L'âme en tension

La grandeur, le silence, la beauté
de l'océan !
Mais à de nombreux endroits :
Ses limites !
Jusqu'où peut-il aller ?
Va t'il déborder et pouvoir s'étendre ?
Je rêve de le voir, en grondant,
se répandre,
Déferler sous mes pieds
Et effleurer les bords
De ma lourde carcasse.
Cette fragile bouteille
Jetée maintes fois
À la mer…

Parfois, à l'intérieur,
Mon âme s'abandonne
Et se laisse dériver
Sur les récifs
Du parcours…
Alors toute ma chair fond
Et je vois
Et perçois…
Et tout mon être se perd
Dans les flux et reflux
De l'amour…
Laissant joncher derrière lui
Mes abats,
Sur les sables mouvants
Des civilisations…

Nager dans les eaux
Chaudes et limpides
De la pureté,
Se noier dans les flots
De la sincérité
Et atteindre les fonds
De l'existence !

Pauvres petites âmes
Destinées à attendre…
Qui se cognent à nos chairs
Et glissent sur nos parois !
Pauvres petites âmes
Destinées à mourir
Qui se heurtent à la peur
Et errent de foi en foi.

Parfois, là, sans comprendre,
Assis isolé dans les couleurs
De la nuit,
Parfois, las, ignorant,
Assis esseulé
Sur les parterres de la vie,
Je sens brûler en moi
La chaleur de mon être
Et le corps étendu
Sur les draps maculés
De mes interrogations,
Les yeux perdus au milieu
des étoiles,
Je me laisse frissonner
Aux sombres explications…

La grandeur,
Le silence,
La beauté…
L'étrangeté
De l'existence…