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Du bon usage de la réincarnation

Du bon usage de la réincarnation

Par  

Reprise et compléments de l’exposé fait le 15/07/2024 à Trivandrum Kerala lors du stage de yoga à l’ashram de Swami Isa

 

En 2013, à The Voice aux Pays-Bas Mitchell Brunings a surpris tout le monde le 30 août lorsqu'il s'est présenté sur la scène pour interpréter l'une des plus belles chansons de Bob (Robert Nesta) Marley, Redemption Song en reprenant le tube… avec la même voix que le reggaeman jamaïcain. Celui-ci est né le 6 février 1945 à Nine Miles (Jamaïque) et mort à 36 ans le 11 mai 1981 à Miami (États-Unis) d'un cancer (mélanome). Mitchell est né en 1989, les dates collent ! Une imitation bluffante à faire frémir de plaisir tous les fans de Bob Marley. Les 4 membres du jury de l'émission sont d'ailleurs littéralement tombés sous le charme et se sont empressés de se retourner afin de découvrir le visage de cette réincarnation vocale du célèbre artiste aux rastas. La voix est là, le talent est là, cette identité n’est pas une usurpation trompeuse en ce sens, mais j’ai entendu l’autre jour une chanteuse noire se réclamant aussi d’être la réincarnation de Bob Marley, ce qui est un problème fréquent avec les réincarnations célèbres, il y a concurrence…

La réincarnation n’est pas une croyance qui sauve, d’ailleurs Himmler se considérait comme la réincarnation de Henri 1er dit l’Oiseleur, duc de Saxe et roi Germanique du Moyen Age. De plus Hitler lui-même croyait en la réincarnation et pensait avoir été dans une autre vie l'empereur Tibère, grand massacreur de Juifs… Evidemment être la réincarnation d’Hitler attire certains candidats, Isidore Camble aux USA a été autorisé à changer son nom pour Hitler, mais ce bon père de famille n’est après tout qu’un soutien de Donald Trump, réincarnation de Hitler assez inoffensive dirons nous.

https://www.youtube.com/watch?v=b0ya8AEyP_Q

 

Du bon usage de la réincarnation est notre propos comme si nous nous faisions grammairien Grévisse…

La croyance en la réincarnation, comme toute croyance fait débat, soulève des controverses multiples et variées. Ce n’est pas une croyance qui sauve dans le sens ou soit elle existe, soit elle est imaginaire, mais n’est pas présentée comme une croyance rassurante devant l’échéance ultime, selon l’interprétation qui en est faite. Pour les orientaux du Bouddhisme et du l’Hindouisme, elle représente moins une espérance qu’une crainte en ce sens, elle peut sauver en poussant l’âme à se libérer du cycle des vies successives par de grands efforts spirituels. L’occident qui a rejeté avec les églises chrétiennes cette croyance se justifie au contraire en disant que la réincarnation serait la cause de l’immobilisme de la passivité supposée des civilisations orientales.

Mon cas est particulier car je crois en la réincarnation depuis l’enfance, dans une époque où ce n’était pas la mode, le mot lui-même était inconnu dans un milieu catholique. Ce n’est donc pas une croyance reçue de l’extérieur mais une connaissance qui était déjà en moi. Les quelques idées que j’ai à l’âge de 9 ans sont des questions qui m’attirent la moquerie : Pourquoi le catéchisme ne nous parle pas de Bouddha ? Les religions sont donc séparées ? Pourquoi la science et la religion se disputent ? La raison ne peut donc pas faire tout le chemin vers Dieu ? Pourquoi personne ne semble savoir qu’avant d’être petits, nous avons tous été grands, pas seulement petit Marc ? Je faisais jouer mes petites sœurs à un jeu « Quand j’étais grand ! » Elles adoraient cela, nous avions plein de choses à raconter.

La réincarnation n’est pas une doctrine exclusivement orientale. René Guénon a tout à fait le droit de la rejeter, comme il a le droit de s’être convertit à l’Islam Soufi, mais il trompe ses lecteurs quand il affirme que la réincarnation n’est pas une doctrine hindoue, mais une superstition populaire ajoutée relayée par des orientalistes occidentaux manipulateurs et ignorants. La réincarnation est un des fondements de tous les enseignements hindous, tous les sages de l’Inde la valident et l’exploitent. Même si cela est contesté elle est dans les enseignements druidiques des celtes, mais il n’y a pas d’écrits pour le prouver dans cette tradition orale, chez les Grecs, chez les Egyptiens…

Dans le monde chrétien elle a été écartée au Concile de Nicée, mais pas clairement interdite comme une croyance hérétique condamnable qui ferait perdre le salut. Un Père de l’Eglise comme Origène l’enseignait mais il a été condamné, il aura fallu attendre pour qu’il soit réhabilité discrètement.

Des interprétations possibles des évangiles suggèrent la réincarnation, si le Baptiste a été la réincarnation du plus grand prophète de l’AT, Elie. Nous avons tous les récits apocryphes sur la période de la vie secrète de Jésus entre 13 et 30 ans avec des voyages possibles en Orient qui le font avoir étudié à l’Université de Benarès, avoir été au Kashmir et au Tibet. L’évangile de Thomas et les actes de Thomas sont troublants encore, le saint est parfois représenté avec un équerre comme le constructeur d’un Palais royal. Dans les lettres des Mahatmas, en littérature théosophique, le Choan Kut Humi qui est vu comme une réincarnation de Pythagore, dont on sait que celui-ci pensait se souvenir d’être la réincarnation d’un héros de la guerre de Troie, Proclus, précise qu’il faut 7 vies pour passez de la première initiation à la 4ème initiation et encore 7 vies pour passer de la 5ème à la 6ème initiation. Le nombre moyen et symbolique pour l’évolution de l’âme humaine à partir du monde animal est alors de 777 vies.

