Katéri, kamikaze de la dernière heure
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Katéri, kamikaze de la dernière heure
Par Maximilien Friche
27 juin 2021 20:00
Chère Kateri. Kamikaze de la dernière heure. Tu ne cesses de creuser ta peau, de déchirer tes chemises, de t’ouvrir la chair, de déboutonner tes vestes, de te dégrafer, sans parvenir au cœur de tes entrailles, sans percer le mystère de ton intérieur. Tu tâtonnes dans le poisseux sans parvenir à identifier ta serrure. Jeune femme méticuleuse, ton obsession risque de tourner au carnage. Du bout des doigts, tu dénombres ce qui t’appartient encore dans ce ventre en vrac. Du bout des lèvres, tu t’obstines à baver « je t’aime ». On croit que tu te sacrifies, en réalité, tu cherches mes mots. Frappe chirurgicale. Petite frappe. Kamikaze de la dernière heure, ton échec est tout relatif, ta survie n’est que temporaire. Tu baignes dans ton contenu, tu crois vraiment que ta chair a quelque chose à raconter ? Cela compte à rebours depuis l’éternité que tu veux rejoindre jusqu’à l’orifice qui t’a vu naître. C’était ça annoncer la mauvaise nouvelle, aller jusqu’à faire un attentat contre l’espèce ? Espèce de… Toi-même ! Je t’applaudis de vivre encore, de prolonger l’inutile pour que l’humiliation soit complète, et la création entièrement et définitivement gâchée. Puisqu’il est impossible de se débarrasser de tous, autant se soustraire soi-même, n’est-ce pas ? Kamikaze d’opérette, Kamikaze en tutu et tétons à l’air, ton « je t’aime » baveux, sécrété en secret, en liquide, semble réduit, ramené à l’onomatopée, au bruit, au gargouillis, au clapotis. Bla-bla-bla. Bulle de BD. Quand les mots nous manquent, on peut crever la bouche ouverte. Et tu vas voir comme il va pleuvoir sur ton visage. La pluie n’a pas de source. Elle ne cessera plus. Pauvre de toi. Tu as bien fait d’être un blasphème puisque tu as été entendue. Étendue.
Extrait de Apôtres d’opérette (Ed Sans Escale)