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Ces enfants qui meurent… Et que l'on tait, qu'on méprise !

Ces enfants qui meurent… Et que l'on tait, qu'on méprise !

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Je vais ici me contenter de mots précis, afin d'être particulièrement clair et net. Afin aussi de n'y plus revenir, après avoir dit ce qui me serre le cœur d'un seul jet.

Ces enfants qui meurent, que l'on décapite, que l'on massacre, que l'on enlève, que l'on prend comme otages, en Israël, ces enfants qui sont les proies du Hamas et des éventuelles puissances qui soutiennent et orchestrent le Hamas, sont des victimes, des enfants qui meurent, des enfants que l'on tue. Des innocents massacrés. Des innocents menacés, dès leur plus jeune âge, des bébés et des bambins. Que l'on tue, mais cela, de fait, sans les taire, sans les oublier. Sans les réfuter, sans les nier ni les négliger. Sinon, effroyablement mais aussi sans surprise réelle, de la part d'une trop large partie de la gauche extrême française. Mais, en tous les cas, le silence généralisé, le silence national français, le silence international enfin et surtout, ce bloc complexe et lâche de silences, voilà ce qui n'existe plus depuis quelques jours. Il fut brisé aisément, facilement et nettement. Il l'est effectivement au sujet des enfants massacrés d'Israël. Et il fallait bien que ce silence, ce bloc habituel des silences et d'une lâcheté entière soit combattu, rompu, mis enfin en poussières. Il fallait que cette horreur ne soit plus ignorée ni muette, mais absolument criée. Et elle l'est. Dont acte !

Je constate ces faits, en conséquence, simplement avec émotion. Et plus douloureusement, que, pour une fois, diverses institutions internationales s'expriment, disent à quel point elles sont révulsées face à l'horreur des massacres encore frais et qui se poursuivent, elles dénoncent, donc, et elles constatent. C'est fort bien.

Elles le font au bout quelques jours, c'est-à-dire qu'elles le font, pour une fois encore très vite. C'est encore mieux que fort bien.

Cela m'émeut et j'en éprouve cependant un très curieux, et somme toute un assez pénible sentiment.

On ne me reprochera pas, je pense, sur bien des sujets internationaux, de m'être tu, de m'être rendu muet, d'avoir été coupable d'indifférence. Ce reproche me sera épargné. Du moins, je l'espère. Je viens d'écrire, au début de ce billet que, pour une fois, quelques-unes des réputées hautes et sages institutions internationales que nous aurions encore - soit : l'ONU et d'autres - en activité pas trop factice, enfin dénonçaient à juste titre les massacres perpétrés par le Hamas et qui touchent en cibles choisies massivement, hélas, des bébés et des enfants. Je maintiens ce "pour une fois", qui choquera peut-être, et qui, potentiellement, ne sera pas exactement ni bien compris. Voici de quoi, brièvement, et sans doute un peu sèchement l'expliquer, un peu rudement - mais encore très en-dessous du niveau d'indignation que je ressens.

Depuis des mois, malheureusement, le Haut-Karabagh (et sa population d'Arméniens qui voulait rester un peuple libre et paisible) connaît, dans une indifférence générale, y compris par un complet et odieux silence de l'ONU et d'autres instances internationales (notamment de justice), un massacre généralisé et le subit de plein fouet. Le Haut-Karabagh voit aussi, dans une indifférence et un mutisme absolus à l'échelon international et responsable le plus complet, le plus divers, ses bébés, ses enfants massacrés, tués, enlevés, et eux aussi décapités, par les troupes de sang de M. Alyev, qui procède exactement et ordonne à ses armées d'agir comme le fait aujourd'hui le Hamas en Israël. Mais on se tait encore, quant au sort des enfants du Haut-Karabagh, décidément. Même en étant prévenu, internationalement décidément, de l'horreur complète qui dure depuis des mois.

