FÉLONIE

Je me sens comme un grand secret

Accoudé au cyber café

Comme un enfant qui s'aperçoit

Que Santa est mort sur les toits.

 

Je me sens comme le pauvre Abel

Fixant Caïn de ses prunelles

Comme la douce amante Psyché

Trouvant d'Éros l'identité.

 

Je suis tel un cheval de trait

Devant les tracteurs aux labours

Tel le chien fidèle attaché

Sur l'aire de repos des amours.

 

Comme un poisson pris à l'hameçon

Je lutte contre ta trahison

Même Jésus préparé à ça

A pleuré en voyant Judas…

 

Je me sens comme un firmament

Endeuillé par l'étoile filante

Comme un condamné innocent

Lapidé par une foule chantante.

 

Je me sens comme ces hommes en armes

Qu'on abreuve de fausses idées

Comme un ventre brûlant de femme

Que délaisse la fécondité…

 

Je suis tel un chêne ancestral

Mordu par la lame fatale

Telle la fille qu'on offre à une secte

Sur les draps d'un guru abject.

 

Comme un poisson pris à l'hameçon

Je lutte contre ta trahison

Même Jésus préparé à ça

A pleuré en voyant Judas…

 

Je me sens comme l'homme de couleur

Qui visite la Louisiane

Comme un subtil parfum de fleur

Qu'une peau de mégère profane…

 

Je me sens comme le grand Hugo

Perdant son enfant dans les eaux,

Comme un papillon éphémère

Qui s'éteint sur une lumière…