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Auto-érotisme et vertus en politique

Auto-érotisme et vertus en politique

Par  

Benjamin Griveaux, candidat malheureux à la Mairie de Paris, très mal engagé dans sa campagne, déjà calamiteuse par de maints aspects (on retiendra le déplacement de la gare de l'Est pour créer un « central park » parisien), a dû se retirer de la course après des vidéos supposées le montrant en train de s'échiner à l'auto-érotisme.

Si le procédé de répandre une vidéo privée n'est pas vraiment élégant voire abjecte, à l'ère des réseaux sociaux, il convient pour quelqu'un souhaitant exercer des responsabilités ne pas se comporter en adolescent à peine pubère travaillé par ses hormones et être prudent quant à ce qu'on met en ligne.

Le responsable de cette situation, c'est d'abord et avant tout monsieur Griveaux lui-même. Quand on songe au slogan placardé sur ses affiches de campagne, on se dit qu'il devait le faire exprès ce n'était pas possible autrement.

La politique atteint en France avec cette épisode le degré zéro. Mais on s'est bien amusé, car le spectacle d'un membre de la caste (si j'ose dire) empêtré dans une affaire aussi ridicule alors que les procédés qu'il n'hésitât pas une seconde à employer contre ses adversaires politiques est jouissif. Et pendant quelques jours la France sera redevenue la Gaule. Il faut bien l'avouer.

Cette caste qui se défend bien maladroitement aujourd'hui en invoquant la crainte de retour des z-heures les plus sombres de notre histoire, la démocratie en péril, emploie régulièrement contre ses adversaires la calomnie, l'injure et la suspicion de tendances atroces.

La question n'est pas de connaître les comportements privés et hypocrites de l'ancien candidat, hypocrite car il n'a de cesse de mettre en avant sa femme et sa famille. Une fois de plus d'ailleurs lors de sa renonciation se voulant déchirante, il nous joua cette partition.

On se souvient de ce que Benjamin Griveaux lui-même disait de François Fillon lui donnant des leçons d'exemplarité. Il vaut mieux éviter les leçons de morale, parfois c'est bien imprudent et on peut subir un retour de bâton un peu plus tard à moins de se comporter réellement exemplairement, ce qui est rarissime il faut bien l'avouer.

L'auteur de ces lignes en sait quelque chose quant à l'usage de procédés calomnieux par les oligarques. Faisant partie de la fonction publique, notoirement de droite et engagé dans « la manif pour tous », il a été accusé abjectement par sa hiérarchie et bien que « blanchi », il a dû subir l'humiliation d'une convocation à la police et d'un déballage de toute sa vie privée. Et on lui fit bien comprendre au niveau de ses « chefs » que c'était à cause de ses prises de position qui relèvent pourtant de sa liberté de conscience mais qui sont insupportables aux oreilles de la caste et ses valets.

Pour autant des politiques pleins de vertus sont-ils forcément souhaitables ?

Le demande-t-on ?

Évidemment que non.Le lecteur se rappellera où mène ce culte de la vertu en politique, il conduit directement à la Terreur révolutionnaire en 1793 ou aux fanatismes actuels et passés. A des bains de sang donc. A « l'incorruptible » Robespierre, à l'archange dévoyé du comité de salut public Saint-Just, à l'infâme Marat, etc.

Un homme politique de la Troisième, Édouard Herriot, débonnaire notable franc-maçon, le disait fort justement, pour être bonne la politique doit être comme l'andouillette et sentir un peu la merde. L'utopie de la vertu omniprésente comme toutes les utopies mène au cauchemar. Qu'elle soit motivée par Dieu ou une idéologie.

Bien entendu en temps de crise, crise morale, crise économique, crise politique comme en ce moment, le peuple est un petit plus sourcilleux sur le comportement de ces dirigeants et les prébendes que ceux-ci se sont toujours généreusement accordés.

Nos plus grands personnages politiques retenus par la postérité historique n'étaient en rien des modèles de moralité et bien loin ce que l'on en retient. Mais il plaçait toujours l'intérêt de ce pays bien au-dessus de tout le reste. Et je ne parle pas de nos rois qui ne pratiquaient que rarement le devoir conjugal avec leur épouse légitime, à quelques exceptions notables près dont Louis XVI toujours injustement désigné comme le cocu type par l'histoire officielle, un brave bon bougre faible. Alors que c'était simplement un roi humain et par là le contraire d'un tyran.

Il ne s'agit pas ici de lancer des mots d'ordre pompeux et pontifiants qui font plaisir sur le moment sans doute mais qui ne mènent à rien, il s'agirait peut-être de revenir à la vraie politique, et à ce que d'aucuns appelaient l'empirisme organisateur, mettant en place le meilleur pour le Bien Commun au-delà des clivages et des camps.

 


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