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L'État-Major se rebelle

L'État-Major se rebelle

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Le Canard enchaîné révèlait cette semaine la résolution de plusieurs figures de l'État-Major de démissionner en cas de nouvelle baisse du budget de la Défense.

C'est Xavier Bertrand qui avait révélé, il y a une quizaine de jours, l'intention du Gouvernement de mettre les armées à contribution pour boucler le plan d'économie de 50 milliards d'euros. Après cette annonce, le Chef d'État-Major de l'Armée de Terre (Bertrand Ract Madoux), celui de la Marine (Bernard Rogel) et celui de l'Armée de l'Air (Denis Mercier), le Chef d'État-Major des Armées (Pierre de Villiers) et même Jean-Luc Le Drian, le Ministre de la Défense, menacent de quitter leurs postes respectifs si le plan devait être réellement appliqué. Le Chef de l'État étant ce qu'il est de nos jours, ce "quarteron de généraux" semble sur le point d'emporter son bras de fer avec le politique.

La place de la France en question

En dépit de sa proximité avec François Hollande, le Ministre de la Défense et son cabinet semblent ne pas avoir été informés des économies qui se préparaient dans les couloirs de Bercy. Le projet de restriction budgétaire n'est pourtant pas anodin puisqu'il avoisinnait les 20 %. Entre ses deux soutiens de toujours, MM. Sapin et Le Drian, le locataire de l'Élysée a donc choisi. Ce choix est celui des finances plutôt que de l'influence internationale. Celui qui prétend redonner sa souveraineté à notre pays par la résorption de la dette veut pour cela lui retirer tous les attributs de la puissance. Étrange paradoxe.

Le plus étonant est que l'exécutif qui préparait ce plan est, dans le même temps, un des plus va-t-en-guerre que nous ayons connu. Serval au Mali, Sangaris en Certafrique mais aussi Épervier au Tchad, Licorne en Côte d'Ivoire ou la Finul au Liban, les opérations extérieures françaises sont portées par l'engagement de plus de 7.000 hommes à des milliers de kilomètres de notre territoire. Une nouvelle, et énième, diminution des budgets militaires ne permettrait pas raisonnablement de maintenir l'influence de la France sur tous ces théâtres ; c'est le poids et l'autorité de notre Nation sur la scène diplomatique qui seraient finalement réduite.

L'État-Major de la rébellion

La "grande muette" est d'ordinaire peu loquace, c'est dire la performance de l'exécutif. Déjà en son temps, Lionel Jospin, alors Premier Ministre, avait fait descendre les gendarmes dans les rues. C'était en 2001, outrepassant leur devoir de réserve, s'arrogeant même de facto le droit de grève, une frange significative de la gendarmerie avait fait plié le Gouvernement. L'autorité ne s'apprend pas. Il semble que toujours l'Armée le fera comprendre aux Socialistes. Gazer Mme Boutin est une chose, faire marcher les militaires au pas en est une autre. Contrairement aux députés socialistes, nos généraux ne sont, heureusement, pas des godillots.

L'effet est encore plus désastreux pour l'autorité et la crédibilité du pouvoir, lorsque la Fronde part de la tête, comme c'est le cas aujourd'hui. Il faut dire que ce nouveau projet de contraction des dépenses militaires arrive après plus de 20 ans de baisse continue des budgets. À cela s'ajoute, depuis 3 ans, l'exaspération de la troupe suite aux ratés du logiciel de paie Louvois. Ce sera donc un moindre mal si la crise de confiance qui traverse nos Armées se dégonfle rapidement.

Si certains ont pu, naïvement, croire que la chute du mur de Berlin marquait la fin de tout affrontement et la fin des guerres, il est absolument illusoire dans le monde que nous connaissons de penser qu'un grand pays peut se passer d'une Armée digne de sa grandeur.


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