Fraisse : ni crime, ni délit
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Et sans haine ?
Le 26 octobre 2014, quelques quarterons d'activistes manifestaient pour contester la décision du conseil général du Tarn de construire un barrage à Sivens. La gendarmerie dénombrait quelque 5.000 participants, les organisateurs 2.000. Face aux violences dont ils furent la cible, et pour rétablir l'ordre, les forces de Gendarmerie mobile utilisèrent des grenades offensives ; l'une d'elle tua Rémi Fraisse.
Près de trois ans plus tard, le 20 juin 2017, le Procureur de la République a Toulouse a requis un non-lieu général. La mort de Rémi Fraisse serait une tragédie, en particulier dans tout ce qu'elle doit à la fatalité.
Pourtant le Procureur, qui argue de la proportionnalité de la réponse des militaires, reconnaît le caractère absolument pacifiste de la victime. La raideur et l'ignominie de sa conclusion "Une manifestation pacifique, à bonne distance des forces de l’ordre qui avaient reçu une consigne d’apaisement, n’aurait jamais dégénéré." rejettent toute la responsabilité du drame sur l'agressivité générale des manifestants, comme si la violence de quelques-uns justifiait la mort d'un autre. En osant pareille insinuation, le Parquet, pourtant défenseur de la Loi, nie un principe fondamental du droit : la responsabilité individuelle.
Le récit sidérant de cette nuit sinistre soulève néanmoins de sérieux doutes quant à l'absence totale de responsabilités :
- au cœur d'une nuit, où les quelques sources de lumière n'éclairent "pas suffisamment pour voir l'ensemble des manifestants", un militaire - conscient de la responsabilité qui pèse sur la décision d'engagement du feu - peut-il en conscience faire usage de la force à l'encontre de civils, sans maîtriser tout à fait la direction de son tir ?
- la chaîne de commandement militaire a-t-elle convenablement transmis les ordres "d'appaisement" de la place Beauveau, au regard du lourd arsenal qui fut utilisé : 237 lacrymogènes, 41 balles de défense, 38 grenades mixtes et 23 offensives ?
- enfin, dans une démocratie, est-il concevable de laisser la seule responsabilité des moyens à engager pour maintenir ou rétablir l'ordre aux seules forces armées, et qu'aucune autorité civile ne juge nécessaire sa présence sur les lieux de troubles prévisibles ?