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Il parait que la France n’aurait pas dit son dernier mot

Il parait que la France n’aurait pas dit son dernier mot

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La France n’a pas dit son dernier mot. Si Zemmour, combattant du verbe et courageux contradicteur du politiquement correct destructeur de notre identité le dit, alors est-on tenté de le croire tant la parole de l’écrivain s’essaie depuis longtemps à « bien nommer les choses » pour ne pas ajouter du malheur au monde. Dans son dernier ouvrage, l’intellectuel qui se rêve en candidat d’une droite élargie pour la Présidentielle de 2022, délivre sa chronique de l’actualité politico économico médiatico mondaine du microcosme parisien dans la période 2014 à 2020. On découvre, ce qui ne sautait pas aux yeux dans ses ouvrages à succès précédents, combien il se situe au cœur de l’échiquier, au cœur du système politique et médiatique français, combien il est l’enfant rebelle qui se dresse fièrement contre ses pairs, entonnant l’antienne du choc des civilisations et de la guerre civile qui vient, quitte à prendre les habits du banni, du fasciste, du raciste.

D’entrée, Zemmour cite Samuel Huntington dans Qui sommes-nous ? : « La France, tout particulièrement, a connu un effondrement civilisationnel éclair dont personne, pas même Braudel, mort en 1985, ne semble avoir compris la portée dramatique. Cette nation qui a été pendant mille ans le fer de lance intellectuel de la civilisation occidentale bascule à la charnière des années 1970-1980. En moins de deux générations, on assiste à une explosion de l’illettrisme, de la criminalité de droit commun, de la corruption politique, et à un remaniement à grande échelle de sa population qui la destituent comme nation historique d’Europe occidentale. Les Français, paradoxalement, refusent de considérer objectivement leur situation et semblent vouloir s’installer dans le déni jusqu’à ce que la mort s’ensuive. L’avenir se fera manifestement sans eux. » Jugement sans appel, et on ne peut plus lucide du professeur américain de sciences politiques.

Usant de sa rhétorique habituelle, notamment l’anaphore, notre auteur nous livre le catalogue des maux qui s’abattent sur notre vieux pays : « Pas un jour sans sa provocation, sans sa déconstruction, sans sa dérision, sans sa destruction. Pas un jour sans que la police ne soit accusée de « violences policières », de « racisme systémique », de « contrôles au faciès ». Pas un jour sans qu’une thèse ne soit publiée dans les universités françaises sur la « théorie du genre dans le Limousin du XVII° siècle » […] Pas un jour sans qu’entre en France un des 270000 étrangers par an. Pas un jour sans que demeurent sur notre territoire les déboutés du droit d’asile (80% des 170000 demandes) et les innombrables clandestins. Pas un jour sans qu’un « mineur isolé » qui n’est le plus souvent ni mineur ni isolé, et qui vient par exemple du Maroc ou d’Afghanistan, ne commette un larcin, une agression sexuelle, un trafic de drogue, voire un crime. […] Pas un jour sans son film mettant à l’honneur un couple de lesbiennes, sans sa publicité et son union mixte, où l’homme est toujours noir, sans sa série où deux hommes s’embrassent fougueusement, sans oublier l’inévitable transgenre dont on exalte le difficile parcours de transition. »

Oui, la France est bien mal en point. Comment affirmer alors « qu’elle n’a pas dit son dernier mot » quand on serait plutôt tenté de désespérer face à ses renoncements, ou plutôt, les renoncements des élites qui se sont succédées depuis les années 1960 ? Elites qui ont édicté le nouveau catéchisme et son décalogue que chaque citoyen frappé d’abêtissement se doit de connaître par cœur :

  1. La race n’existe pas, mais les racistes existent.
  2. Seuls les Blancs sont racistes.
  3. L’identité -qu’elle soit ethnique ou sexuelle- ne doit pas être figée.
  4. L’école a pour seule mission de lutter contre les inégalités.
  5. La virilité est toxique.
  6. L’islam est une religion d’amour.
  7. Le capitalisme et le patriarcat tyrannisent les femmes comme ils détruisent la planète.
  8. Il n’y a pas de culture française. Il y a des cultures en France (cette sentence est « la spéciale » de Macron).
  9. L’immigration est une chance pour la France.
  10. La France ne peut rien sans l’Europe. »

En anticonformiste et contempteur de ce catéchisme progressiste, Zemmour s’ingénie, au long des trois cent pages, à défaire un à un chaque dogme. Ardent mousquetaire, il déconstruit à son tour les murs porteurs de l’idéologie des déconstructeurs.

Le livre n’est pas programmatique car les chroniques tenues par Zemmour au fil des mois dépeignent la vie des élites et un vaste tableau de leurs grandeurs et surtout décadences. Pour la feuille de route présidentielle, il faudra donc attendre encore. La seule concession, elliptique, quant à ses intentions, peut être trouvée dans les regrets du grand historien Bainville qui au soir de sa vie s’accusait de ne pas avoir été dans l’action politique et d’être demeuré un simple observateur des évènements de l’histoire.

Eric Zemmour croit encore à la France. Il pense, à l’instar des grands personnages que furent Jeanne d’Arc, Bonaparte et de Gaulle, pouvoir jouer un rôle. Il attend l’onction d’huile sainte, après qu’une colombe lui aurait été envoyée par quelque Dieu soucieux d’un gesta dei per francos. Ce faisant, il entretient le mythe tenace du « sauveur », de « l’homme providentiel » dont la France espérât, à bien des époques, la survenue. Il brûle ardemment de restaurer le vieil ordre gaullien : « D’abord la France, ensuite l’Etat, enfin le droit. », avec, s’il était élu président en 2022, une mesure essentielle, mère de toutes les autres : « Notre devoir est de remettre la France sur ses pieds. Seul ce rétablissement nous donnera les moyens d’arrêter les vagues migratoires qui, depuis des décennies, submergent notre territoire et notre peuple. »


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