Découvrez la collection Mauvaise Nouvelle, aux Éditions Nouvelle Marge.


De Gaulle : le fil de l’épée

De Gaulle : le fil de l’épée

Par  

C’est en juillet 1932 que Charles de Gaulle, alors commandant, publie Le Fil de l’épée. Réflexion sur l’époque, le rapport entre le politique et le militaire, l’évolution de la société et la place du soldat dans celle-ci, le livre, au moment de critiquer la modernité technique, prend les accents bernanosiens tels qu’entendus dans La France contre les robots : « Aujourd’hui, l’individualisme a tort. Partout se fait jour le besoin de s’associer. En même temps, la forme agglomérée et précipitée de la vie impose à l’atelier, au bureau, dans la rue, une discipline de fait dont la rigueur eût révolté nos pères. Le machinisme et la division du travail font reculer tous les jours l’éclectisme et la fantaisie. Quelles que soient les tâches et les conditions, la force des choses répartit en tranches égales pour tous le labeur et le loisir. L’instruction tend à s’unifier. Les logements sont homothétiques. De Sydney à San Francisco, en passant par Paris, on taille les habits d’après le même patron. Il n’est pas jusqu’aux visages qui ne commencent à se ressembler. Sans conclure, peut-être, avec M. Maeterlinck, que l’humanité tende à la termitière, on voit bien qu’elle désapprouve l’indépendant et l’affranchi. »

Préfigurant sans doute son propre destin, De Gaulle cisèle la figure du grand homme : « Mais, que les évènements deviennent graves, le péril pressant, que le salut commun exige tout à coup l’initiative, le goût du risque, la solidité, aussitôt change la perspective et la justice se fait jour. Une sorte de lame de fond pousse au premier plan l’homme de caractère. On prend son conseil, on loue son talent, on s’en remet à sa valeur. A lui, naturellement, la tâche difficile, l’effort principal, la mission décisive. Tout ce qu’il propose est pris en considération, tout ce qu’il demande, accordé. Au reste, il n’abuse pas et se montre bon prince, du moment qu’on l’invoque. A peine goûte-t-il la saveur de se revanche, car l’action l’absorbe tout entier. Ce recours unanime au Caractère, quand l’évènement l’impose, manifeste l’instinct des hommes. Tous éprouvent, au fond, la valeur suprême d’une pareille puissance. Tous ont le sentiment qu’elle constitue l’élément capital de l’action. Car enfin, s’il faut, suivant Cicéron, « étudier chaque chose dans les exemplaires les plus achevés qu’on en possède », où voit-on qu’une grande œuvre humaine ait été jamais réalisée sans que se soit fait jour la passion d’agir par soi-même d’un homme de caractère ? Alexandre n’eût point conquis l’Asie, ni Galilée démontré le mouvement de la terre, ni Colomb découvert l’Amérique, ni Richelieu restauré l’autorité royale, ni Boileau posé les règles du goût classique, ni Napoléon fondé l’Empire, ni Lesseps percé l’isthme, ni Bismarck réalisé l’unité allemande, ni Clémenceau sauvé la patrie, s’ils avaient cédé aux conseils d’une basse prudence ou aux suggestions d’une lâche modestie. »

Pour sublimer ce caractère si prisé par l’auteur, sans doute faut-il le parer des atours de la maîtrise, de l’intériorité, du silence et fuir le bruit cancanant de la conversation sans fin : « La sobriété du discours accentue le relief de l’attitude. Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuge des faibles, pudeur des orgueilleux et fierté des humbles, prudence des sages et esprit des sots. Pour l’homme qui désire ou qui tremble, le mouvement naturel est de chercher dans les mots un dérivatif à l’angoisse. S’il y cède, c’est qu’il compose avec sa passion ou sa peur. Parler, d’ailleurs, c’est délayer sa pensée, épancher son ardeur, bref c’est se disperser quand l’action exige qu’on se concentre. « J’ai connu, écrit Vigny, des officiers qui s’enfermaient dans un silence de trappiste et dont la bouche ne s’ouvrait que pour laisser passage aux ordres. Sous l’Empire, cette convenance était presque toujours celle des officiers supérieurs et des généraux. »


De Gaulle n'est pas républicain
De Gaulle n'est pas républicain
De Gaulle et les siens
De Gaulle et les siens
Philippe de Gaulle est mort et plus rien n’est gaullien
Philippe de Gaulle est mort et plus rien n’est gaullien

Commentaires


Pseudo :
Mail :
Commentaire :