hic et nunc. Bon et possible. La mission de l’Église est bien celle là : de délivrer un message universel pour éclairer les consciences. Mais l’Église n’a pas véritablement de message hic et nunc à délivrer. L’Église n’a pas de programme politique à décliner. Même la doctrine sociale de l’Église ne dit rien sur la nécessité ou non d’interdire les licenciements par exemple. Or, cette fois ci, le Pape nous a proposé un programme. Il ne s’est pas contenté d’éclairer nos consciences en nous rappelant le message d’accueil et de charité du Christ, il a demandé à ce que chaque paroisse accueille une famille de migrants. Vaste programme d’ailleurs ! Pourquoi a-t-il dit ça ?

Et si c’était une erreur ?

C’est possible. Le pape peut faire des erreurs. Il peut même en faire de grosses et à ce moment là, il faudra bien que l’Église universelle lui survive grâce aux croyants, grâce à la foi. Nous savons que notre pape actuel n’est pas européen et sa vision politique est impactée par ses origines. Lors du discours du pape au parlement européen le 25 novembre 2014, nous avions pu éprouver sa vision très personnelle du continent européen. Il a les visions à la fois du nouveau monde et du monde du sud qui se mélangent, où complexes vis-à-vis de l’Europe se transforment peu à peu en mépris envers elle. Il appartient à cette partie du globe non parvenue à l’âge adulte, ce monde adolescent qui veut se rebeller contre ceux qui lui ont tout transmis… Il parlait ainsi en novembre 2014 de : « l’image d’une Europe un peu vieillie et comprimée, qui tend à se sentir moins protagoniste dans un contexte qui la regarde souvent avec distance, méfiance, et parfois avec suspicion. » Il a ajouté également lors de la même conférence : « D’un peu partout, on a une impression générale de fatigue et de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante. » Mais nous ne ferons pas l’inventaire de toutes les petites phrases. Mais ce genre de phrases prononcées par quelqu’un d’autre nous ferait sortir de nos gonds pour crier à la trahison, la collaboration, etc.

Et puis cette sorte de chantage spirituel exercé par la fonction même du chef de l’Église nous oblige à battre en retraite de peur de ne pas être un bon chrétien. On est tellement privilégié en Europe, nous sommes tellement repus, … qu’on ne peut être que coupable…

Néanmoins, nous l’avons vu, l’évêque de Hongrie alerte sur ce qu’il appelle une véritable invasion. Et rien ne prescrit dans l’Évangile ou ailleurs de se laisser envahir, de ne pas défendre sa patrie, sa famille…

Néanmoins l’évêque de Mossoul avait alerté l’Occident il y a peu en nous disant que ce qu’il se passait aujourd’hui en Orient se déroulerait à coup sûr en Europe au regard des flux migratoires organisés de musulmans vers le vieux continent.

Donc oui, bien sûr, nous sommes trop riches pour être honnêtes, oui nous sommes trop riches pour être sauvés, mais quand bien même,… la charité d’un monde riche vis-à-vis d’un monde pauvre ne doit pas nous amener à jouer avec le feu, à apporter tout le bois nécessaire à une guerre civile. Le salut ne sort pas des guerres et des révolutions, le royaume ne se construit pas ainsi…

Et si c’était plus subtil ?

En voilà une bonne question. Il est vrai que l’Esprit Saint est parfois tortueux et que Dieu aime à utiliser des moyens détournés pour participer à son œuvre. Du moins, il utilise tous les moyens, donc pourquoi pas aussi les propos maladroits de son vicaire du moment. Néanmoins, ce dernier dit aussi et souvent des choses dans lesquelles on se retrouve facilement. Ainsi, à cette fameuse conférence de novembre 2014 devant le parlement européen, il avait également dit cette phrase qui peut être clef : « L’Europe sera en mesure de faire face aux problématiques liées à l’immigration si elle sait proposer avec clarté sa propre identité culturelle ». Le pape nous enjoint donc de conserver et proposer notre identité. Donc s’il nous demande d’accueillir les familles de migrants dans nos paroisses, c’est peut-être pour ça…

Son idée d’accueil des migrants est peut être construite dans l’optique d’une rechristianisation de l’Europe en fossoyant le matérialisme qui l’éloigne de la foi. Le chaos issus de cette invasion de la misère va de fait permettre aux Européens repus que nous sommes de nous délester de nos biens de force. Oui sauf que ces flux migratoires ne sont que la conséquence des flux de marchandises et du matérialisme financier également.

Cette phrase énigmatique pour l’accueil des migrants est peut-être construite pour la rechristianisation de l’Europe par la production de martyres. En important les bourreaux, on facilite la mort de l’innocent… Les terres sont devenues chrétiennes en étant abreuvées par leur sillon du sang des Saints. Ce fut peut-être vrai du temps de l’Empire Romain, c'est-à-dire en confrontation avec un monde civilisé, à savoir où le savoir se transmet à travers les générations. Cela ne l’a jamais été vis-à-vis de l’Islam, qui est une sorte de contre civilisation, de contraire d’une civilisation. L’Église est éternelle, je le crois, c’est mon credo, elle est l’épouse du Christ. En revanche, les Églises ne le sont pas. Les actes des apôtres sont truffés de références à des Églises aujourd’hui disparues. Se laisser égorger ne ramènera pas le Christ en France, mais installera simplement et durablement le loup dans la bergerie.

Donc pourquoi nous demander d’accueillir des migrants dans nos paroisses ? Pour évangéliser les migrants ? Ah, ça, ce pourrait être une bonne idée. S’ils doivent être en Europe autant qu’ils soient dans les paroisses. Il s’agit là de saisir une opportunité en fait. Et c’est une bonne idée. Mais si c’est le cas, il faut parler cash d’apostolat pour être en phase avec cette ambition de défendre l’identité culturelle européenne. Et par ailleurs ne pas le dire trop tôt, pour que cela ne soit pas compris comme une invitation à traverser la Méditerranée. Il faut aussi ne pas dissimuler ses intentions, pour ne pas servir de caution aux projets dévastateurs de l’internationale révolutionnaire…

Donc oui, disons au Pape que nous allons lui obéir et prendre des migrants dans les paroisses… pour leur parler de Jésus. Ils seront mieux dans les paroisses que chez l’imam ou au parti socialiste. Mais pour le reste, nous pouvons continuer de soumettre l’idée de bombarder les embarcations vides avant qu’elles ne prennent le large.


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