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Éducation minimum

Éducation minimum

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La couverture montre une caricature de la Leçon d'anatomie du docteur Tulp. Se penchent sur le cadavre le plus trans possible des figures de notre culture : Depardieu en Cyrano, Arsène Lupin, Raspail, Fanny Ardant, BB, Nimier et Sean Connery. Nous avons entre les mains un recueil qui est aussi bien manuel de savoir-vivre que dictionnaire amoureux de notre civilisation. On aurait pu l’appeler Être français pour les nuls, les auteurs ont opté pour Éducation Minimum. Arnaud Florac, qui écrit notamment pour la Furia, y signe les textes et Romée de Saint-Céran, dessinateur notamment pour l’Incorrect, y livre les très belles illustrations.

Ils sont nombreux aujourd’hui à faire le constat facile d’un effondrement de notre civilisation du fait de la gangrène wokiste. Les militants nationalistes ou autres réactionnaires ont posé le bon diagnostic et partent défendre une France que malheureusement ils ne connaissent que trop peu. Éducation Minimum est là pour commencer à remédier à cette lacune. Dans un ton à la fois léger et spirituel, les auteurs ne fournissent pas un kit pour militants mais ouvrent des fenêtres à tout va et ne cessent de donner soif de France.

Il convient d’abord de rappeler quelques évidences, car dans une société déconstruite, on ne peut plus se permettre l’implicite : nous sommes français, sur un territoire qui a été façonné par le catholicisme. Dans le sillage d’un Jean Sévillia avec son Historiquement correct, quelques vérités sont rétablies : le génocide vendéen a bien eu lieu ; la résistance fut d’abord de droite ! Et pour transmettre et faire aimer l’histoire de France, rien de plus simple que de renouer le roman national tel qu’écrit par Jacques Bainville.

Si le récit est mis à l’honneur, nos auteurs nous proposent également des héros. On y retrouve Arsène Lupin qui enseigne la belle vie en chevalier, c’est-à-dire par l’exemple, le riche et puissant Bertrand du Guesclin, les 4 mousquetaires et leurs caractères complémentaires qui s’accomplissent pleinement dans l’amitié… A rebours de la masculinité caricaturale, les auteurs se payent le luxe de faire l’éloge de la tendresse contre un progressisme sans affect. Et c’est au travers de l’exemple de Bernanos qu’ils nous livrent les vertus à cultiver : intransigeance et courage, la véhémence et la charité, la tendresse et la miséricorde, l’engagement et l’humilité. Rajoutons un zest d’insolence selon Nimier et ce sera terriblement français. Qu’est-ce qu’être français ? De l’esprit ! De la distance ! Un sentiment de supériorité plein de générosité ! Voilà donc une forme de dandysme que nous pouvons retrouver aussi bien chez Michel Audiard avec son art français de l’aphorisme ou chez Desproges et ce souverain mépris des totems médiatiques. Et régalons nous avec la figure féminine de Fanny Ardant : « Elle est pétillante, sombre, altière et désirable, prête à rire si l’on s’en montre digne. » Oui tout ça dessine le contour du caractère français.

Partant de là, il nous faut quelques manières et un peu de savoir vivre. Florac et Saint-Céran mènent une lutte commune pour l’élégance à travers un article sur le costard de mac, d’un autre sur la défense du mot mademoiselle, et enfin en rappelant plein d’espérance que « Notre siècle (…) ne suffira pas à effacer un millénaire d’amour courtois et de galanterie. » Ils nous enjoignent à incarner notre combat et notre amour pour la France : « S’opposer à la déconstruction n’est rien si on ne commence pas par reconstruire. »

Ce premier volume d’Éducation Minimum balaye large et c’est heureux. Nous croisons Bloy, l’anarchiste de droite ; Céline, un maudit trop facile à maudire ; Jean-Pax Méfret, l’incontournable figure du paysage réactionnaire ; Paul Morand, l’inventeur de la littérature qui swingue ; quelques philosophes avec Evola ou Ahrendt et même des figures étrangères comme Dostoïevski qui permettent à la culture française de finir par se dépasser.

Pour le tome 2, on a plein d’idées à leur souffler : La Souris Déglinguée, Gustave Thibon, Molière, Franck Capra, et puis aussi un chapitre sur la peinture… Donc jeune ou vieil amoureux de la France désolés devant une finale d’Eurovision, hauts les cœurs ! « Le misérabilisme, c’est pour ceux qui n’y connaissent rien : vous, vous avez reçu une Éducation Minimum. »

Éducation Minimum, essai de Florac et Saint-Céran, Ed. Magnus, 21€, 256 pages


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