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Un fils de la nation

Un fils de la nation

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Jean-Marie Le Pen a écrit ses Mémoires. Dans le tome 1, Fils de la nation, il relate la première partie de sa vie haute en aventures militaires et politiques. En voici quelques extraits dans cette chronique.

« Né entre deux guerres énormes, 14 et 39 », son adolescence pendant la seconde guerre mondiale fut difficile : « Pour les spartiates affamés que nous étions, les fêtes étaient l’occasion de « manger plein son ventre », de transgresser les règles ordinaires d’une lésine que dictait la peur ancestrale de la disette […] La vie de nos parents serait trop dure pour les sybarites que nous sommes devenus. »

Avant d’être élu président de la Corpo de droit à Assas et de profiter des réseaux de relations utiles, le pupille de la nation enchaîna de nombreux petits boulots : ambulant des PTT, mineur de fond, métreur d’appartement, marin pêcheur. Il se souvient de sa jeunesse où l’Eglise donnait le ton de la vie sociale, où « on accordait à Dieu au moins les grandes occasions de la vie – dont la mort », où « l’école du diable ne dispensait pas l’évangile selon Saint Marx ni les sottises mortelles du pédagogisme qu’elle répand aujourd’hui. » Un temps où l’école et l’Eglise se retrouvaient pour célébrer le culte de la patrie : « La religion catholique, la famille et la patrie se trouvaient liés dans le culte des morts. La Grande Guerre avait fait l’union sacrée dans les cimetières. Les combats fratricides de la laïcité avaient été surmontés dans la fraternité des tranchées. Le culte des morts pour la France me paraissait alors, et me semble toujours, un des éléments fondateurs de la patrie, comme l’est aussi le respect des Français à naître : le peuple du passé donne la main à celui de l’avenir. »

Sa sympathie allant aux traditionalistes, Le Pen explique en quoi l’Eglise qui a dérivé vers Vatican II a commis deux fautes : « La première est politique. Elle s’est alignée une nouvelle fois sur les puissants. En l’espèce, les syndicats, les partis de gauche, le prolétariat, au moment où le marxisme, disons même le communisme, avait le vent en poupe partout dans le monde. La deuxième faute de l’Eglise à tendance moderniste, la plus grave, fut de renoncer largement au sacré. »

Sur le chapitre de la seconde guerre mondiale, le vieux loup de mer donne sa vision de la thèse du glaive et du bouclier contre les Allemands, alors largement répandue dans l’opinion  : « De Gaulle affirma dès ses premiers messages la conviction que les Alliés, avec les ressources de leurs empires et l’Amérique, finiraient par gagner la guerre. Fondée sur l’observation de l’histoire, cette intuition était bonne, et l’évènement la confirma. Mais cela entraîne-t-il ipso facto que l’action de Vichy fut inutile, voire répréhensible ? Nullement. Cela signifie moins encore que les citoyens et militaires français étaient fondés à désobéir au gouvernement du maréchal Pétain. Celui-ci était légal et légitime, il avait passé avec le Reich un acte régulier et contraignant. La France y était engagée, les Français avec elle. Elle était liée par la draconienne convention d’armistice : le Maréchal avait l’écrasante responsabilité de s’en accommoder pour permettre à quarante millions de compatriotes de survivre […] Que l’on puisse discuter ensuite de la politique de collaboration, de ses fautes, de ses excès, à condition qu’on examine les fautes et les excès de tous, je le veux bien, mais cela ne remet pas en cause ce que je viens de décrire. En somme, l’histoire a avalisé le jugement militaire du général De Gaulle mais cela ne délégitime pas pour autant l’action politique du maréchal Pétain ni la position morale des Français qui l’on suivi. Si De Gaulle a eu la vista, Pétain n’a pas manqué à l’honneur en signant l’armistice. »

Le concept de résistancialisme, selon lequel ce n’étaient pas ses actes au service de la France qui définissaient le résistant mais son adhésion à un credo politique, celui du communisme, a été établi à travers son livre Les crimes masqués du résistancialisme par Jean-Marie Desgranges, prêtre, résistant et député du Morbihan, auquel Le Pen fait allusion : « Le tribunal résistancialiste s’appuyait sur quelques dogmes – sur quelques mythes. Celui du méchant collaborateur fonda son pouvoir. De même que le maréchal Pétain devait être un traitre pour que De Gaulle devienne un sauveur, de même fallait-il que la France grouillât de collaborateurs à juguler pour que les archanges résistancialistes pussent prendre le pouvoir. » Les meurtres et les pillages de l’épuration furent épouvantables. Les retrouvailles de la Patrie déchirée n’eurent pas lieu. Une démentielle curée s’exerça, tout était bon pour prendre les places, les journaux, les appartements, à l’intérieur de la fonction publique, dans le spectacle, le journalisme, « partout, médiocres et ratés repeints en patriotes exigeaient leur part de gâteau. »

Sur le caractère criminogène du communisme, Le Pen renchérit encore et toujours : « Qui peut nier que le communisme fut de 1917 à 1989 l’un des faits principaux de l’histoire du monde ? Qu’il fut la grande question du XXème siècle ? C’est clair, avec le recul du temps, ce fut le totalitarisme le plus long et le plus sanglant de l’histoire, à ce jour. Le Cambodge, l’Ukraine, la Chine, les goulags, le Laogaï, notamment, en témoignent. C’est le plus grand pourvoyeur connu de misère, d’oppression et de mort. J’ai fait partie de ceux qui ont eu raison contre les compagnons de route qui tenaient d’imposer une image flatteuse et fausse de cette horreur. »

Avec l’Indochine, Dien Bien Phu en 1954, puis la chute de Saïgon et de Phnom Penh en 1975, c’est l’abandon de peuples réduits à l’esclavage de la barbarie communiste que le vieil homme fustige, ces mondes engloutis d’un seul coup, cette inexorable plongée dans les ténèbres pour des hommes et des femmes qui furent nos amis dans l’histoire. Il y eut aussi l’épisode de l’Algérie dans lequel s’immergea Le Pen. Mêmes causes, mêmes effets. Même aventure commune, même abandon aux communistes, ceux du FLN cette fois…

Le chantre de la préférence nationale qui se battit pour maintenir l’empire français met les choses au point sur le sujet de l’immigration : « Ce n’est pas par haine des Algériens, ou des Marocains, ou des Sénégalais, que j’ai combattu la politique d’immigration de la Cinquième République à partir des années soixante-dix, mais par amour de la France. Et ce sont les gaullistes, et avec eux la gauche qui les a soutenus, qui se sont mis en contradiction avec leurs principes. Puisqu’ils venaient de séparer le destin de la métropole d’avec celui des peuples de son empire chez eux, au nom de quoi le renouer subrepticement chez elle ? Après avoir coupé un fil au nom de l’anticolonialisme, pourquoi le renouer en installant des colonies étrangères en France ? »

 


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