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L’art d’être français selon Onfray

L’art d’être français selon Onfray

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« "L’art d’être français" fut une expression utilisée par un président de la République française qui, paradoxalement, fit aussi savoir en son temps, appelé à ne pas durer dans l’Histoire, qu’il n’y avait pas de culture française, seulement des cultures en France… » Ainsi commence le dernier livre de Michel Onfray intitulé L’art d’être français. L’expression fut, on s’en souvient, employée par Emmanuel Macron. Onfray poursuit : « Or, qu’il y ait des cultures en France, ce qui est un fait, n’exclut pas qu’il existe aussi une culture française, celle-là même dont un chef de l’Etat devrait connaître l’histoire, afin d’en préserver l’identité pour en favoriser la fécondité. » Nous sommes donc entrés de plain-pied dans le sujet de notre philosophe devenu depuis quelques années l’un des hérauts de la défense de la civilisation occidentale.

Qu’on en juge par ces quelques premiers traits d’arbalète : « L’immigration devenue émigration puis migration a permis d’abolir le peuple old school sur le marché du travail avec la production abondante d’une main-d’œuvre dépolitisée, acceptant de travailler à bas coût, sans papiers, aux conditions de vie exécrables, d’abord dans des bidonvilles, ensuite dans une couronne parisienne jadis tenue par le PCF, enfin dans des banlieues dirigées par des caïds musulmans et dans lesquelles s’est constitué un vivier pour les terroristes islamistes et leurs compagnons de route. La "gauche" compose avec ce monde-là sans que l’antisémitisme, l’homophobie, la misogynie, la phallocratie, le bellicisme, l’éloge du patriarcat consubstantiel à l’islam lui posent de problèmes… »

La France, qui est à la fois géologie, géographie, histoire, chronologie où chaque caractère précède l’autre, est aussi "fille aînée de l’Eglise" : « Le premier millénaire de la France s’avère incontestablement catholique. Les racines chrétiennes de la France ne font aucun doute. Ceux qui, la plupart du temps, nient cette évidence ne falsifient l’Histoire que pour faire commencer la France à la Révolution française. Mais en 1789, la France a déjà au moins mille cinq cent ans d’existence derrière elle ! » Cette affirmation frappée au coin du bon sens nous rappelle le triste souvenir du refus de Jacques Chirac, alors président de la République, d’inscrire la mention des "racines chrétiennes" dans la constitution européenne. On voit l’effet de sa pusillanimité aujourd’hui : la dilution de l’identité des peuples européens, à l’exception notable des démocraties illibérales de l’Est, la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie au sein de l’ensemble de Visegrad qui refusent le progressisme échevelé des nations occidentales hypnotisées par les Etats-Unis et leur promotion des LGBT, des racisés, des minorités, du multiculturalisme.

« Notre époque ne permet plus non plus d’être cartésien » déplore Onfray. L’art de savoir conduire correctement sa raison n’est plus à l’ordre du jour : « Une personne qui se dit antiraciste peut très bien fustiger un Blanc en lui interdisant l’accès à une salle sous prétexte qu’en tant que Blanc il est intrinsèquement responsable et coupable d’un colonialisme vieux de plusieurs siècles. Quiconque invoque l’antériorité de la pratique de la traite négrière chez… les musulmans, alors que le dossier s’avère amplement documenté, aggrave son cas et passe pour le seul et unique responsable du colonialisme planétaire. Ajoutons à cela que l’esclavagisme a duré deux siècles sous la férule des Blancs, deux siècles de trop, bien sûr, mais qu’il existe encore en régime d’islam, je songe à l’Arabie Saoudite, au Pakistan, à l’Ethiopie, au Soudan, à la Mauritanie, à la république démocratique du Congo, et dans les trois quart de l’Afrique, autrement dit, depuis quatorze siècles, soit sept fois plus longtemps que sous le régime des Blancs… Ajoutons à cela que l’esclavage n’existe plus dans aucun pays occidental. »

L’islam jouit en Occident d’une invraisemblable impunité morale, porté qu’il est par l’idéologie progressiste bien décidée à lui faire terrasser son concurrent le christianisme : « On peut aujourd’hui estimer que les femmes sont inférieures aux hommes, que l’homosexualité est une abomination, qu’il faut exterminer les Juifs, ce qui contredit la Déclaration des droits de l’homme, les valeurs de la République française et ses lois, pourvu que, dans ce programme intolérant emblématique, on se réclame de l’islam… » Pis encore, l’affaire des viols de femmes allemandes le 31 décembre 2015 fut totalement étouffée par les médias occidentaux et l’appareil judiciaire allemand : « Cette même idéologie dite de gauche, en fait foncièrement nihiliste, estime qu’un violeur de couleur qui a effectivement violé -je songe aux mille deux cents femmes dont cinq cent sexuellement abusées le 31 décembre 2015 par deux mille migrants issus d’Afrique du Nord à Cologne et à Hambourg- ne saurait être condamnable ou condamné puisque, de même que le Blanc est coupable parce qu’il est Blanc, coupable d’être Blanc, donc, le violeur de couleur étant racisé, c’est-à-dire victime de racisme lui-même, il ne saurait un jour être coupable, puisqu’il est essentialisé comme victime. »

