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Chiffré en profondeur. Le songe de cent cinquante.

Chiffré en profondeur. Le songe de cent cinquante.

Par  

« Vous qui avez saine intelligence, sondez l’enseignement qui se dérobe ici »
Dante, La Divine Comédie, l’Enfer. (Chant IX,61-63)

Que voilà un roman chiffré en profondeur ! Un texte dé doublé, comme une postface, lancé derrière la lecture arachnéenne du premier volume des aventures d’Arthur Brenac, me vaut aujourd’hui la préface du 2. A l’hôtel du lion d’Or, les songeurs jouent, ça tombe à pile ou post/préface. J’y écrivais : « Tony Baillargeat n’a peut-être pas encore vu tout le donné à voir de lui dans son roman, que la suite des aventures d’Arthur Brenac risque d’exposer au soleil de minuit. » 

Le chapitre XV de ce roman s’intitule : Midi inversé. Et effectivement le pari est tenu. Nous allons ici arguer en ce sens. Je qualifiais le premier tome Le secret de Diana Danesti de roman de l’amitié initiatique. Or l’amitié surtout sacralisée contient la possibilité de la trahison. Nous allons en parler aussi mais en nous souvenant de ce qui est dit au chapitre XIV car il pourrait être révélateur du passage de Brenac 1 à Brenac 2, la différence de niveau entre ce qui s’y jouait dans les cavités souterraines de la concession Bibesco du cimetière du Père Lachaise, en divers lieux de la province française et la Roumaine autour du vampirisme et les épreuves initiatiques rencontrée ici par nos héros :
« Après avoir tué Fàfnir, Siegfried porte son doigt humecté du sang du dragon à la bouche, et comprend instantanément le langage des oiseaux… et plus particulièrement des deux petits oiseaux bleus qui le préviennent des dangers qui le guettent. »

Alain Santacreu dans son excellent article sur la voie mariale des Afrad publié sur son blog de Contrelittérarure en 2010, rappelle que la plupart des traités alchimiques se présentent sous la forme d’un songe ou d’une vision. Le songe de cent cinquante n’est peut-être pas un traité d’alchimie, mais l’éditeur en fait foi, il s’y apparente. La note 22 de l’article précisait : « Le traité de la vertu et la composition des eaux » de Zozine, « Le sang Vert », ou encore « L’Hermès dévoilé » de Cyliani. » En l’occurrence de par son titre même mais pas seulement, je me suis retrouvé plutôt avec ce roman dans « Le songe de Polyphile ». Le chiffre 515 dans le Purgatoire de Dante est dévoilé par Béatrice comme étant celui du Messie à venir, destructeur des puissances contre traditionnelles en place. Selon Alain Santacreu toujours, il s’agit de la valeur numérique de El Shadaï, le maître des 4 éléments. Il me faudra beaucoup de recherches pour l’étude numérologique de 150, mais je sais déjà là le nombre de l’Esprit Saint, des chevaliers de la table ronde et des lettres de l’alphabet sanscrit X par 3. C’est indispensable pour déchiffrer qui est le personnage principal de ce roman. Ce lecteur a juste eu le temps de se déchiffrer un peu au passage, il est un 105 voir un 107, il se dédouble. Chaque lecteur apprendra-t-il ainsi des choses sur lui-même ? S’il est prédestiné à lire ce roman ? C’est bien possible…

Mais qui suis-je et qui est 150, sont-ce deux questions ?

Arthur Brenac se pose lui-même la question. Tony Baillargeat pour rappel est le préfacier du 11ème roman de Jean Parvulesco Dans la forêt de Fontainebleau. Emettons l’hypothèse : C’est de ce roman là que Tony Baillargeat tient son ordre de mission romanesque. Les contre conspirations salvatrices n’agissent que sur ordres de mission, celle-ci provenant comme l’aide « auxilio ab alto ». N’étions-nous pas « des nôtres », nous, Célestin, avant de savoir quoique ce soit du mystérieux pacte d’Orion ? Nous parle-t-on ici d’un sang cinquante comme il a été question des cinquante sang cinq. (45) ? Toutes les questions se posent. Mais aucun doute ne subsiste sur une chose : Si pour sauver l’Imperium il faut d’abord redresser le Royaume, si Louis XVII et Marie Antoinette sont déjà sauvés, préservés dans le monde imaginal par les opérations théurgiques du Comte de Saint Germain, le missionné romancier que nous lisons savait très exactement ce qu’il lui revient de faire.

