Entretien avec Sarah Vajda
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Maximilien friche a rencontré Sarah Vajda à l’occasion de la sortie de son cinquième roman aux éditions Nouvelle Marge.
Un roman d’amour ?
Les deux personnages tombent amoureux non pas parce qu’ils sont étrangers l’un à l’autre, mais parce qu’ils sont tous les deux étrangers là où ils sont, des déracinés.
Mon but était de donner à ceux qui sont abonnés au roman social, au roman sociétal, à ceux qui n’ont pas droit au poème, de leur donner d’être inscrit dans le roman national. Pour ce faire, il fallait donc que ce récit soit écrit en français, c’est-à-dire dans une langue de culture.
La littérature a été inventée pour échapper au témoignage, pour échapper à l’autofiction et pour échapper à son poids de vie. Nous sommes dans une période totalement a-littéraire.
Une tragédie en banlieue
La vie est une tragédie. C’est totalement stupide de penser ce que le capitalisme veut nous faire croire, que l’on peut vivre sans tragédie, nous sommes par essence des sujets tragiques.
Le rôle des lieux dans la tragédie
La vraie tragédie, au-delà de la tragédie des sujets, est la tragédie des déracinements.
La tristesse et la mélancolie contemporaine viennent beaucoup de la perte de l’harmonie de l’homme avec son paysage : la fin des terroirs bien sûr, mais la fin des villes aussi.
Le but était de faire un roman contre le temps. J’ai voulu réinjecter quelque chose d’un roman dans un temps non propice à la littérature et à la féérie.
L’amour et le retour à l’adolescence
L’âge adulte n’est pas un âge littéraire.
Le rôle de la société multiculturelle
Je me suis d’abord posé la question de comment écrire une histoire chaste aujourd’hui.
Djamila permettait de libérer le champ de l’assimilation heureuse, non pas béate, mais beaucoup plus rose que le cauchemar intégriste où tout le monde ferme sa porte.
Rapport entre le roman et la biographie
Une biographie est un roman dont on connait la fin. Alors que dans le roman, ce sont les personnages qui décident.
Le lien entre tout ça, c’est la voix. Si les personnages existent avec une certaine densité, c’est que j’ai l’habitude de les faire parler, et ça, c’est une habitude de metteur en scène que j’ai gardé jusqu’à maintenant.
Je crois que les personnages ont tous une cohérence interne, et le rôle du romancier est de la trouver car à partir de ce moment-là, le personnage existe.