Clovis Ier, roi de France
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La conversion au christianisme
Lors de Noël d'une année comprise entre 496 et 511, peut-être en 499 ou en 508 selon les auteurs, Clovis passe à la phase des demandeurs (competentes) et reçoit le baptême avec 3000 guerriers et un grand nombre de femmes, parmi lesquelles se trouvent ses deux sœurs (Alboflède et Landechilde), des mains de saint Remi, l'évêque de Reims. Ce chiffre est cependant sujet à caution et l'onction post-baptismale est certainement exclue car il aurait été difficile pour l'évêque de répandre du chrême sur le front de 3 000 personnes.
Baptême de Clovis
Ce baptême est demeuré un événement significatif dans l'histoire de France car à partir d'Henri Ier tous les rois de France, sauf Louis VI, Henri IV et Louis XVIII, sont par la suite sacrés dans la cathédrale de Reims jusqu'au roi Charles X, en 1825. La grande intelligence de Clovis sera d'avoir compris que son pouvoir ne pourrait pas durer sans l'assentiment des peuples romanisés. Pour autant, bien que son baptême catholique représente un pari dangereux, car les Francs considèrent qu'un chef vaut par la protection que lui inspirent les dieux, celui-ci lui permet d’accroître sa légitimité au sein de la population gallo-romaine. En effet, selon l'historien Léon Fleuriot, Clovis fait un pacte avec les Bretons et Armoricains de l'ouest (peuplades gauloises de la péninsule bretonne et du rivage de la Manche) qu'il ne pouvait battre, tandis qu’il était menacé par les Wisigoths. Le baptême étant la condition essentielle pour sceller ce traité car les Bretons sont christianisés depuis longtemps. Cette alliance, conclue en 500 par l'entremise de saint Melaine de Rennes (vers 456 – vers 530, évêque de Rennes à partir de 505) et Saint Paterne de Vannes (premier évêque du diocèse de Vannes au Vème siècle, décédé entre 490 et 511, ce gallo-romain est considéré comme étant un des sept saints fondateurs de la Bretagne), permet aux Bretons de reconnaître l'autorité de Clovis, mais sans lui payer de tribut.
Ainsi, le baptême de Clovis marque le début du lien entre le clergé et la monarchie franque. Pour les monarchistes français, cette continuité se fait française et dure jusqu'au début du XIXème siècle. Dorénavant, le souverain doit régner au nom de Dieu. Ce baptême permet également à Clovis d'asseoir durablement son autorité sur les populations, essentiellement gallo-romaines et chrétiennes, qu'il domine : avec ce baptême, il peut compter sur l'appui du clergé, et vice-versa. Enfin depuis ce baptême, l'historiographie nationaliste française du XIXème siècle attribue aux rois de France le titre, à tort historiquement parlant, de « fils aîné de l'Église ». En effet, en sortant des fonts baptismaux, Clovis se trouve être le seul souverain catholique dans le monde chrétien car l’empereur Anastase a admis des erreurs dangereuses sur l’incarnation divine et les autres rois d’Italie, d’Afrique, d’Espagne et des Gaules se sont, quant à eux, laissé entraîner à l’hérésie d’Arius (né dans les années 250 en Cyrénaïque et mort en 335 ou 336 à Constantinople), est un presbytre, théologien et ascète chrétien dont le ministère se déroule à Alexandrie et dont la pastorale innovante est à l'origine de la doctrine qui porte son nom, l'« arianisme ».
Clovis contre les Burgondes (500)
En ce début de VIème siècle, seules trois puissances exercent leur domination au sud du royaume de Clovis : les Wisigoths au sud-ouest, les Burgondes au sud-est et plus loin, en Italie, les Ostrogoths. Clovis noue des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume sans avoir à affronter une coalition hostile face à lui.
