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Sortir de la pornocratie

Sortir de la pornocratie

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La sexualité ne m’intéresse pas. C’est un peu court jeune homme ! Je veux simplement dire que je n’aime pas qu’on en parle. J’en ai marre. Ça revient sans arrêt sur le tapis avec l’ambition d’avoir réponse à tout. On ne parle que de ça. On en parle avec sérieux, on en parle avec légèreté, on en parle en codes, on en parle en poèmes, et en littérature partout… Comme si on s’accrochait à un sac d’hormones pour se prouver qu’on est encore capable de discours sur l’être. Comme si il n’y avait plus que ça pour collecter quelques émotions. Depuis que l’homme moderne s’est vidé d’âme, il ne lui reste plus que son sexe pour apprécier la nature, l’art, la beauté, la bonté, le vrai. Faut exciter les glandes pour retenir l’attention. Faut encore jouir pour s’en souvenir et l’on s’étonne que notre époque soit si triste…

Personne n’a remarqué que nous vivions dans un pansexualisme ? Il n’y a que moi ? Le porno est partout. Les codes du porno envahissent l’ordinaire des peuples. Pour l’art, nous avons le plug anal ou le vagin de la reine, pour faire court ; pour la littérature il y a Houellebecq et tous ses imitateurs qui nous font croire qu’aimer quelqu’un consiste à se passionner pour un anus ; et pour la vie des ploucs, les questions de genre comme on dit, relayées dans le moindre programme TV ou autres éléments de sous-culture. Car derrière le pseudo débat de société sur l’identité de genre, se cache partout de savoir ce que l’on fait de son sexe et quel fantasme tordu on va pouvoir revendiquer et mettre à la boutonnière pour se mettre au niveau des autres. On expose le transsexuel comme l’être en transition vers une humanité 2.0, alors que ce n’est rien d’autres par exemple qu’un homme cumulant zizi et seins, une simple catégorie de l’industrie porno. L’allusion à la pratique sexuelle est partout. Et l’on en parle avec un air de respect et un air concerné à la machine à café, en table ronde, en cercle littéraire et au repas de famille. Tout le monde a droit à l’univers des backrooms. J’en ai marre que l’on me l’impose.

Le porno n’étant que le capitalisme le plus abouti où l’industrie et la société de consommation sont venus à bout de l’être

Il faut ici préciser que la République elle-même ainsi que tous ses relais institutionnels a pour projet de sexualiser la vie ordinaire, la société, les rapports sociaux et tous les âges. Le pansexualisme est institutionnel et dirigé vers les plus jeunes. Cela relève du formatage pour l’émergence de nouvelles clientèles de l’industrie. Le porno n’étant que le capitalisme le plus abouti où l’industrie et la société de consommation sont venus à bout de l’être en le réduisant en un sac de tripes, un bol d’hormones, et des tranches de steaks. Nous n’allons pas citer toutes les opérations de formatages. Elles prennent prétexte de l’idéologie du genre et de la culture woke pour parler à tout bout de champ de pratiques sexuelles. On pense bien sûr à ces affiches de la ville de Lyon : ma petite fille est lesbienne et alors ? ; mon père est trans et alors ? ; etc. Pourquoi pas ma tante en a deux ? Il faut évidemment penser aussi à l’ancien ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, qui évoqua de l’homophobie, pour un jeune suicidé suite à harcèlement. Parler d’homophobie revient à qualifier un mineur n’ayant pas eu de relation sexuelle, d’homosexuel, cela revient à le faire entrer le plus tôt possible dans une catégorie de la grande industrie du sexe. Alors qu’il s’agissait simplement d’un petit garçon harcelé. A l’école, on invite des drag queen, ce ne sont rien d’autres que des hommes homosexuels arborant des vêtements exagérant à outrance les attributs sexuels et de séduction des femmes. Une façon comme une autre d’ancrer dans l’imaginaire des enfants les codes du porno. Je passe sur les cours d’éducation aux sexualités et autres sensibilisations citoyenne à la théorie de genre…

Le modèle de tout ça fut d’abord les gay pride. Sous prétexte de sensibiliser la société à la différence, on fait défiler des hommes en slips de cuir et têtes de chiens, des filles piercées et taouées remuant leur graisse ventrale dans un rythme tribal. Voilà encore bien encrée depuis des années un vrai malin plaisir à exhiber le porno en place publique. Si je faisais l’effort d’épouser la cause du mariage pour tous, de la PMA ou de la GPA… Imaginons… Quel rapport avec des hommes en slip de cuir ? A quel argument cela correspond-il ? Est-ce censé m’illustrer le bien fondé d’organiser la fabrication d’enfant pour les confier à des couples d’hommes ? Si l’homme en slip de cuir a un rapport avec ce combat, alors permettez-moi alors de renoncer à faire l’effort d’entendre les arguments de la partie adverse et de simplement dénoncer ce que je vois : les projets du mariage pour tous à la GPA ont tous à voir avec l’industrie du porno et le pansexualisme sociétal. Ce n’est pas moi qui fais l’amalgame mais ceux-là même qui militent pour ces causes.

