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Valls la tête dans les nuages

Valls la tête dans les nuages

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Après cinq jours de polémique, Manuel Valls a conclu un feuilleton peu glorieux pour la politique française en annonçant qu'il rembourserait le coût du transport de ses enfants, jusqu'à Berlin où avait lieu la finale de la Coupe d'Europe de Football, dans un avion de la République. Le Premier Ministre n'a reconnu aucune faute, bien qu'il ait concédé que « si c’était à refaire, [il] ne le referai[t] pas ».

Rendez l'argent !

Les moyens de transport mis à disposition de l'exécutif le sont pour des raisons évidentes de sécurité (avec toutes les implications pour la continuité de l'État que cela implique), Manuel Valls n'est donc pas illégitime à les utiliser.
Au contraire, un mode de transport alternatif serait davantage coûteux pour les finances, puisqu'en l'avion doit suivre pour pouvoir rapatrier rapidement le responsable en cas de nécessité. C'est ainsi, notamment, que le premier départ en vacances du président Hollande par le TGV et devant nombre de caméras, est revenu beaucoup plus cher au Contribuable qu'un trajet dans un avion de l'État.

Le coût du trajet n'est d'ailleurs pas exorbitant en lui-même. Le chiffre évoqué, 19.000 €, représente beaucoup d'argent pour énormément de personnes (plus d'un an de SMIC) mais il reste fort modeste à côté de notre dette publique qui a dépassé les 2.000 milliards d'euros. Que Manuel Valls ait, ou non, fait embarquer ses enfants avec lui, n'a en outre qu'une influence marginale sur le coût global du vol.

Au-delà du chiffre, certains laissent entendre que cette histoire traduit la déconnexion de Manuel Valls, comme d'autres responsables politiques avant lui, de la réalité de la vie des Français. Mais, soyons francs, un énarque tel que François Hollande ou même un "simple" diplômé de la Sorbonne comme Manuel Vall peuvent-ils à un quelconque moment de leur carrière vivre ce qu'est la vie de la majorité de leur concitoyens ? Au contraire, parmi les élites de notre pays, les hommes politiques sont par leur position les plus contraints de garder contact avec la réalité ; ils sont loin notamment de l'indécence des salaires de certains grands patrons.

Le Mensonge

Le noeud de la crise ne repose pas sur le coût pour les finances publiques du déplacement, mais sur la gestion douteuse de la crise par la majorité et Valls lui-même. Celui-ci a chronologiquement :

  1. argué d'un rendez-vous avec le patron de l'UEFA, Michel Platini, alors que cet entretien n'apparaissait ni sur l'agenda de Matignon, ni sur celui de Platini ;
  2. défendu son déplacement comme celui d'un supporter passionné du FC Bardelone et fustigé une France qui ne comprend pas sa passion ;
  3. maintenu que son déplacement était officiel et donc justifié, tout en annonçant rembourser le coût du transport de ses enfants qui l'accompagnaient.

Pour une classe politique absolument décridibilisée, ces petits mensonges qui ne cachent rien sont mortifères et font (au risque de dire une banaliré) le lit de mouvements extrémistes ; les Français ne les supportent plus.

Depuis des années, l'opinion publique française s'américanise progressivement. Alors que des mensonges abracadabrantesques passaient quasi inaperçu du temps des derniers présidents du Septennat, le délit de mensonge - quasi parjure lorsqu'il est prononcé devant l'Assemblée Nationale, comme le fit Jérôme Cahuzac - s'insinue peu à peu dans les esprits. Bientôt nous ne retiendrons plus de nos politiques que les mensonges, et non les larcins d'une petitesse à la mesure de leur sens de l'État. Il y a bientôt vingt ans, Bill Clinton fut davantage critiqué, dans son pays, pour avoir menti sous serment que pour le fond de l'affaire Lewinsky. Nous en sommes proches.

 *

La seule interrogation, qui résiste véritablement à l'analyse et que (pour une fois) personne n'évoque, est finalement celle du conflit d'intérêt. En effet, dans quelle position peut bien se trouver Manuel Valls face à Michel Platini quand l'UEFA offre à ses enfants l'accès à la finale de la Coupe d'Europe ? La France, comme la Suisse ou les États-Unis, pourrait-elle ne pas fermer les yeux devant les scandales de corruption dans le football, si l'on découvrait que ceux-ci ont aussi eu lieu sur notre sol ?


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