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La petite fille Désespérance

La petite fille Désespérance

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Le poème de Charles Péguy, « La petite fille Espérance », appartient à un monde révolu. Le mystère de cette deuxième vertu a disparu de nos cœurs. Dieu lui-même ne s’étonne plus de rien et semble revenu de tout.

Dans son discours des Invalides, Hollande a défini le seul mode de vie héroïque pour les nouvelles générations : faire la fête, aller au spectacle, boire et jouir : « panem et circenses ».

Après les attentats du 13 novembre 2015, aucune critique de la société de la jouissance ne sera plus admise, sinon au risque d’être immédiatement amalgamée à l’impur qui abreuve nos sillons. Le terrorisme du spectacle démultipliera la liberté des mœurs et la tolérance humaniste justifiera toutes les dépravations. Le vice sera une stratégie de résistance à l’ennemi.

Qu’est-ce qu’un terroriste ? Un mec qui ne se bourre jamais la gueule, qui ne baise pas comme une bête et qui n’aime ni la zizique ni le foot.

Le Paris prophétisé par Hollande deviendra un immense lupanar où les foules réjouies s’égaieront dans un vomi d’effluve métissée. La fête républicaine sera une bombance sans tabou, un feu d’artifice bleu blanc rouge. Les murs seront badigeonnés du stupre de la liberté. De grandes soûlographies nationales seront organisées, sous la protection de la police et de l’armée. Tout citoyen triste deviendra suspect. À chaque coin de rue retentiront les rires des militants gastéropodes. Durant les week-ends, les cafés ne désempliront pas, le chômage ne changera rien à l’affaire. Les esclaves volontaires déferleront par milliers dans les artères alcoolisées de la capitale. Dans un long baiser dyslexique, les haleines des vieillards se mêleront aux fraîcheurs des souffles avinés, sans différence de sexe ni de religion, au milieu de la liesse citadine. Tout semblera triomphal, victorieux, fier d’être français. Les rues seront inondées de lumière. Tous les résistants s’enivreront dans l’allégresse. Les femmes se soûleront égalitairement aux hommes et des petites filles de rien du tout porteront haut l’étendard citoyen de la débauche.

Jeunesse de France, tu vieilliras en sirotant des bières en hommage aux morts du Bataclan : tu es le visage de la France, la petite fille Désespérance !


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