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Le véritable clivage français

Le véritable clivage français

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Que l'on ait ou non de la sympathie pour Emmanuel Macron, ce n'est pas mon cas, force est de constater qu'il a parfaitement raison sur le sujet du clivage politique droite, gauche. Ce clivage n'existe plus réellement, il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre les convictions de la droite dite de gouvernement et celles de la gauche sociétale. On se demande même quand ce clivage a réellement existé puisqu'à l'origine, il différenciait les révolutionnaires pressés qui étaient à gauche de ceux qui l'étaient moins, placés à droite. Au centre se trouvaient déjà tous ceux se plaçant du côté du plus fort. Au centre se trouvaient déjà tous ceux se plaçant du côté du plus fort.

Le vrai clivage n'est pas là, ne l'a jamais été, il est entre le « pays réel » et le « pays légal ». Je sais que ce concept a été forgé par Charles Maurras, un des fondateurs de « l'Action Française » maintenant frappé d'indignité nationale, et donc par là même de l'anathème des arbitres des élégances culturelles et politiques, mais il est toujours pourtant totalement pertinent et d'une actualité on ne peut plus brûlante.

Le « pays légal », c'est celui des pseudo-élites, des oligarques, des plus favorisés matériellement qui ont accédé au pouvoir à la faveur de la révolution et l'ont gardé depuis la mascarade de la « Nuit du 4 Août » (rappelons que les fameux « privilèges » abolis étaient surtout les spécificités de chaque province royale). Ils connaissent les réseaux, savent les utiliser pour favoriser la reproduction sociale et la pérennité de leurs richesses. Le « pays légal » n'est ni de droite, ni de gauche. Parfois l'on y coopte un citoyen du « pays réel » docile. On évoque alors les vertus de la « méritocratie républicaine ».

Le « pays légal » a « ses » pauvres ainsi que le constate Christophe Guilluy dans son atlas des nouvelles fractures sociales, des salariés parfois travaillant pour lui la plupart du temps « issus de la diversité » selon la formule consacrée, et hypocrite. Autant d'alibis…

Le « pays réel » ce sont tous les autres français, et en particulier cette « France périphérique » évoquée par le même Guilluy dans le livre portant ce titre : les citoyens trop « riches » pour avoir accès à l'aide sociale, trop pauvres pour s'en passer. C'est la France de province, des régions, des communes rurales quasiment abandonnées, laissées à l'encan, des jeunes ruraux livrés à eux-mêmes et méprisés. C'est la France des électeurs du Front National, qualifiés rapidement de « franchouillards » ou de « ploucs » voire de nostalgiques des ordres noirs ce qui évitera de chercher à comprendre leur colère pourtant légitime.

Le « pays légal » est régulièrement apparemment remis en cause et contesté, ainsi au moment des « Régionales » l'année dernière. Et puis tout finit par rentrer dans leur ordre, leur ordre, celui de nos vrais maîtres. Sa contestation vient parfois de l'intérieur, ainsi « Nuit debout » dont les participants sont tous issus du « pays légal », ce sont ses purs enfants qui font leur crise de puberté, de révolte adolescente, et puis ils verront les avantages de faire partie du « pays légal ». On peut s'effarer de la naïveté de certains catholiques et personnes de droite faisant preuve d'une certaine mansuétude envers ce « mouvement » de petits morveux rebelles, tout cela car on a vu une dominicaine et une franciscaine discuter la mine extatique avec des gosses de « Nuit debout ».

Le « pays légal » est prêt à tout pour conserver son assise et ses privilèges matériels, réellement à tout. On constate qu'à son avidité pour les biens de ce monde, il rajoute depuis quelques décennies des prétentions culturelles. Il bénéficie de l'étrange apathie du peuple de France se préoccupant surtout comme tous les peuples des pays dits développés, de consommer les biens et les êtres, quitte à renoncer à son libre-arbitre afin de pouvoir continuer à le faire. A droite en particulier, la droite de droite, l'on nous promet depuis des lustres que « l'on va voir ce que l'on va voir » aux prochaines élections et rien ne se passe, rien ne change, le peuple continuant de plébisciter, certes en se faisant un peu tirer l'oreille, les mêmes gouvernants encore et toujours.


10 ans, 20 ans maxi … et tout bascule
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La fin du clivage traditionnel
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