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Quand on laisse les enfants sans charité ni protection !

Quand on laisse les enfants sans charité ni protection !

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« Allons enfants… » dit un hymne, qu'on prétend encore national. Soit… On ne semble pourtant guère se soucier de protéger et de respecter les enfants, les mères, les pères et les familles dans ce vieux pays qui fatigue ceux ou celles qui le gouvernent. Ce pays qui s'attire le mépris constant de ses "dirigeants". Cela vient de loin, dès 1789. Et cela se poursuit, hélas, hélas, tragiquement, en 2022…

Le 22 octobre 1781 naissait le dauphin Louis-Joseph-Xavier-François de France. Il mourut à Meudon, le 4 juin 1789. Soit à sept ans et demi. En pleine session des États Généraux dont, si souvent, on vante les vertus. Soit ! Mais il serait bon de rappeler qu'à la mort de cet enfant, les députés du tiers refusèrent au roi Louis XVI perdant son fils le décalage d'une audience. Ce non-respect de la mort d'un enfant en préfigurait d'autres, et en 2022, je trouve que notre société, qu'elle soit parlementaire ou gouvernementale, qu'elle soit prétendument soucieuse du peuple ou non, n'a nullement été modifiée ni changée en bien. Le mot douloureux de Louis XVI devant les députés du tiers est véritablement bouleversant : « N’y a-t-il pas de pères dans cette assemblée du tiers ?» Quand on connaît l'autre mot, celui de Marie-Antoinette à son procès (avant son exécution du 16 octobre 1793) et concernant son fils et les injures que l'on faisait à la mère qu'elle était, on ne peut être que frappé par le mot de Louis XVI en juin 1789, soit : rappelons-le, avant même la prise de la Bastille et ses suites…

On peut souscrire à la jeunesse, à l'énergie, à l'enthousiasme de l'élan réformateur et révolutionnaire nécessaire de 1789, et du reste Georges Bernanos qui s'y connaissait en charité comme en sincérité vive le faisait. Il savait lui le prix et la fascination précieuse et à protéger de l'enfance. Et il n'excusait aucun massacre. Ses carmélites dialoguées, écrites ou chantées, le prouvent si bien ! Il savait l'importance aussi des âmes. Mais la froideur du tiers, en 1789, mais la noirceur béate des jurés de 1793, comment ne pas voir non plus que, entre 1789 et 1793, entre l'indifférence au deuil d'un enfant et l'accusation immonde d'inceste visant Marie-Antoinette, accusation portée dans le tribunal et parmi les membres de l'Assemblée d'alors par ce modèle infect qui fut le polémiste Hébert, comment ne pas voir décidément de l'une à l'autre des deux affaires une froide continuité, une négation de la sensibilité, un véritable assassinat de toute pleine et vraie charité?

On connaît le supplice, le drame moral complet de Marie-Antoinette, des soixante-dix jours vécus par elle à la Conciergerie, des deux journées et nuits d'octobre de son procès, on ne me convaincra jamais qu'il y a dans cette affaire, dans la menée politicienne et vengeresse de ce procès une seule part de dignité, sinon chez l'accusée… En ce 22 octobre qui rappelle son fils naissant, ce petit Louis-Joseph, premier et malheureux dauphin, je pense à cette reine infortunée, à son autre fils (qui sera dans sa captivité le si triste et si souffrant Louis XVII). Je pense à la réplique, elle si digne, de la Reine jugée (quel mensonge que cette justice-là !) devant un personnage ou cruel ou idiot, s'étonnant de son absence de réponse à l'injure accusatrice du citoyen Hébert, cet étron. Cette réponse de Marie-Antoinette est poignante, en cette heure laide d'octobre 1793… Elle fait tragiquement donc écho à l'interrogation autant qu'au constat de Louis XVI devant les membres du tiers, en juin 1789; rappelons ce mot de Marie-Antoinette, cette réplique qui situe sa stature morale face à une époque qui affichait des vertus mais ne les pratiquaient plus guère: donc, lorsqu'un des jurés, après le ballon crevé d'Hébert, fait remarquer que l'accusée n'a pas répondu à la charge portée contre elle, Marie-Antoinette se lève brusquement, et elle répond d'une voix forte : «Si je n'ai pas répondu, c'est que la nature se refuse à répondre à une pareille inculpation faite à une mère. J'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici. » Les réactions dans la salle, largement féminines, conduisirent à renverser la position morale de la Reine. Le pouvoir prit peur et fit hâter la suite du procès, et enfin l'exécution.

Si l'on peut respecter l'élan réformateur, la fougue de 1789, on ne peut pas être dupe quant à ce temps-là : de ses violences latentes ou affichées, qui ont en germe 1793 et les suites terroristes de la politique révolutionnaire devenue républicaine. Mais républicaine : sans charité, aveuglée de politique, cynique, sans douceur pour l'enfance, sans respect pour les familles. N'hésitant pas à exécuter les femmes. Juin 1789 annonçait octobre 1793. Hélas. Mais il faut le dire aussi : les palinodies, les sinistres admirations, la logique des indifférences cruelles, les récupérations oiseuses continuent, venues de 1789 et de 1793, via le langage de M. Mélenchon et de ses troupes de fausse opposition ; elles continuent dans le langage de certains sommets du Pouvoir, au plus haut, dans les Assemblées comme chez le chef de l’État.