Pour combattre avec succès la plus faible des trois, Clovis conclut deux traités d’alliance offensive, l’un avec Théodoric, son beau-frère, roi d’Italie et des Ostrogoths ; l’autre avec Godegisèle, frère de Gondebaud, et mécontent du partage qui avait été fait de la Bourgogne après la mort de leur père. Gondebaud, dont les États s’étendent alors depuis les Vosges jusqu’aux Alpes et à la mer qui baigne les murs de Marseille, a fait assassiner deux de ses frères, dont l’un était le père de Clotilde, afin de diminuer le nombre de prétendants à la souveraineté. Cependant, sa politique imparfaite permet encore à Godegisèle, le plus jeune de ses frères, de posséder la principauté de Genève ainsi que les villes de Langres, Besançon, Chalon-sur-Saône et Autun. Gondebaud, alarmé de l’esprit de mécontentement et de révolte qui naît dans ses états suite à la conversion de Clovis, rassemble à Lyon les évêques catholiques et ariens afin de tenter, en vain, une conciliation entre les deux confessions ; c’est dans ces circonstances critiques qu’il se voit forcé de se défendre contre Clovis, et qu’il lui présente la bataille sur les bords de la petite rivière d’Ousche, près de Dijon. La désertion de Godegisèle, qui, avant le combat, se range du côté de Clovis avec ses Bourguignons, force Gondebaud à s’enfuir jusqu’en Avignon, où il trouve refuge, et à abandonner au vainqueur Lyon et Vienne.
Clovis établit le siège de la ville d’Avignon mais, les longueurs de celui-ci ainsi que les talents diplomatiques de Gondebaud, aidés par une alliance du roi wisigoth, finissent par renverser la situation. Clovis abandonne Godégisèle pour signer un pacte d’alliance avec Gondebaud afin de lutter contre les Wisigoths. Il lève le siège d’Avignon, peut-être sous la menace d'une attaque wisigothique, et retourne dans ses Etats avec les dépouilles des riches provinces qu’il a traversées en vainqueur. Mais son triomphe est rapidement troublé par la perfidie de Gondebaud, qui, malgré la foi due aux traités, assiège Vienne où s'est retranché Godégisèle et le tue. Le roi de Bourgogne épargne cependant les 5 000 Francs qui étaient retranchés avec son frère, et les envoie prisonniers à Alaric, qui les établit dans les environs de Toulouse.
Par ailleurs, Clovis, qui soupçonne la sincérité de Théodoric à son égard, et qui craint d’avoir à se défendre contre les Wisigoths, est assez sage pour résister à son juste ressentiment ; il accepte l’alliance du roi de Bourgogne, qui s’engage, par un nouveau traité, à l’aider de son armée en cas de guerre.
Enfin, pour manifester l'équilibre de ses alliances, en 502, son fils Thierry épouse en premières noces une princesse rhénane, dont il a un fils, Thibert Ier (né vers 500 et mort en 548), qui, comme son père, régnera sur les parties orientales de l'ancien royaume de Clovis dont la capitale sera Reims, puis en secondes noces Suavegothe, petite-fille de Gondebaud, dont il a une fille, Theodechilde.
Clovis contre les Wisigoths (507)
Cinq ans avant la fin de son règne, et parce qu’il possède déjà tout le nord de la France, Clovis, avec l'appui de l'empereur romain d'Orient Anastase, très inquiet des visées expansionnistes des Goths chrétiens ariens, s'attaque aux Wisigoths qui dominent la majeure partie de la péninsule Ibérique et le Sud-Ouest de la Gaule (la Septimanie ou « Marquisat de Gothie »), jusqu'à la Loire au nord et jusqu'aux Cévennes à l'est.
Pourtant, Théodoric le Grand tente par tous les moyens d’éviter cette confrontation, peut-être pour protéger sa fille aînée, Téodegonde Amalasunta des Amales, épouse du roi wisigoth. En effet, par son entremise, Clovis et Alaric II se rencontrent près d’Amboise où ils se fêtent mutuellement, s’embrassent, et se séparent en se prodiguant les protestations d’une amitié fraternelle mais, bien sûr, les apparences sont trompeuses. De plus, Théodoric cherche par des lettres à négocier avec Clovis, Gondebaud et Alaric, pour prévenir une éventuelle rupture. Le roi des Francs, tout en feignant pour le puissant roi d’Italie un respect filial, hâte ses préparatifs, car il sait que son beau-frère est menacé par l’empereur Anastase et qu’il a besoin de toutes ses troupes. Clovis rassemble les chefs de son armée à Paris, et leur dit : « Souffrirons-nous que des ariens, des hérétiques possèdent les plus belles portions des Gaules ? Marchons contre eux, emparons-nous de leurs fertiles provinces, et partageons-les entre nous. » Tous répondent qu’ils sont prêts à le suivre et jurent de laisser pousser leur barbe jusqu’à ce qu’ils aient vaincu Alaric. Les exhortations de la belle et pieuse Clotilde enflamment encore le courage de ces guerriers.
