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Réalité du racinement agricole et faussetés de la start-up nation !

Réalité du racinement agricole et faussetés de la start-up nation !

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Les pauvres mots à suivre seront pour moi, franchement et avec détresse, un billet de haut chagrin… Et de respect bouleversé.

Ce pays qui se dit gouverné (ou cet Etat qui se dit gouvernant), mais qui attend la tragédie de morts et de blessés pour parler, voire faire mine de s'indigner du malheur paysan national, pour de bon ou pour de faux, qu'importe (et, politiciennement du bout des lèvres, encore, avec mépris et toute honte bue mais comme en s'en fichant toujours, parlant à peine, mal enfin, mais sans sens haut du politique et du devoir politique et public), décidément, hélas, oui, ce pays halluciné et mené en troupeau oublieux, enfin, me dégoûte. Depuis des décennies, on laisse la ruralité se vider, les agriculteurs se suicider, se pendre, se faire cracher dessus, se faire exploiter, se faire taxer, injurier, se faire piller, saisir, se faire criminaliser par tous les donneurs de leçons possibles et hystériques, se faire imposer des exigences absurdes, des empilements législatifs, des folies franco-bruxelloises, de dramatiques caprices de Strasbourg.

Depuis au bas mot quarante ans, on fait tout pour empêcher une vie agricole décente et des retraites honnêtes et valables. Les partis politiciens en jouent, les syndicats en profitent, toutes les lâchetés s'unissent contre le monde rural, sa longue histoire, son rôle constant dans l'unité française. De cette sottise voulue, de cette criminelle forme de rejet (sans compter les délirantes phases de mépris si froid et si crié par de faux écologistes et de véritables furies, dont madame Sandrine Rousseau n'est que l'un des lamentables exemples), de ces condamnations constamment entretenues, de cette conjugaison de fausse et sordide volonté politicienne, économique, financière et législative permanente, de cette si triste et sinistre ''conjuration de projectiles''qui n'aura pas décidément cessé partout en France (via les autorités françaises et celles de l'institution européenne si malade et si inepte) de viser le monde paysan comme est visé le monde de la mer et de la pêche, de tout cela devait fatalement naître le drame sanglant du 23 janvier. Pour quel bilan ? Pour provoquer des morts et constater une profonde, inconcevable inertie gouvernementale et étatique. Une immobilité, moins méprisante enfin peut-être mais franchement pétrifiée, une immobilité de trop. Depuis des décennies, on laissait comme on laisse presque quotidiennement aujourd'hui et toujours: les paysans se pendre, je le répète. Hier, un drame accidentel a ajouté en trop des morts et des blessés. Ce drame, pour accidentel qu'il soit, reste de ceux qui devraient faire grande honte à nos gouvernants, à ceux qui prétendent gouverner et décider. Et qui, encore placés sourdement et aussi tellement trop loin de la réalité durcie et subie par le pays, refusent de comprendre et d'agir pour contrer les rigueurs affreuses de cette réalité de folle dureté et dépourvue de logique, incapable de bon sens…

Mais, au-delà de l'institution politicienne ou politique, je dois ajouter ceci : le réveil médiatique qu'impose ce drame cache aussi bien des silences, bien des mépris, bien des hontes qui devraient apparaître pour ce que l'ensemble en question a toujours été, une complicité méprisante du monde de l'information de haute portée écrite ou d'ondes fortes et du milieu politique et public envers la réalité paysanne et agricole de la France.

Le silence journalistique majeur sur ce drame paysan de longue durée aura été indigne, immonde et crapuleux. Et la récupération médiatique tout autant que politicienne de l'horreur ne l'est pas moins. Ce drame devient profitable à trop d'acteurs d'un monde mesquin, après avoir été tu si commodément (drame que mesurent les historiens, les géographes, les démographes depuis des décennies avec une constance que les puissances médiatiques et politiques entendaient bien prétendre ignorer encore longtemps, même par feinte). On peut alerter de billet en billet, d'article en article quant au sort vibrant, poignant et déchiré du monde rural français, cela fut fait par certains, mais disons-le, avec quel résultat, pour quelle écoute ? Tout cela est tombé dans une forme de néant poli. Voilà tout. Aux larmes d'hier, au sang versé, à l'accident amer, aux mortes et aux blessés, aux pendus oubliés, aux suicidés abandonnés, aux familles rurales ruinées, volées, laissées sans retraite convenable après une vie de labeur bien vrai, aux paysans ne pouvant transmettre leurs biens et leurs exploitations pour les faire vivre et durer en dignité, je pense aujourd'hui avec ce regret immense qui est peut-être d'être une plume inutile.

Connaissant ce monde et son sens de l'effort, du travail, de l'honnêteté et son résultat de chagrins intenses, aggravés et alourdis au quotidien, soit par l'injure et le faux discours de prétendus écologistes, de maniaques urbains, soit par le maintien d'un total silence public, je me sens bien ému, non pas en vain quant à moi (intérieurement et au moral), mais en sentant que: pour beaucoup de Français et de Françaises, le fait rural et agricole si profond, si raciné (comme disait Péguy), si sillonné de vérité et de foi forte, ne signifie plus rien de réel, de fort, de net et de subtilement solide. Une nation et un peuple sont animés et portés par la terre qui est et qui sait rester la leur. Un pays comme la France ne saurait être une figure géométriquement et férocement vague, un hexagone ridicule.

La vie paysanne et rurale, la vie agricole en somme, cela a un sens. Une réalité, une identité, une longue durée, un sens de l'espace et du temps. Une vérité géographique et humaine. La "start-up nation", elle, n'a pas le moindre sens, pas le moindre ancrage, pas une once de vérité. Et cet amateurisme politicien en continu, soigné par le "et en même temps" et la longue parole imposée certains soirs sur sept chaînes mobilisées, signe d'une présidence logorrhéique mais inefficace, c'est d'un décalage atroce. Et désormais : coupable. Pas seulement ni banalement comptable.

Cette "start-up nation" ruineuse, sinon en illusions permanentes (avec sa logique de secte, ses partisans sectaires et fanatisés, ses aveugles et son président-gourou), et si glacialement ignorante des profondeurs et des drames d'un peuple, voilà qui n'est plus honnêtement possible à supporter.

Des actes, des actes et enfin, une vraie politique de défense agricole et populaire !

Notre pays et son peuple entier et ses responsables piteux (plus que dignes d'être pitoyables), tous au fond et en fait violemment et intimement devraient non pas se sentir immobiles, incapables, mais saisis unanimement et portés par une seule réalité, celle d'un deuil national. Une seule exactitude doit nous animer, nous soucier : pas de pays sans paysans… Quoi faire ? Répondre comme Bernanos, en ce janvier de sang et d'amertume, écrire comme lui : "La France doit au monde une révolution." Et ajouter qu'elle la doit aussi aujourd'hui, avec respect à ses paysans. En attendant la révolution respectable et bernanosienne, il semble inutile de guetter l'indignation de soutien aux paysans du député Louis Boyard. Qui ne sait que brailler et s'indigner dans les trains. Et jamais en plein terroir ! On a les révolutionnaires que l'on peut en France, hélas, en 2024.


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