J'ai déjà exprimé tout ce qu'il faut craindre, pour Israël et pour le Liban aussi, de l'action terroriste et si militarisée puissamment du Hamas. J'ai dit aussi l'indifférence réelle du Hamas pour l'ensemble du peuple palestinien désormais face à une guerre qui risque d'être une guerre totale (et dont on peut craindre aussi les périls et dimensions atomiques, entre Israël et ses voisins).

Aussi, ne me fera-t-on pas dire ce que je n'exprime pas, ce que je n'ai pas dit. Mais, moralement, mais avec indignation, je dois bien avoir le souci de la pleine clarté, c'est-à-dire aussi, d'un douloureux scandale. Israël est un pays désormais touché et égorgé de façon aussi barbare que l'ont été les habitants et les enfants du Haut-Karabagh. Et que l'on ne me dise donc pas que le gouvernement d'Israël (je précise bien le gouvernement, et non pas son peuple) ne savait pas le moins du monde ce que M. Alyev et ses troupes faisaient des armements et des soutiens logistiques et militaires qu'il leur fournissait, ce gouvernement à logique grave, ce qu'il donnait à la folie criminelle et active de l'Azerbaïdjan.

Ce gouvernement israélien certes, enfin, se modifie et s'élargit depuis quelques heures sous la forme d'un gouvernement d'urgence nationale et d'union nécessaire vis-à-vis des abandonnés du Karabagh et de l'Arménie, ce gouvernement annoncé et attendu aura-t-il une autre politique, contraire à l'idéal de massacres réalisés par M. Alyev ? Souhaitons-le… Souhaitons aussi, pour les mêmes raisons de fournitures d'armes et de soutien à logique malsaine, que le gouvernement ukrainien abandonne lui aussi M. Alyev et ses assassins, ces glaçants tueurs aux identiques méthodes que celles du Hamas.

Hors du gouvernement israélien en pleine tragédie, et de peuples faisant face aux massacres, disons encore ceci : pourquoi face aux mêmes assassinats massifs d'enfants arméniens par M. Alyev, pourquoi face aux identiques décapitations et mises à mort sordides d'innocents enfants, nos institutions internationales (diplomatiques, mondiales et judiciaires, pénales ou militaires) se taisaient-elles, alors qu'elles n'ignoraient rien, puisque des dossiers complets se trouvaient constitués exactement et exactement encore transmis, puisque des plaintes détaillées étaient fournies à l'ONU, à l'Europe institutionnelle, à l'OTAN, aux cours pénales internationales, aux juges si muets et si divers ? Pourquoi ce silence total de mois en mois ? Et qui lui, hélas, dure encore ! Il est, je le redis, très bien de protester, de s'indigner, de dénoncer les massacres d'enfants en cours contre Israël.

Mais nos instances internationales demeurent coupables et sans excuse aucune, elles demeureront comptables jusqu'au Ciel, de leur silence devant la tuerie d'enfants orchestrée au Haut-Karabagh désormais tombé aux mains de sang de M. Alyev, ce boucher qui rend le monde entier muet. Et complice.

Vous comprendrez donc, ce soir, décidément, que : devant ces enfants abandonnés, comme considérés à sacrifices géographiquement négligeables, eux, devant ces décapités sus, tus et oubliés, devant ces victimes si enfantines et si réelles aussi, et internationalement négligées et méprisées, je n'éprouve rien d'autre qu'un total chagrin révolté devant leur sort et l'univers taiseux et veule où ils sont tombés, rien qu'une immense tristesse et un total dégoût, qui vont au-delà de l'incompréhension, qui dépassent aussi une stricte indignation dictée ou rendue par les mots seuls. Les enfants morts ou menacés sont égaux en tout et partout, ils ne devraient subir ni oubli, ni mépris. Ni une indifférence internationale… Quant aux massacres des Innocents, Alyev et Hamas, mêmes bouchers et même combat ignoble. Mais notre silence international aura été moins long…

 


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