Ainsi, au printemps 507, sous le commandement de Clovis et de son fils aîné Thierry, l'armée franque franchit la Loire en direction de Poitiers. L'armée des Wisigoths conduite par le roi Alaric II marche au nord pour limiter sa progression en espérant que les Ostrogoths les appuieront, mais ceux-ci sont immobilisés par la menace que l’empereur romain d’Orient fait peser sur leurs terres, sans doute en concertation avec Clovis.
Malgré ses craintes, le roi Alaric II se résout alors à engager le combat. La rencontre a lieu dans la plaine de Vouillé, près de Poitiers. Le combat débute à l'aube, les cavaliers wisigoths emploient sans doute leur tactique habituelle faite de charges successives auxquelles les Francs opposent un mur de francisques.
Un terrible corps à corps commence, jusqu'à ce que le roi Alaric II soit tué par Clovis en personne, qui aurait fondu sur lui au péril de sa vie dès les premiers instants de la lutte. Cet épisode n'est guère surprenant et est probablement conforme à la réalité, car Clovis est considéré par les chroniqueurs contemporains et ultérieurs comme un redoutable guerrier, à l'image de son père.
Comme pour la bataille de Tolbiac contre les Alamans, cette mort apparaît comme un « jugement de Dieu » et marque la débandade des Wisigoths, qui s'enfuient vers le sud, emmenant avec eux Amalaric (né en 502 et mort en 531, et roi wisigoth d'Hispanie et de Septimanie de 511 à 531), l'héritier du royaume. L'infanterie auvergnate, alliée aux Wisigoths et menée par Apollinaire, le fils de Sidoine Apollinaire (homme politique, évêque et écrivain gallo-romain, né à Lyon en 430 et mort à Clermont en 486), ne se rend pas, et se battra avec bravoure jusqu'au dernier homme. En milieu de matinée, la bataille s'achève.
Cette victoire ouvre pour Clovis la route du Midi. Il réussit dès 508 à conquérir Toulouse, ancienne capitale des Wisigoths, puis temporairement le Narbonnais, qui sera repris par les Ostrogoths après l'échec du siège d'Arles. Il s'empare alors de l'Aquitaine, de la Gascogne, du Languedoc et du Limousin, ce qui s'accompagne d'une domination franque toute relative sur l'Auvergne. La Provence est laissée aux soins des alliés burgondes, qui échoueront devant Arles, ce qui conviendra à Clovis, car les Burgondes en resteront affaiblis ; leur chef Gondebaud a vidé son trésor et perdu ses soldats. Les Wisigoths ne conservent plus qu'une partie de la Septimanie — le Languedoc — et de la Provence.
Cette bataille de Vouillé, considérée comme l’une des plus terribles du règne de Clovis par l’historiographie, aura des conséquences lourdes. En effet, Clovis marque d'une empreinte durable les futures frontières de la France car ses successeurs, Mérovingiens, Carolingiens puis Capétiens, pourront se prévaloir d'une suzeraineté plus ou moins effective sur des territoires constituant plus tard le duché d'Aquitaine et le comté de Toulouse.
Campagnes franques en Aquitaine
De plus, dès 508, Clovis installe sa nouvelle capitale à Paris, en lieu et place de Tournai, trop excentrée par rapport aux nouvelles conquêtes. Elle bénéficie en outre de défenses naturelles et d'une bonne situation géographique, Childéric Ier avait tenté de s'en emparer en l'assiégeant à deux reprises, sans succès. Sa localisation correspond à l'actuelle île de la Cité reliée aux rives de la Seine par un pont au nord et un deuxième pont au sud, et protégée par un rempart. De plus, un vaste et riche fisc (terre, forêt ou mine appartenant à la couronne) l'entoure. Elle n'a qu'une importance relative car le royaume franc n'a pas d'administration, ni d'ailleurs aucun des caractères qui fondent un État moderne. C'est la première accession au statut de capitale de l'ancienne Lutèce, qui porte désormais le nom de l'ancien peuple gaulois des Parisii. La ville de Lyon, quant à elle, ancienne « capitale des Gaules », perd définitivement sa suprématie politique dans l’isthme ouest-européen.
