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Hollande s'attaque au mille-feuilles

Hollande s'attaque au mille-feuilles

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Cette semaine, François Hollande a annoncé une accélération du calendrier de la réforme territoriale qu'il fixe en 2016, un mois après que son Premier Ministre l'a annoncée pour 2021 pour obtenir la confiance de l'Assemblée Nationale. Bien avant lui, le Général de Gaulle avait voulu engager la France dans cette voie, la voie d'une administration plus proche des territoires, comme notre pays l'avait jadis connu avec les Capitouls ou le Parlement de Bretagne par exemple. Lors de ce qui fut la seule consultation du Peuple à propos de la décentralisation, les Français avaient répondu « non » à l'Homme du 18 juin. Le Peuple est jacobin, il faudra bien s'y faire : « Les Hommes haïssent quelquefois les dépositaires du pouvoir, mais ils aiment et respectent ce pouvoir. »1 et « dans les siècles démocratiques […] la centralisation [est] le gouvernement naturel »2. Contrairement à de Gaulle, Hollande n'aura pas toutefois l'audace de s'en remettre aux Français et de proposer sa réforme au référendum. Ce précédent a toutefois la vertu de prouver qu'il est possible de donner la parole aux Français sur ce sujet : impossible, cette fois, de se cacher derrière un petit doigt constitutionnel à l'interprétation étriquée, pour nier la possibilité du référendum, comme ce fut le cas avec le mariage gay.

En vérité, ce sont les hommes politiques, et eux seuls, qui veulent la décentralisation mais pour de moins nobles raisons que le Général. Depuis longtemps, de tout bord ils regrettent le mille-feuilles territorial sans jamais y mettre fin. Peut-être que le plaisir de mordre amoureusement dans ce gâteau, en faisant ressortir de tous les côtés en abondante crème qui retombe sur les amis, y est pour quelque chose. De là à penser que la suppression de départements trop ruraux au profil de métropoles, plus enclines à voter socialiste, est un moyen de conserver la crème à gauche, il n'y a qu'un pas qui serait aisé de franchir. Seul Nicolas Sarkozy avait tenté, fin 2010, probablement trop timidement, de défricher cette jungle administrative par la suppression de la clause de compétence générale. Cette denière permet à chaque échelon territorial de se saisir de n'importe quel sujet, générant au passage de nombreux doublons entre communes, départements et régions. Malheureusement, en janvier 2014, Hollande rétablissait cette disposition… pendant qu'Ayrault évoquait sa possible suppression dans une loi suivante !

Enfin, il est à craindre que cette réforme sortie de nulle-part soit également, comme le signale Jean-François Copé, une pitoyable tentative de tripatouillage électoral, puisque les élections régionales de 2015 pourraient être repoussées d'un an. Gare cependant au retour de bâton : une lourde défaite aux régionnales à un an de l'élections présidentielle pourrait gêner la campagne de François Hollande. À moins que celui-ci se découvre toujours plus cynique : avec une large victoire de droite en 2016, l'UMP, vent en poupe, ne jugerait pas nécessaire de se tourner vers Nicolas Sarkozy. Dans cette hypothèse, un centriste, Alain Juppé par exemple, serait probablement désigné candidat et Hollande pourrait affronter Marine Le Pen au second tour de la Présidentielle. Attention Icare, pas sûr que les Français voit en toi un Républicain, comme il le voyait en Jacques Chirac.

  1. Tocqueville, De la démocratie en Amérique,
  2. ibidem

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