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Déni français

Déni français

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Quand on ouvre le livre de Pierre Vermeren, Déni Français, de la même façon que l’on a eu l’excellent Destin Français de Zemmour entre les mains, on tombe sur deux dédicaces : « En mémoire du génocide des Yézidis d’Irak (2014), présumés " Adorateurs du diable " » et, « A Robert Redeker, banni en France pour " blasphème " ». Le décor est ainsi bien planté par l’historien spécialiste de l’Afrique du Nord. Historien à classer dans le camp de tous ceux qui ne peuvent se résoudre à la disparition de la France et de sa civilisation.

« La France ne s’est jamais remise de la guerre d’Algérie. Ce combat de trop d’une République française affaiblie et mutilée par la Deuxième Guerre Mondiale et la guerre d’Indochine a été la faute que nos élites françaises ne cessent d’expier depuis un demi-siècle, sans que nous en ayons pris conscience. » Tel est le judicieux constat posé par l’auteur. Après le fiasco algérien, la France tentera de s’acheter une conduite en menant à l’extérieur une « politique arabe » faite de compromissions et d’intérêts matériels partagés avec des régimes dictatoriaux, et à l’intérieur, une politique qui décidera en vertu de considérations morales « de transformer le pays par l’accueil de millions de musulmans, d’abord surtout algériens. » Dès lors, la pompe aspirante ne s’arrêtera plus et le peuple français, idiot utile par son apathie, ne sera jamais consulté, « lui à qui on a par ailleurs vendu la pacifique construction européenne. »

Nous savions Vermeren lucide dans ses livres et chroniques, nous le retrouvons ici adepte d’un parler vrai qui détonne dans le paysage déprimant du « politiquement correct ». L’auteur s’interroge, en pointant la corruption des élites françaises, sur les conséquences des choix d’immigration massive de la période post-décolonisation : comment maîtriser les zones de turbulences intérieures ? Qui contrôlera les musulmans de France ? Quel islam en France ? Et dans un dernier chapitre sonnant l’urgence absolue : solutions ou soumission ?

Dans son essai, Vermeren part du commencement (le XIXème siècle) et éclaire au fur et à mesure les rapports ambigus que la France entretient avec les acteurs de son passé récent : « Depuis la décolonisation, tout ce qui a trait à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient relève de la realpolitik et du jeu des relations internationales. Certes, une relation spéciale subsiste avec les pays du Maghreb et le Liban, due à l’interconnaissance entre les élites et les dirigeants de ces pays et les dirigeants français. Mais cette connaissance et ces amitiés partagées se situent à un niveau infra-politique. Les choses sérieuses se déroulent en Europe, avec les grandes puissances mondiales et dans les organisations internationales, tandis que les relations avec les anciennes colonies d’Afrique et du monde arabe se déroulent dans un cadre presque privé. » On peut ainsi citer les liens de Chirac avec le régime de Saddam Hussein, Mitterrand avec l’Egypte de Moubarak ou la direction de l’OLP, Sarkozy et le Qatar, Hollande et Le Drian avec l’Arabie Saoudite, Macron et les Emirats Arabes Unis. Depuis les années 1990, les autorités françaises nouent des liens de grande proximité avec les monarchies du Golfe, les familles régnantes du Qatar, d’Arabie Saoudite, et surtout des Emirats Arabes Unis en passe de devenir le principal allié de la France au Moyen-Orient mais aussi le nouveau leader du monde arabe. Subtil mélange d’intérêts croisés et interlopes entre les Etats et les sphères privées. On ne compte plus les hommes politiques français qui bénéficient de riads à Marrakech ou de résidences luxueuses chez ces partenaires arabes.

Pierre Vermeren évoque, toujours sans langue de bois, la charité mal ordonnée de l’Eglise catholique. Que cherche-t-il à dénoncer par-là ? Dans les années 1990 et 2010, lors des grandes vagues d’immigration de musulmans en France en provenance d’Algérie d’abord, puis d’Afrique subsaharienne, les permanents des associations comme Emmaüs, le CCFD ou le Secours Catholique avec Caritas et la Cimade protestante, mais aussi d’autres associations d’apparence plus laïques, ont été parmi les plus actifs, avec les militants d’extrême gauche, pour aider, nourrir, vêtir et loger les migrants, voire entraver l’action de la police et des forces de l’ordre ayant la charge de faire respecter la loi. Cette attitude « fort généreuse » a fait fi des contingences politiques, économiques et sociales, et érigé l’ancienne charité, une vertu privée, en impératif catégorique de la collectivité politique nationale. Ce fut l’illustration manifeste de ces « vertus chrétiennes devenues folles » identifiées en son temps par Chesterton. Un des hauts responsables du renseignement français confiait il y a peu à Vermeren : « En France, nous avons un énorme problème avec les catholiques et l’Eglise catholique. »

L’auteur n’omet évidemment pas d’évoquer la collusion de la gauche avec l’islam. Sartre tentait déjà à son époque de démontrer que l’islam était une forme de socialisme, une façon pour l’intellectuel de légitimer cette religion et par conséquent d’enregistrer sur son tableau idéologique une énième erreur d’appréciation. Les sympathies islamistes émanant de la gauche sont apparues plus fortes dès 1979 avec la révolution iranienne et dans les années 1990 avec la guerre civile algérienne. Ce rapprochement, cette collusion disions-nous, ressemble à un incroyable pied de nez à l’histoire des idées : « A priori, au pays de Voltaire, de la Révolution et de la laïcité, où se combattirent violemment pendant plus d’un siècle le parti catholique royaliste et les républicains, la gauche n’aurait pas dû avoir une sympathie particulière pour l’islam qu’elle considérait jadis comme une idéologie obscurantiste et archaïque, sexiste et superstitieuse, vouée à disparaître avec l’avènement de la civilisation industrielle et démocratique moderne. » Mais une construction idéologique efficace a imposé de considérer que les musulmans étaient « les nouveaux damnés de la terre ». La plus grande partie de la gauche et une proportion importante de la droite (pensons ici au « regroupement familial » légalisé sous Giscard) acceptèrent ce postulat et cédèrent à l’injonction migratoire. Le système des élites, médias, universités, monde associatif, organisations européennes s’est alors mis en branle pour donner toute sa place à l’islam et pour créer, au rythme ininterrompu des flux entrants, la société du multiculturalisme considérée comme l’horizon indépassable du Progrès. Une société pour réparer l’histoire de la colonisation. Une société de la tolérance imposant la coexistence de cultures de natures radicalement dissemblables et très largement incompatibles. Une société qui ne marche pas et ne marchera jamais en France, si ce n’est pour augmenter toujours plus les fractures.

La poudrière maghrébine combinée à l’action des Frères Musulmans à la manœuvre pour islamiser les sociétés occidentales explique la peur et la paralysie des politiques français qui se refusent à traiter la question. Dans la fiction du livre Soumission de Houellebecq, il resterait peu de temps avant que les musulmans ne s’arrogent le pouvoir politique en France. En réalité, cela commencera avec une percée lors d’élections municipales : premier marchepied avant que la tâche d’huile ne s’étende à tout le territoire. Sans vive réaction du pays, il y a fort à parier que sous peu, la devise « Liberté, égalité, fraternité » gravée au frontispice de nos monuments aura « courtoisement » cédé la place à celle des Frères musulmans : « Allah est notre objectif. Le Prophète est notre chef. Le Coran est notre loi. Le Djihad est notre voie. Mourir dans la voie d’Allah est notre plus grande espérance. »

Urgence : lire Vermeren, puis agir.


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