Je refuse de me dire hétérosexuel

Mais il n’y a pas que dans le monde woke que l’on se vautre dans le porno. Pour ma part, je refuse de me dire hétérosexuel. Ce serait me définir selon les codes de l’industrie et par rapport aux autres. Je suis un homme et c’est tout, voilà ma seule et unique identité. Je refuse d’être assimilé au chien de Tex Avery tirant la langue jusqu’au bitume comme un Strauss Kahn devant la moindre mamelle cintrée passant à l’horizon. Il n’y a pas de quoi être fier d’être hétéro, ou pire, un homme à femmes ! Le plus haïssable bien sûr est d’en faire une chanson : Femmes je vous aime ! Et les connes la trouvent magnifique ! Elle est tout simplement insupportable. C’est tout sauf une chanson d’amour, c’est juste le slogan proclamé de celui qui l’a toujours à la main, de l’homme aux abois. Je n’aime pas les femmes. Non. J’en aime une. J’ai pu en aimer quelques-unes. Je serai capable de détester toutes les autres pour oser appartenir au même sexe que celles-là. Ceux qui en ce moment m’exaspèrent le plus sont sans doute les réacs qui se précipitent sur le dernier Houellebecq depuis qu’il est islamophobe, pour mal dissimuler l’envie de se palucher sous cape en lisant le bestseller libidineux. Plus personne ne se choque, plus personne ne se sent sali. C’est devenu tout à fait ordinaire de parler et de décrire toutes les pratiques les plus scabreuses et perverses. Ce n’est pas un excès de moral qui me fait ici réagir, mais un excès de pudeur. Il n’y a pas de civilisation sans pudeur. Et ma colère vient de ce que l’on réduit l’être à sa pratique sexuelle, on y colle des discours psycho-sociaux, et tout le monde trouve ça profond ! C’est prendre des vessies pour des lanternes, confondre la vie de ses entrailles avec sa vie intérieure, confondre ses boyaux et son âme. Après, pas étonnant que les seules questions religieuses qu’on se pose porte sur le mariage des prêtres, à savoir la réalisation de leur sexualité. Ce serait tellement bien que personne n’échappe au cul… Il y a encore des parts de marché à prendre !

La sexualité n’est qu’un moment de la conversation amoureuse

Bon et alors ? Pour quelqu’un qui dénonce, on en parle beaucoup et sans donner de clé… Je le dis : la sexualité n’est rien. Un bâillement, un hoquet. Elle ne peut en rien définir un être. La seule chose qui le définit c’est son sexe. Je suis un homme. Pour ce qui me concerne la virilité même n’est jamais la plus aboutie dans la sexualité. Selon moi la virilité la plus aboutie est celle qui dans la continence engendre le prêtre et le poète dans le même mouvement. Je pense que l’on pourrait dire la même chose de la féminité qui s’exprime sans doute plus dans la religieuse accomplie que dans les cuisses écartées de telle ou telle. Dans un couple, c’est-à-dire entre deux personnes qui s’aiment et désirent vieillir ensemble, la sexualité n’est qu’un moment de la conversation amoureuse, celui où les corps sont convoqués, associés à ce qui se passe au-delà. La sexualité n’est même qu’un moment de la relation érotique dans un couple où des doigts qui s’effleurent valent souvent beaucoup plus qu’un coït. La relation sexuelle n’est ni le sommet de la relation amoureuse, ni un aboutissement, simplement un moment. J’en profite pour dire ici tout mon mépris pour le cantique des cantiques. Une connerie qui veut se faire caution, qui voudrait rendre les culs propres en ânonnant : on est la religion de l’incarnation quand même ! Il y a une dimension morbide dans la mise en œuvre du désir individuel, dimension morbide intrinsèque liée à l’objectif de jouir de l’autre. Et nos temps modernes en rajoutent et nous confortent dans cette propension à transformer l’autre en sex-toy. Pitié ! La sexualité ne sera jamais pure. Seule une narration peut en faire un mythe a posteriori. C’est juste un moment de la conversation amoureuse pour occuper les corps encombrants. Et désormais changeons de sujet. Tout a été dit sur le sexe et le sexe n’a plus rien à dire du tout. Le sexe comme refuge d'un couple qui n'a rien à se dire. Il serait temps de s’intéresser à autre chose.


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