Nous vivons en tous aspects dans la continuité d'une époque et d'une ère d'où l'on tient à éradiquer la charité, où l'on ne fait rien pour garantir la sécurité et le respect et les protections dus à l'enfance, pour assurer le soin des plus âgés aussi d'entre nous. On profite de diverses pandémies pour laisser mourir ou pour favoriser par décret la mort massive de bien des gens, on commercialise potentiellement le fait de devenir mère, on menace l'enfant à naître, et l'on se pique jovialement ou avec une fausse grâce austère de grands mots et de grands apparats de conscience. Quelle sinistre fausseté.

Notre temps est moralement terrorisant, indifférent, cruel, qu'il s'agisse du respect dû à tout citoyen, à tout habitant de ce pays, qu'il s'agisse du souci des enfants, qu'il s'agisse de toute étape de la vie, jusqu'à son terme, qu'on ne soulage guère : qu'on achève ! Ce temps-là, avec sa vertu affichée, son opposition maquillée, son présidentialisme du : "et en même temps", vraiment, me débecte. Cette hypocrisie permanente qui maintient la violence et l'ère terroriste, la logique de la soumission et des lois des suspects, ce non-respect et ce refus d'une élite affirmée (autoproclamée) d'avoir à défendre le peuple dont elle a la charge et en principe la responsabilité, voilà ce que je ne supporte plus.

Bande des Quatre

L'élan valable de l'Histoire de France est une affaire morte, et tous nos choix politiciens et publics confirment cela chaque jour. En érigeant des assemblées, on est allé jusqu'aux guillotines. On a certes depuis renoncé à celles-ci, encore que tout opposant à la doxa politicienne, au maoïsme républicain ambiant (d'une république qui ne cherche plus guère à se définir devant et par rapport à son peuple, qui par conséquent nie jusqu'à son racinement et jusqu'à ses capacités respectables), tout réfractaire est désormais combattu, et sinon placé sous un couperet du « rasoir national », du moins on devient rapidement et violemment, aisément: « crucifiable » par une campagne médiatique habile, qu'elle vienne des tenants du gouvernement ou des injonctions de madame Rousseau, cet Hébert de sexe opposé mais qui ne prendrait pas la peine d'être enjuponnée, du reste. Entre gouvernement et Assemblée règne aujourd'hui une « Bande des Quatre » qui se multiplie, qui juge et qui condamne sur tous les sujets (Bande des Quatre à la française, qui vaut bien l'ancienne version chinoise). Oui, j'ai bien dit : Bande des Quatre. Mais un autre mot final est possible. Le choix est large. C'est le dernier qui reste large, ce choix des mots… Dans notre époque bornée et si étroite !

Tout est borné dans ce pays, à commencer par le gouvernement, en continuant par l'Assemblée, en finissant par tout espace de débat. La méthode du 49. 3 est une parodie. La mentalité elle-même du pays est corsetée, fermée, bouclée. Jugée, condamnée, réduite à la non-expression. Du gouvernement à l'Assemblée, tout réfractaire est jugé d'un mot, celui de : fasciste. M. Macron, Mme Borne et le phénomène féministe en apparence Rousseau et le tandem Darmanin-Mélenchon ou Hanouna-Darmanin, après tout (un phénomène : Sandrine Rousseau ? Oui, mais en ce qu'il n'est pas le modèle d'un féminisme d'action) sont des mandarins aux méthodes de Gardes rouges ou des Khmers verts et rouges !

Bande des Quatre ? Oh, c'est encore le mot le plus charitable, plus railleur que cruel. La cruauté se situe ailleurs : dans l'indifférence faite devant le massacre des enfants, depuis Nice jusqu'à la petite Lola.

Allons : le cru 2022 vaut ceux de juin 1789 et d'octobre 1793…

En France, décidément, quand on laisse les enfants sans charité ni protection, en 1789, en 1793 ou en 2022, c'est qu'on gouverne… Admettons, puisqu'on nous l'affirme. Mais on gouverne à faux. Mais on gouverne sans vue, sans force, toujours sans vertu, sans valeur, sans netteté ni honnêteté, hélas ! On peut en crier, on peut en pleurer. Mais qui entend ? Et surtout : qui agira pour un véritable, un valable, un charitable changement, enfin ? Du royal Louis-Joseph mort en 1789 à la petite Lola massacrée en 2022, c'est l'indifférence qui les accueille, c'est par elle que l'ordre politique ou son désordre plus exactement répond. Voilà tout ! Rien, vraiment rien, ne change… Pas même l'alarme de l'hymne qui s'adressait aux enfants et à leurs pères. Les assoiffés de sang sont accueillis, même quand leur évidence est faite et qu'ils viennent presque facilement et impunément, comme le prévoyait la chanson, donc : égorger vos fils, vos compagnes ! Dans l'inaction des lois et des porteurs et acteurs de la loi ! Face au massacre à nouveau annoncé des Innocents, nous n'avons plus la garantie d'une fuite en Égypte. Mais les enfants, eux, à l'image de Jésus, à l'image d'un dauphin royal méprisé, à l'image de tant d'autres depuis et jusqu'à nous, les enfants sont à défendre, à protéger : ils doivent baigner dans la charité, et non pas dans les remous d'un bain de sang !


Fin de la Nouvelle-France (1689 – 1763)
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Simone, tes enfants sont lâchés !
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Urgence et tragédie
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