Clovis contre les royaumes francs (508 à 511)
Les deux années avant sa mort, Clovis s’emploie à consolider son royaume en s’en prenant directement aux autres royaumes Francs. En effet, comme nous l’avons vu précédemment, il s’empare des Etats de Cararic et le fait mettre à mort, sous prétexte qu’il était resté neutre lors de son expédition contre Syagrius (les historiens ne sont pas d’accord sur l’année au cours de laquelle s’est déroulé cet événement puisque certains avancent la date de 491, tandis que d’autres respectent la chronologie de Grégoire de Tours qui le situe en 510). Par ailleurs, Clovis s'empare du royaume franc de Sigebert le Boiteux, roi de Cologne et des Ripuariens, après l'avoir fait assassiner par l'intermédiaire de son propre fils Clodéric (né vers 485 et mort en 508), lequel périt à son tour après une manœuvre de Clovis, qui étend ainsi son autorité au-delà du Rhin. Clovis tue de sa propre main son cousin Ragnacaire, roi de Cambrai, qui lui avait été si utile dans sa première expédition, ainsi que Richarius son frère, et s’approprie leurs Etats. Il agit de même avec Rignomer, autre frère de Ragnacaire, qui commandait au Mans.
Clovis est désormais le maître d'un unique royaume, correspondant à une portion occidentale de l'ancien Empire romain, allant de la moyenne vallée du Rhin, (l'embouchure du Rhin est toujours aux mains des tribus frisonnes) jusqu'aux Pyrénées, tenues par les Basques. Le royaume de Clovis ne comprend toutefois pas l'île de Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), ni les régions méditerranéennes, ni les vallées du Rhône et de la Saône.
Conquêtes franques en Gaule
Fin de règne de Clovis (511)
En juillet 511, Clovis réunit un concile des Gaules à Orléans, qui prend fin le dimanche 10 juillet. Le concile rassemble trente-deux évêques, et est présidé par l'évêque métropolitain Cyprien de Bordeaux ; la moitié vient du « royaume des Francs ». Au cours de ce concile, Clovis est désigné « Rex Gloriosissimus » et « fils de la Sainte Église catholique » par tous les évêques présents. Pour autant, il ne se pose pas comme chef de l’Église, comme le ferait un roi arien, il préfère coopérer avec celle-ci et n’intervient pas dans les décisions des évêques (même s'il les a convoqués, leur pose des questions, et promulgue les canons du concile).
Le concile d'Orléans
Par ailleurs, ce concile est capital dans l'établissement des relations entre le roi et l'Église catholique car il vise à remettre de l’ordre dans l’épiscopat du royaume des Francs, à faciliter la conversion et l’assimilation des Francs convertis et des ariens, à limiter les incestes (brisant ainsi la tradition germanique matriarcale des clans familiaux endogames), à partager les tâches entre administration et Église, et à restaurer les liens avec la papauté.
Enfin, l’alliance de l’Église chrétienne et du pouvoir, qui a débuté avec le baptême du roi et qui perdure près de quatorze siècles, est un acte politique majeur qui se poursuit car les populations rurales, jusque-là païennes, de plus en plus christianisées, lui font davantage confiance.
Clovis meurt à Paris le 27 novembre 511 à l’âge de 45 ans après 30 ans de règne. On présume qu'il est décédé d'une affection aiguë au bout de 3 semaines. Il laisse quatre fils : Thierry, Clodomir, Childebert, Clotaire, qui se partagent ses Etats, et une fille nommée Clotilde, mariée en 520 à Amalric, roi d’Espagne. Selon la tradition, il aurait été inhumé dans le sacrarium de la basilique des Saints-Apôtres (saint Pierre et saint Paul), future église Sainte-Geneviève, qu'il avait fait construire sur le tombeau même de la sainte tutélaire de la cité, à l'emplacement de l'actuelle rue Clovis (rue qui sépare l'église Saint-Étienne-du-Mont du lycée Henri-IV). Son sarcophage, ainsi que celui de son épouse, ont probablement été posés sur le sol et non enfouis. On ignore ce que sont devenues les tombes du couple royal mais deux hypothèses sont posées : il est possible que les sarcophages aient été enfouis dans le sous-sol au moment où un agrandissement nécessitait son arasement, comme l'illustre l'exemple des tombes princières de la cathédrale de Cologne ou, il est possible que les tombeaux aient été pillés ou détruits à l'occasion des invasions normandes en 845, 850 et 885.