Nous disons souvent, au fil des chroniques rédigées pour Mauvaise Nouvelle, plus de deux cent vingt à ce jour, que les maux accablant notre temps peuvent être résumés dans un triptyque : inculture, indifférence, indifférenciation. A qui réclamerait des idées pour inverser la course de l’Occident vers l’abîme, c’est en luttant contre ces trois fléaux qu’il pourrait sauver notre identité et notre culture. Ce faisant, il aurait à s’attaquer à la cause originelle de ces maux : l’immigration massive. Vaste enjeu, car même Michel Onfray qui partage l’analyse, avoue : « A brève portée de vue, on peut sans trop se leurrer annoncer que l’Europe judéo-chrétienne va disparaître sous le coup des flux migratoires qui augmentent sans cesse et contre lesquels rien n’est fait – et contre lesquels, d’ailleurs, rien ne peut être fait. On ne ressuscite pas d’entre les morts. » Parole d’athée, sans surprise dénuée d’espérance, mais parole réaliste on ne peut plus lucide.

Sur l’indifférenciation, il suffit d’écouter Macron s’exprimer pour comprendre dans quelle folie nous a entraînés l’idéologie du genre, propos présidentiels repris par l’essayiste dans son ouvrage : « A la présidente d’une association défendant les principes de la famille traditionnelle, autrement dit, un père et une mère pour un enfant, le président de la République a dit : « Votre problème [sic], c’est que vous croyez qu’un père, c’est forcément [re-sic] un mâle [re-re-sic]. » Si c’est un problème de souscrire au réel et à l’évidence, la raison n’a plus droit de cité ! »

On reste scotché face à tant d’absurdités…de la part du premier magistrat du pays. Onfray de nous alerter encore : « Cette indifférenciation sexuelle s’avère un premier pas vers une artificialisation des corps qui vise à long terme leur mécanisation afin d’en faire un jour pleinement commerce dans un univers homogène transformé en supermarché où tout s’achète et se vend. Ici apparaissent les prémisses du transhumanisme qui exige dès à présent une chair mécanique, un corps machine, une viande conceptuelle – comme on en produit désormais : des steaks sans viande ou des viandes sans animaux issues de cultures tissulaires effectuées dans des boîtes de Petri et cuisinées à l’ancienne avec ail et persil écoresponsables. »

C’est la grande affaire mondiale, la révolution copernicienne qui va tout pulvériser et permettre le « grand reset » que promet le transhumanisme : l’avènement de l’ère d’après l’homme. L’avenir n’est pas à la négation de la technique ou à l’absence de progrès technique, mais à la radicalisation de la technique : « L’Occident a inventé, créé, découvert, produit, réalisé, imaginé, conçu, pensé nombre de choses sans lesquelles il est devenu impossible de vivre : se déplacer en voiture, en avion, en bateau, en sous-marin, téléphoner, aller dans l’espace, utiliser un ordinateur, bénéficier de la pharmacie, de la médecine et de la chirurgie contemporaines. On peut dire non à la Divine Comédie de Dante, aux Essais de Montaigne, aux pièces de Shakespeare, au Don Quichotte de Cervantès, aux peintures de Rubens, à la musique de Bach et de Mozart, à la philosophie de Kant, aux poèmes de Baudelaire, aux romans de Tolstoï, à l’architecture de Le Corbusier, aux films de Charlie Chaplin, et vivre sans tous ces chefs d’œuvre, mais peut-on vivre sans électricité, sans informatique, sans pénicilline, sans moteur, sans la chirurgie contemporaine ? » La civilisation transhumaniste, techniciste et acquise au progrès sans limites matérialisé par les algorithmes et l’intelligence artificielle, est celle qui doit supplanter la civilisation judéo-chrétienne.

Alors, qu’est-ce que L’art d’être français et que pèse cette interrogation face au monstrueux phénomène de tectonique des plaques dont nous sommes les spectateurs passifs, les fourmis piétinées ? Onfray, fataliste, répond : « l’art d’être français, c’est d’abord l’art de ne pas être dupe – il n’y a pas d’ensuite… »


Onfray tue le mythe Sade et en rebâtit un autre
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Lélian déboulonne Onfray
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