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Yann Moix et l'autocolonisation

Yann Moix et l'autocolonisation

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« La France n’a pas vocation à rester éternellement blanche », disait Moix au Grand Journal du 9 novembre.

Devant nous un abîme de bêtise qui donne quelque vertige. Penchons-nous un instant…

Ce que la colonisation pouvait avoir de détestable pour les peuples qui l’ont subie, ce devait être en particulier l’idée que leurs coutumes, leur identité, devaient céder le pas à celles des colons : le Congo n’avait en effet pas vocation à rester éternellement noir, puisque l’homme blanc allait s’y implanter en conservant et en répandant ses propres coutumes. Le colon ne s’intégre pas : porteur de la philosophie des Lumières, il vient au nom des droits supérieurs de la raison. « Messieurs, lance Jules Ferry, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. »1 C’est encore Victor Hugo qui lance : «  C’est la civilisation qui marche sur la barbarie. C’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde ; c’est à nous d’illuminer le monde »2.

Or force est de constater que la France vit une certaine forme de colonisation, lorsque des populations viennent s’installer non pas seulement en conservant leurs coutumes contraires à nos usages (c’est l’une des questions de la burqa), mais encore en finissant par les imposer, depuis l’extension du halal jusqu’à l’adoption des règles de la finance islamique par l’État Français3.

L’étrange, dans les propos de Moix, c’est qu’il admet la possibilité de sa propre colonisation et d’emblée nous interdit de ne pas l’envisager sous peine d’être immédiatement accusés de racisme.

Que pouvons-nous dire ? Affirmer que la France a vocation à être blanche, ne serait-ce sous-entendre que les français « de couleur » seraient moins français ? Le sophisme de Moix a quelque chose de terriblement violent : que dirait un togolais qui entendrait que le Togo n’a pas vocation à rester éternellement noir ?

Les propos de Moix relève d’une sorte de « racisme envers soi-même », d’une haine de soi qui provoque les blancs eux-mêmes à souhaiter obscurément la disparition des blancs. On reste forcément un peu sans voix, car il n’est pas possible d’accepter le racisme auquel on veut nous conduire, comme il est impossible de nier que l’identité d’une nation ne peut être totalement détachée d’une dimension ethnique.

Finalement, l’échec des Lumières et de son universalisme trompeur se retourne contre la diversité elle-même. L’ancien colon qui croyait sa culture supérieure la méprise à présent au point de souhaiter sa propre disparition.

La sortie de Moix est une incitation à la haine raciale qu’il vaut mieux ne pas relever. Je suis heureux d’avoir de très bons amis dont la couleur de peau témoigne d’origines très diverses. Leurs ancêtres n’étaient pas aussi gaulois que les miens, peut-être même mes ancêtres ont-ils pu coloniser les leurs. Par le métissage, ce n’est pas leur ethnicité qu’ils cherchent à substituer à la nôtre, mais au contraire ils viennent s’enter sur la nôtre, pour notre plus grand profit commun. Comme me disait l’un d’eux récemment, le métissage fait de beaux enfants.

Incitation à la haine raciale : n’est-ce pas exagéré ? Moix remet sur le tapis l’idée des races pures, idée qui pourrait bien donner aux blancs le sentiment que leur race est menacée. Or le métissage n’est pas une menace dès lors qu’il n’est pas une fin en soi, il est un enrichissement parce que, loin de s’inscrire dans une stratégie de « remplacement », il participe au contraire à une volonté de s’assimiler.

Moix et ses amis n’ont pas su, c’est vrai, accomplir cette assimilation. Les ghettos de nos banlieues en témoignent. Devant leur échec, ils finissent par prophétiser leur propre colonisation. Nous connaissions le racisme envers autrui, Moix cultive le racisme envers soi-même…
  1. Jules Ferry, débats parlementaires du 28 juillet 1885
  2. Victor Hugo, Choses vues, 1841, éd. Folio, t. 1, p. 204
  3. Les avantages de la finance islamique selon Christine Lagarde

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