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Dé-radicalisation : la boîte à idées

Dé-radicalisation : la boîte à idées

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La créativité dont font preuve les politiques au sujet de l'encadrement des djihadistes sur le retour, est la marque patente de leur crasse impuissance. Dans cette agitation, tout nous a été proposé à travers l'Europe, du plus doux au plus dur, de la méthode bisounours à la méthode Robespierre, la violence n'étant jamais totalement absente des démarches, y compris chez les bisounours.

Du suivi psy à la guillotine

Alors que trouve-t-on dans le catalogue des bonnes idées ? Le Danemark a créé un centre de "désintoxication" au djihad. Le principe : apporter dialogue et soutien psychologique à ces personnes fragiles, mais pas seulement. On les aide notamment à retrouver du travail, à reprendre des études et à se dégoter un logement. David Cameron, quant à lui, souhaite systématiser la saisie des passeports de djihadistes, y compris des mineurs, en devenir ou sur le retour. Il envisage même d’empêcher les djihadistes britanniques de revenir sur le sol britannique, pour une durée de deux ans au moins, à moins qu’ils ne s’engagent à suivre un programme très précis de dé-radicalisation.

En France, la députée UMP Valérie Pécresse,invitée de France Info, s'est dite favorable à la création de centres de désendoctrinement où seraient admisles djihadistes revenus en France. Un lieu où on leur apporterait un traitement spécifique pour les empêcher de replonger et d'embrigader d'autres personnes. Le député UMP des Alpes-Maritimes Éric Ciotti avait déposé un amendement qui proposait un système d'internement temporaire pour les islamistes radicaux de retour des zones de combat de Syrie ou d'Irak, calqué sur le système des hospitalisations d'office. Enfin, le député Nicolas Dupont-Aignan propose de "rouvrir Cayenne" pour placer les djihadistes français sous un régime de peine d'exception. L'indignatosphère s'est mise en branle aussitôt. Quant à Jean-Marie Le-Pen, très attaché à la loi du Talion, il propose la «guillotine» pour le djihadiste Maxime Hauchard. Que d’hystérie ! Se dirige-t-on vers un Guantanamo à la française ?

Être ou ne pas être… égorgeur

La proposition de Jean-Marie Le Pen, en remettant à la mode le rasoir de la République, veut régler définitivement le problème des barbus, et présente, il faut l’avouer une certaine efficacité, bête et brutale. Les autres propositions flirtent quant à elles avec la grande utopie. Si on s'intéresse à la plus caricaturale, la niaiserie, c'est à dire le suivi psychologique des terroristes, les discours sont particulièrement épatants dans la logique d'inversion des rôles bourreau-victime. Le diagnostique des humanistes est que nombre de djihadistes reviennent choqués de l'expérience d'appartenir à un collectif d'égorgeurs. Choqués sans doute par le manque de dignité des victimes, par le visage déformé par la souffrance et la terreur, cette sale expression figée sur la tête découpée. Choqués et fatigués d'être obligés de couper des têtes à cause de la prolifération des mécréants. Un peu de repos, souffler, se ressourcer, a du bon, parce que derrière l'égorgeur, il y a tout de même un homme. Cet homme finira peut-être par parvenir à trier ses états d'âme en poussant la réflexion jusqu'à dire : "être ou ne pas être" dans un face à face métaphysique avec la tête fraichement coupée. La prise de tête du djihadiste façon Hamlet…

Avec la deuxième attitude, très "république populaire", de la rééducation, l'imagination s'affole. Je vois un barbu en position du héros d'Orange mécanique, les yeux maintenus grand ouverts grâce à des pinces sur les paupières, un casque à électrodes sur la tête, forcé d'écouter l'hymne à la joie, cette musique pompier de l'humanisme triomphant, forcé de regarder des bisounours asexués fiers de leur arc en ciel sur le nombril, forcer de réciter les droits de l'homme, les principales règles pour trier ses déchets, les commandements du développement durable et de la diversité, etc. Joli tableau ! Quitte à les maintenir dans cette position, ce serait peut-être l'occasion d'appeler le barbier pour leur raccourcir les poils du menton.

Troisième idée : la Guyane ou le Guantanamo à la française. Envoyer l'égorgeur réfléchir à ses actes en le mettant en situation de casser du caillou, de chasser le moustique, me semble plus en phase avec l'idée de pénitence. Cependant la conversion du terroriste au bien triomphant reste très aléatoire, un vœu pieux. D’autant que cette idée risque de faire les choux gras des démocrates de l'extrême-centre, de Bayrou à Louchtchenko, voyant à cette aune la couleur orange revenir à la mode sur la panoplie des bagnards.

Que la république les christianise !

Puisque j'ai évoqué tout le ridicule des propositions de droite et de gauche et du nord au sud, il me faut avouer le fond de ma pensée. Pour dé-radicaliser un ressortissant de la religion des égorgeurs, toutes les valeurs de la République sont vaines, sous dimensionnées, faibles. Que peut faire une morale humaine face à la loi d'un Dieu caractériel ? Pour dé-radicaliser un musulman, il faut simplement qu'il ne reste pas musulman. C'est tout. Vouloir le dé-radicaliser en lui refaisant une relecture du Coran revient à lui demander d'être un moins bon musulman. On le fait régresser sans offrir réellement une autre alternative. C'est bien écrit dans le Coran de faire ce qu'il a fait. Pour dé-radicaliser le bonhomme, il faut se lancer dans ce qu'interdit l'Islam, c'est à dire la théologie, chercher à définir Dieu. Il faudrait partir de toutes les révélations au cours de l’Histoire, repartir de la Genèse et du peuple que Dieu s’est choisi, le peuple juif. Il faudrait remettre Mahomet à sa place dans cette Histoire. Les musulmans les plus conscients, ceux qui se sont aventurés en catimini dans la théologie, savent qu’à la fin, c’est le Christ qui gagne, que l’Islam est peut-être ce mal nécessaire pour que la grâce surabonde. Tant qu’on sera dans l’Histoire, il y aura combat du bien et du mal, projection sur terre de cette lutte. Il faut bien qu’il y ait le mal. Mais revenons à notre souci de la dé-radicalisation des djihadistes. Je propose simplement à notre République, pour être réellement efficace, de les christianiser, de leur faire épouser la religion de l’amour. Un musulman est fait comme les autres, il est fait pour être converti. Ainsi converti, il pourra même changer de camp, passer du statut d’égorgeur, au statut d’égorgé, pour illustrer à la perfection le sacrifice à l’imitation du Christ, sa victoire.


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