Démocratie et 49-3
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Après moultes péripéties, effets de manches et marchandages syndicaux, le gouvernement a finalement décidé d'imposer son texte en engageant sa responsabilité devant l'Assemblée.
Pendant que sur les ruines des promesses oubliées de François Hollande, un quarteron de casseurs tente un lamentable coup d'état sur le peuple de gauche ; pendant que le poulain du Chef de l'Etat lève des fonds en vue de de sa campagne régicide de l'année prochaine ; pendant qu'une ancienne ministre oubliée dans son fief lillois assène un jugement que personne ne lui a demandé sur son camarade Président ; la force de notre régime gaullien impose l'ambiance feutrée du Palais au brouhaha de l'Assemblée.
Par charité, nous ne rappelerons pas qu'en 2006, l'actuel locataire de l'Elysée condamnait fermement l'usage de l'article 49-3. Lorsque Domminique de Villepin utilisa cette arme constitutionnelle : « Le 49-3 est une brutalité. Le 49-3 est un déni de démocratie. » Il est certes banal, qu'un politicien change radicalement d'opinion sur l'exercice du pouvoir une fois aux responsabilité, la question sous-jacente est celle de l'équilibre entre des pouvoirs de l'exécutif et du législatif. Le général de Gaulle a voulu une Vème République qui donne la primauté à l'exécutif, cet ascendant a été renforcé à l'extrême avec l'instauration du quinquennat et l'élection de nos députés dans le sillage de celle du Président de la République. Peut-être l'instauration du quiquennat aurait-elle dû être accompagnée d'une réduction de l'ascendant du Gouvernement sur l'Assemblée, ce n'a pas été le cas. Quoi qu'il en soit, la véritable problématique n'est pas de savoir s'il est légitime d'utiliser toutes les possibilités qu'offre notre constitution mais de savoir si celles-ci sont intrinsèquement légitimes.
La question du régime et des institutions n'est pas un faux débat, quoique dans la conjoncture actuelle, la priorité de l'action publique semble plus volontiers devoir s'orienter vers les impératifs économiques et sociaux. Il parait toutefois particulièrement étrange que l'extrême minorité, que représente aujourd'hui l'extrême gauche, veuille imposer ses vues à la majorité au nom de la démocratie.
Ironie ultime de ces idéalistes de la démocratie - ceux-là même qui accusaient en son temps Nicolas Sarkozy de ne pas être démocrate - nul n'observa que celui-ci fut le seul Président de la République dont aucun gouvernment ne fit usage de cet article tant décrié de notre texte fondamental, ni que la révision constitutionnelle qu'il voulut en réduit l'usage. Comme si la triste réalité devait toujours s'éclipser devant une imagerie idéologue quasi-nord-coréenne, aucun parmi eux ne concède que les héritiers du gaullisme tendent à atténuer le caractère autoritaire du régime de leurs pères, tandis que les enfants du mitterrandisme semblent toujours murmurer « Les institutions ont été dangereuses avant moi et le redeviendront après moi », cependant qu'ils oublient les écoutes de l'Elysée et les innombrables assignations à résidence de l'état d'urgence.