Synchronicité remarquable juste après mon exposé, Mira m’offre un livre biographique du Swami Isa, en l’ouvrant au hasard je tombe sur un passage ou il est question d’environ 800 vies ! Ce livre est « The pathe to the truth. Mystical experiences of a Yogi. Oaru en 2023. »

C'est un recueil d'histoires sur le voyage spirituel et les expériences dans ce domaine du Swami dans ses propres mots cherchant à réponde à la question : Quelle est la raison de derrière la déréliction des vies humaines ? Combien de temps pouvons nous vivre sans nous connaitre ? Comment la vrai bonheur peut-il être atteint ?

Témoin de la beauté éblouissante de l’Himalaya, le récit nous montre comme le saint surmonte les conditions les plus terribles - forêts dangereuses, glaciers frigorifiés, et sommets montagneux traîtres - à l’enseignement récits d’exploits, et aux bénédictions des sages les plus grands de tous les temps. J’avais commencé à lire des passages au hasard pour tomber assez rapidement aux pages 75/76 sur l’évocation de la vie d’une yogini Leelavatthy qui illustre les étapes de la progression de la conscience sur l’échelle du yoga de pratyaharam, Dharana, Dhyana, et Samadhi. Il est dit « Il faut toujours se livrer à l’effort d’expérimenter cette joie. Vous apprendrez le secret derrière votre naissance et votre vie ici, vous serez en mesure de voir le passé le présent et l’avenir. Plus loin « Leelavatha atteint le sade de samadhi. Elle expérimenta que sa présente vie était le résultat de 800 vies précédentes. Elle avait été troublée dans ses découvertes à cause du fait d’avoir été mariée de nombreuses fois et pas toujours avec le même homme, puis son mental se calma en voyant que son mari aussi avec une 800 vies avec des épouses et femmes différentes. » Il est précisé page suivante. « Elle ne pouvait pas aller au-delà des trois étapes, mais elle pouvait tant qu’elle ne parcourut pas ces 800 naissances. » Donc c’est véritablement l’idée que j’avais abordé dans ma conférence à l’ashram un peu plus top et avec le même ordre de grandeurs.

Je dois ajouter que mon sentiment intime des vies successives a été confirmé seulement en cours de français lorsque dans cette école catholique tenue par des frères Salésiens, le frère Nicolas nous avait fait étudier le poème de Nerval Fantaisie

 

« Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber ;
Un air très-vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
 
Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C’est sous Louis treize… et je crois voir s’étendre
Un coteau vert que le couchant jaunit, »

 

Et là j’étais abasourdi du silence radio totale dans l’explication de texte pour expliquer que le poète que je découvrais, mais qui allait me poursuivre toute ma vie, évoquait la réincarnation. A partir de cette période je cherchais à me souvenir moi aussi de mes vies antérieures en questionnant longtemps si je n’avais pas été Gérard de Nerval. Bien des années plus tard, en faculté de Lettres Modernes je faisais maîtrise des Lettres modernes sur Balzac et le Martinisme. Une amie Parisienne un jour me déclara avoir eu un flash : Elle venait de passer la station Varenne du métro parisien et ma raconta être tombée en pamoison en regardant sur la quai de la ligne 13 en direction Châtillon Montrouge, le Monument à Balzac de Rodin : « Mais c’était toi, Marc ! » Ah mince, il me fallait faire un choix de plaisir narcissique difficile entre Nerval et Balzac, car les réincarnations multiples existent comme cela est trait dans le film excellent Little Bouddha, réalisé par Bernardo Bertolucci avec Keanu Reeves, mais c’est réservé aux réincarnations de grands Lama de Tulkous, ce qui ne pouvait être mon cas…

Synchronicité amusante, un ami de Nerval Almire Philbert Gandonnière, né le 3 août 1813 à Loué dans la Sarthe et mort le 25 octobre 1863 à San Francisco est un librettiste français. Il est essentiellement connu pour avoir collaboré à la rédaction du livret de La Damnation de Faust d'Hector Berlioz. Il fonde plusieurs journaux — plutôt des brochures — dont la plupart n'ont qu'une existence éphémère. Poète, pamphlétaire, il lui arrive d'assumer seul tout le contenu de ses publications, signant ses articles de divers pseudonymes, Archiloque entre autres. Il a parfois quelques collaborateurs, dont le jeune Alexandre Dumas. S'il arrive à se faire connaître du monde littéraire, comme en témoigne une très courte lettre que lui adresse Victor Hugo en 1842, il est difficile de savoir comment il rencontre Hector Berlioz, peut-être par l'intermédiaire de Gérard de Nerval, dont Gandonnière est l'ami. Il participe à la rédaction et à la versification du livret de l'opéra La Damnation de Faust, composé par Berlioz d'après la traduction, due à Gérard de Nerval, du premier Faust de Goethe. Un type qui signe tout seul les articles de ses journaux avec des pseudo, je ne serais pas plutôt la réincarnation de ce scribouillard là ? Affaire à suivre !


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