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Autoroutes, logique de rente

Autoroutes, logique de rente

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Le sujet faisait parler depuis quelque temps, Emmanuel Macron l'a dit ouvertement dimanche 9 novembre, le Gouvernement veut réduire les profits des sociétés d'autoroute.

Probablement vexé que l'automobiliste puisse être la vache à lait des grandes entreprises d'autoroute, et non seulement celle de ses propres radars, l'État semble vouloir réduire fortement la rentabilité de ces sociétés. Le Ministre de l'Économie a d'ores et déjà annoncé son souhait de mettre le secteur autoroutier sous la surveillance de l'Autorité de régulation des activités ferroviaires (sic), pour faire « baisser les tarifs là où c'est possible ». Bref, la machine de l'État semble bien désarmée.

Dans le but de contraindre les concessionnaires à revoir leurs tarifs à la baisse, il serait assez naturel de penser que l'État puisse brandir la menace d'une hausse de la fiscalité touchant le secteur, menace d'autant plus efficace qu'elle est particulièrement crédible en période de déficits publics importants. Cependant les contrats de concession prévoient qu'une évolution de la fiscalité touchant la rentabilité des autoroutes serait compensée, entendez répercutée sur le client. Pour détruire la rente, Terra Nova, laboratoire d'idéologie d'idées du Parti Socialiste, propose pourtant d'utiliser l'arme fiscale, mais en taxant les maisons-mères des principales entreprises concessionnaires d'autoroutes. En effet, celles-ci ne sont pas concernées par l'accord de compensation de l'évolution de la fiscalité. Voilà une réponse probablement plus efficace que celle envisagée par Emmanuel Macron… Plus efficace, mais qui posent certaines questions.

Si sur le fond, il n'apparait pas foncièrement illégitime de chercher à réduire des bénéfices qui s'envolent sans rapport avec l'utilité économique des investissements afférents, une telle démarche pose néanmoins la question de la confiance en la parole de l'État. Certes les termes des contrats de concessions peuvent être au désavantage de la puissance publique, certes l'État n'est pas infondé à agir dans la question des transport et au-delà de l'aménagement du territoire, mais le subterfuge que propose Terra Nova ne serait jamais qu'un moyen de revenir d'une manière détournée sur la parole de l'État. En période de crise et de défiance, où les marchés peuvent à tout moment décider de faire s'envoler le coût de la dette française au moindre doute, toute décision unilatérale est dangereuse, et donc à éviter.

Enfin, se pose bien sûr la question de l'origine de cette fameuse rente des autoroute. N'a-t-elle été, comme celle des professions réglementées dont chaque majorité annonce la fin avant de renoncer, créée par l'État lui-même ? Les privatisations d'autoroutes, initiées sous le gouvernement de Lionel Jospin puis poursuivies sous Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin, sont-elle déjà si lointaines que les enjeux qui ont précédés à leur création seraient déjà caducs ? Ou bien, à la manière de Louis XIV, l'État ne se complait-il pas perpétuellement à créer et vendre des rentes qu'il reprend ensuite ? Rentabilité à la vente, posture type Robin des Bois à la reprise, la recette est tentante !


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