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A chacun selon ses besoins, petit traité d’économie divine

A chacun selon ses besoins, petit traité d’économie divine

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Dans A chacun selon ses besoins, petit traité d’économie divine, l’essayiste et professeur Rémi Brague, spécialiste des religions, se livre à l’exercice original de traiter du thème de la providence. Peu en vogue à l’heure de Netflix, des jeux vidéo et du tout-à-l’image, le sujet de la providence est totalement étranger aux préoccupations de nos contemporains. En arborant son brevet de progressisme, il faut crier haut et fort aujourd’hui que Progrès et Lumières vous ont affranchi des lubies religieuses et croyances fétichistes d’antan : « Ne sommes-nous pas modernes ? Et, comme tels, délivrés, et fiers de l’être, de l’illusion selon laquelle nous ne serions pas seuls dans l’univers, et obligés de nous débrouiller sans filet ? »

Pour Brague, la providence est partout : pour les minéraux, elle est là comme pesanteur, pour les plantes comme croissance, pour les animaux comme instinct. Et pour l’homme ? « En gros, l’homme est l’animal doué de logos, il est l’animal qui vit dans une polis. » Il est l’animal raisonnable, sociable, politique. Paré de la vertu de l’intelligence, et doté du logos provenant de la providence, l’homme peut déployer quatre dimensions : « celle où il lui incombe de choisir ses actions, donc comme un être libre ; comme un être qui a un sens du bien, donc comme un être moral ; comme un être qui mène une vie qu’il forme lui-même, donc comme un être personnel ; comme un être qui a avec d’autres une mémoire commune, c’est-à-dire comme un être historique. »

Le libre-arbitre caractérise singulièrement l’homme et le distingue définitivement des machines. L’Intelligence Artificielle peut donc être renvoyée à ses chères études prométhéennes car, bien que capable d’effectuer monstrueusement des calculs à l’infini, rien ne lui fera jamais ressembler de près ou de loin à la divine intelligence humaine ; le vouloir lui fait à jamais défaut.

Il y a une divinité dans l’homme, inimitable et procédant d’un dessein supérieur, qui a été saisie dans toute sa plénitude par le génie du christianisme. Le cardinal Pierre de Bérulle, homme d’Eglise et homme d’Etat français, esquissait au XVIIème siècle la ressemblance de homme avec Dieu son créateur : « L’homme n’a pas été élevé comme les autres créatures au dernier degré de son être ; mais seulement doué de puissances et inclinations singulières, desquelles par succession de temps, il tire lui-même la perfection de son être ou sa ruine totale : comme s’il ressemblait proprement à un tableau duquel les premiers traits sont divinement tirés de la main d’un excellent ouvrier, qui laisse le pouvoir de le parfaire ou de le défaire, selon la condition des seconds traits qui y sont ajoutés. La profession du christianisme est à proprement parler un art de peinture, qui nous apprend à peindre mais en nous-mêmes et non en un fond étranger. »

La liberté qui est la nôtre n’est pas un moyen en vue d’une fin déterminée, sans quoi Dieu ne nous aurait pas créés réellement libres, mais est la fin elle-même. Dans l’épître aux Galates, Saint Paul a cette formule prophétique : « Le Christ nous a libérés pour la liberté. »

La liberté et le langage dont la providence nous a pourvus sont manifestation de transcendance en l’homme. Ils permettent en outre d’organiser la dimension immanente de l’existence : « Comme être vivant doté du langage et de tout ce qui implique sa possession, on s’attend à ce qu’il organise une vie sociale et politique, une vie morale, etc. » Le grand écrivain catholique et polémiste de la vérité, Léon Bloy, avait ces mots « Dieu se retire », pour nous laisser la place. Dieu ne demande rien et ne cherche pas son intérêt. Thomas d’Aquin affirmait que « Dieu n’est offensé par nous que du fait que nous agissons contre notre propre bien (Non Deus a nobis offenditur nisi ex eo quod contra nostrum bonum agimus. »

N’oublions pas, enfin, que le devoir de l’homme s’inscrit dans l’adage « Aide-toi le ciel t’aidera » ; une injonction à se mettre dans l’agir et non dans l’attente passive que la providence pourvoie à tout pour lui. L’homme doit assumer sa propre subsidiarité, tandis que Dieu se charge d’exercer la sienne.


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