Retour à mes commentaires sur Le secret de Diana Danesti : « … notre seul sujet ce sont les lignées spirituelles véritablement aristocratiques, celles qui élèvent l’humanité par la transmission d’un sang rédempteur ou régénéré. »
Notons aussi que dans cette suite de leurs aventures, les relations entre Arthur Brenac et Pierre Laroche se sont modifiées. Les deux amis sont à la fois plus adaptés l’un à l’autre, ce qui améliore les performances de l’équipe de choc, et subissent une mise en tension presque à distance. J’y vois la marque de la progression initiatique de l’auteur, la figuration dans le roman d’une relation plus étroite entre son Maître intérieur et son moi, ayant aussi pour conséquence la montée en lui des pouvoirs et des périls dans le renforcement du dédoublement ontologique. Les ténèbres s’épaississent, la lumière se condense. Le droit à l’erreur est de moins en moins de mise. Je me demande ce qu’il adviendra dans le tome 3 quand je lis ces phrases contenant presque mots pour mots ce que j’ai exprimé dans un travail « réservé » il y a quelques mois, sur un sujet que j’ai retrouvé il y a quelques jours et sur lequel j’ai fait un rêve en Roumanie lors d’une rencontre autour de la mémoire de Jean Parvulesco pour le 6ème anniversaire de son retour à Dieu, à Câmpulung dans les Carpates, la nuit du 12 au 13 Novembre dernier. Chapitre VII : Agnès de Lupé : « Travaillons nous pour l’ombre ? La lumière ? Jusqu’à la dernière seconde personne ne peut savoir si l’ami posté à nos côtés et que nous pensons jouer un rôle positif dans l’histoire qui nous intéresse ne va pas se trouver dans le camp en face lors d’un revirement motivé par la peur, la faiblesse, le renoncement… »

Il est temps pour ce préfacier, lecteur biface mais non à la langue bifide, d’avouer deux choses :

  1. J’ai tellement visualisé Diana Danesti que je l’ai vue ensuite apparaître plusieurs fois autour de moi dans ma vie. Et lors de ce voyage en Roumanie elle semblait partout. Mais pendant la lecture de ce deuxième tome je me suis pris pour un alchimiste de Bourges qui pourrait rendre jaloux le Roi Charles VII.
  2. Il faut déclarer la marchandise à la douane : La lecture des aventures d’ Arthur Brenac ne sont pas pour passer le temps mais pour trabouler le temps ; ce n’est pas un plaisir esthétique, c’est se prendre au charme, pas la découverte d’informations secrètes, mais une transformation dans le creuset, pas un dévoilement symbolique mais une fulgurance opérative, pas un défilé militaire mais une charge sur le champs de bataille de l’être où l’on taille, tranche, pique. Eventuellement on trouve ensuite les boutonnières sur le cuir de l’ennemi assez élégantes.

Livrons succinctement dès lors un peu de cet « opérationnel » provenant de la lecture du roman de Tony Baillargeat puisque cela se traduit pas une avalanche de synchronicités et à la fois d’expériences oniriques percutantes dont le compte rendu pour les tomes I et 2 prendrait un livre tout entier ! L’auteur en sait quelque chose ayant bien voulu lire ce qui lui a été confié. Un lecteur averti en vaut deux, vois-tu déjà lecteur comme tu te dédoubles ?

Un bon sujet du Roi caché

Si tu es, lecteur, comme moi, un mauvais sujet d’hypnose mais un bon sujet du Roi caché, les aventures d’Arthur Brenac seront tiennes, des aventures vraies, plus vraies que celles qu’on imagine, que celles qu’envoient les narcotiques. L’auteur ne se songe pas écrivain. Quel bonheur au milieu des vanités littéraires dans le règne de la quantité des hommes sans qualités producteurs de tant d’écrits vains fourgués aux masses illettrées de tant de textes illisibles d’auteurs n’ayant rien lu de ce qu’il y a lire pour jouir de la sapience. Soit instinct atavique Yéniche, son nomadisme biélorusse l’aura sauvée, soit Divine Providence, Tony Baillargeat a échappé à la lobotomie scolaire, universitaire.

Sa culture sagace vivante le sert et nous régale qu’elle soit technique architecturale, littéraire, cinématographique, historique, géographique ou toponymique ,philosophique, métaphysique, toutes ses matières étant étudiées chez lui dans un sens double : académique et dérobé. Seulement pas d’érudition gratuite car ses personnages doivent, prenons le en compte, voyager léger ! L’auteur s’estompe derrière son style propre certes mais cela n’exclue pas quelques prouesses littéraires pures.

Un « Hypnerotomachia Poliphile » ne peut pas ne pas nous éblouir dans ses descriptions architecturales qu’elles soient celles de l’église St Jean à Lyon ou des monuments souterrains de Fourvière. Mais l’important c’est l’Amour : POLIA FRATER FRANCISCUS COLUMNA PERMARIT.

