Des caméras dans les abattoirs ou la téléréalité pour les bêtes
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Depuis que l’humaniste ne parvient plus à faire adhérer pleinement à son refrain : il serait tellement bien que l’homme s’aime, depuis le temps qu’il sème son malheur… Le voilà qui se penche avec détermination sur la condition de fin de vie de nos plus grands mammifères destinés à remplir nos assiettes et nos estomacs. Jeudi 12 janvier à l’heure où la nuit se pose, avant que les ventres ne gargouillent vraiment, nos représentants de la nation ont voté en première lecture la vidéosurveillance obligatoire dans les abattoirs à partir du 1er janvier 2018. Nous voilà rassurés, il y a donc encore un cœur d’enfant qui bat dans ces bêtes politiques. A l’heure où la mondialisation du capitalisme ne cesse de nier toujours plus la personne humaine, il en est qui font reculer la barbarie.
Les caméras de nos abattoirs représentent la mesure phare de la première proposition de loi « relative au respect de l’animal en abattoir ». Le but ? Accroître la transparence et le contrôle dans les 960 établissements français de découpe. Pour aller jusqu’au bout de la logique, je propose que les vidéos de ces lofts story animales soient directement diffusées dans les restaurant. Histoire que l’on ait bien en tête que le nugget est le produit de sortie de ces poussins jetés vivants dans le broyeur par exemple. Mais mettons nous à la place de ce bétail, se sachant aller à l’abattoir, et se sachant de surcroit filmé désormais. Il y a de quoi cultiver la terreur chez la bête. Espérons qu’aucune retransmission n’ait lieu en direct sur le lieu du carnage…
Sentant que le lecteur ne parvient pas vraiment à comprendre où le mène mon ironie, je m’en vais éclaircir ma pensée. Comme d’habitude avec les caméras, on ne règle rien. Les caméras dans les quartiers sensibles n’ont pas réglé le problème du trafic de drogue, et pour cause le gouvernement n’a jamais véritablement souhaité abolir l’économie souterraine qui lui garantit la paix civile entre les trafiquants issus de l’immigration et les consommateurs céfranc de chez céfranc.
- De même, les caméras dans les abattoirs ne remettront pas en cause cette société de consommation qui nous a forcés à industrialiser la mort du bétail, mais aussi sa naissance, son élevage, son engraissage. Ces cameras nous feront « consommer autrement » et surtout nous feront consommer de la « bonne conscience ». Le capitalisme peut continuer de tranquillement culpabiliser le consommateur à chacune de ses mutations.
- De même, les caméras dans les abattoirs ne remettront pas en cause ceux qui placent la charria avant les bœufs, leur dignité animale, nous ne remettrons pas en cause cette société multiculturelle où on cale ses pratiques sur le plus superstitieux et fétichiste selon la loi du marché encore une fois.
- De même, les caméras dans les abattoirs ne nous permettront pas de remettre en cause nos pratiques sur les humains. Il y a quelques mois, on s’indignait dans les rangs des humanistes de l’abattage de vaches avec leur fœtus… Je suggère aujourd’hui que l’on mette aussi des caméras dans les centres d’orthogénie, où l’euphémisme du nom devrait cacher une boucherie humaine réelle avec les embryons de la femme…