Evoquons deux synchronicités induites par la lecture du tome 2 :
La lecture du neuvième et dernier roman d’une saga qualifiée de picaresque d’Olivier Maulin La fête est finie paru chez Denoël, dont le style et certains thèmes comme les personnages Pico et Victor forment un duo assez comparable à celui de Pierre et Arthur et ma rencontre le 17/11 dernier avec icelui. Lors de cette même rencontre j’avais pu mettre une chemise à carreau rouge et noire offerte l’avant-veille… copie conforme de celle du cervidé représenté sur la couverture du roman.
Dès réception du manuscrit je dois me rendre sur invitation à l’abbaye Ste Cécile de Solesmes pour le 150ème anniversaire de sa fondation. La réverbération ne porte pas sur la seule répétition du 150. La copie réduite de la statue mortuaire de la sainte réalisée dans l’Eglise Ste Cécile de Trastevere à Rome par Maderno non seulement s’offre à mon regard ébahi pendant l’office, mais l’historique nous étant exposé ce jour-là permet de comprendre qu’elle est une sorte de bétyle fondatrice ce de lieu spirituel éminent. Or la légende de Sainte Cécile elle-même me plonge dans le sens intérieur du roman de Cent cinquante que je vais me mettre à lire. La convergence est plus que troublante. Même son ange gardien me prépare à ce qui va m’être dit sur la société angélique de Lyon soit dans les notes soit dans les dialogues très instructifs de ce roman. 

Je vais avoir à noyer les arrêtes de poisson dans quelques stations souterraines de Fourvière pour retrouver tout autant la souveraineté gauloise originelle que l’Eglise primitive du IIème siècle, Eglise à cette époque encore initiatique. Increvable Sainte Cécile, qu’ils ont tenté d’occire sans même parvenir à la cuire au bain marie, comme c’est alchimique ! Cécile que le bourreau va hacher trois fois sans trancher sa tête mais la retourner cette tête chantante, et la laisser agoniser cette fille courageuse trois jours pendant qu’elle diffuse encore la Parole. Que c’est alchimique tout ça ! Agnès Lupé, Marie-Antoinette, Cécile, mêmes fragiles récalcitrantes à la morsure de la camarde. Son corps est retrouvé 600 ans après son martyr, intact puis exhumé en 1599, toujours épargné par la décomposition !

Selon la conception germinale de l’œuvre romanesque inaugurée par Raymond Abellio non seulement l’écrivain évolue avec son personnage, mais le lecteur écrit et vit dans sa vie le roman. Jean Parvulesco, lui arrive à entraîner le lecteur dans sa vie onirique selon mon expérience. Nous arrivons à une dimension de l’œuvre littéraire que je crois être celle de l’origine. Comme dit Luc Olivier d’Algange « Qu’importe un roman qui n’a pas pour ambition ultime le 8ème jour ». A moins que ce ne soit la Vita Nuova du 9ème jour même…

L’Histoire, la Grande Histoire pourrait rebondir à l’intérieur d’un cycle clos sur lui-même où tout voudrait sans cela éternellement tournoyer. Si une partie de l’humanité se contente de nourrir l’énergie permettant le retour des Titans, une autre se mobilise vers la surhumanité divine. Avoir écrit ce roman du reste, de la part de l’auteur, comme le lire pour nous s’est reprendre la voie tracée par un Dieu, le plus grand de tous : Hésiode parlant de Zeus après sa victoire sur les Titans et après sa première hyménée avec Métis :
« Il enferma dans ses entrailles sa jeune épouse pour que cachée en lui-même, elle lui révèle la connaissance du bien et du mal. »

Le christianisme va retrouver et magnifier ou accomplir selon la foi de chacun tout le mythe.

La filiation est reconnue, je crois pouvoir l’affirmer entre Jean Parulesco et Tony Baillargeat, le disciple a bien continué à explorer, exposer après avoir compris et surtout senti en profondeur : « quel est le mystère arthurien du roman, de la romance occidentale, tâche gigantesque, surhumaine, dévastatrice, qu’il s’agit de poursuivre sur les congères glacières de la ligne de partage de l’être et du non –être. » La forêt de Fontainebeau p. 26

Oui car il a bien été poursuivi le dévoilement de la feuille de route des minorités agissantes qui sapent les fondements de la contre histoire et de la contre géographie par leur pénétration des zones interdites de l’une et de l’autre, et la mise en résonance de ces lieux et de ces temps par de-là tout légalité dogmatique. 

Et si j’avais de mon côté, trouvé dans ce roman, la porte du milieu du songe de Poliphile, me permettant de faire usage de cette clé reçue voilà 30 ans en lisant le livre de Jean Parvulesco Le Soleil Rouge de Raymond Abellio ? La porte est ouverte au chapitre 15, j’y tombe foudroyé au 16 dans un trou quantique, je passe au 17 et retrouve momo au 18 : Beldagueuse.

Treizième étoile à l’armorial
La dernière est toujours première
Je suis guidé dans l’Art Royal
A belles dents dans un gruyère.


Le songe de cent cinquante
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