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La ferme de Montaquoy

La ferme de Montaquoy

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La ferme de Montaquoy, publié aux éditions des Presses de la cité, est un roman graphique. Ce genre littéraire combine un récit avec de nombreuses illustrations, dessins, esquisses, photographies qui égaient la lecture.
L’auteur, Régis Franc, retrace l’histoire de la ferme familiale à travers les tribulations de ses propriétaires successifs qui furent entrepreneurs, industriels ou bien artistes. Sa passion pour l’endroit confère au récit le caractère d’un hymne à la vie rurale, d’une brise légère qu’évoque le sous-titre : qui court la campagne trouve le chemin.

Souvenirs et hommage à la terre se mêlent dans un rapport charnel, amoureux, bien loin de l’écologisme hystérique servi par les médias d’aujourd’hui. Ici, nos cinq sens sont éveillés et piqués : « Voir une ferme ancienne pour la première fois, c’est comme entrer dans une église au fond d’un vallon inconnu, loin du monde. On pousse le portail d’une grange (basilicum, basilique), et d’antiques odeurs de blé, de bois, de cuir viennent vous caresser les narines. Il est facile d’imaginer les rituels. S’il y a de l’ombre, on rêve. On rêve du jour où, il y a bien longtemps, un homme, charretier, bouvier, a posé là pour la dernière fois le licol, le harnais, le grand fouet que l’on découvre, puis est parti, ou mort ou que sais-je, laissant ici ses affaires dans un simple sac de jute où dorment ses outils, toutes choses qui firent son quotidien. Depuis, rien n’a bougé. Parce que l’on conserve volontiers, à la campagne, la trace de ces passages d’êtres vivants sur la Terre. » Oui, c’est vrai. D’ailleurs, le cimetière n’est jamais situé trop loin et l’on n’omet rarement, à la Toussaint, d’aller déposer son offrande florale, son humble prière, quelques instants chipés aux occupations quotidiennes, au pied des tombes en granit des défunts, accordant à ces derniers comme un supplément de vie. C’est vrai également parce qu’à la campagne le temps s’écoule plus lentement qu’ailleurs, et donne une épaisseur autre aux évènements de la vie courante, un relief ciselé dans un concret que la vie urbaine agitée en tous sens et ouverte aux technologies envahissantes n’offre plus.

Se remémorant des temps finalement pas si anciens, l’auteur invite à le suivre : « Et devant nous, l’allée de terre où va le paysan du Gâtinais en route vers son village, au pas chaloupé du cheval. Cet homme à large ceinture double les lavandières fourbues d’avoir jeté à l’eau, savonné les grandes chemises de lin rêches, qui finiront étendues sur un fil entre deux arbres, ou dans un champ de fleurs. Celui qui passe voit aussi les chiens trempés et les enfants ruisselants, piaillant dans l’eau de l’Ecole, cette rivière si calme, allongée, tendre, dans l’orge, le seigle, le blé. »

Régis Franc croit à une agriculture respectueuse du terroir, il croit aussi au monde d’avant qui n’a pas fini de nous enseigner la sagesse : « Si l’histoire du monde moderne se résume au capitalisme, l’histoire de la terre se trouve au cœur de ces blés d’avant le monde moderne. A les voir, devenus mûrs, aussi efficaces à survivre que les tribus d’Amazonie ou de la jungle de Bornéo, et si pleins de grâce, on est ému. Nous voilà revenus au premier matin du monde ou aux Moissonneurs de Bruegel l’Ancien. Les blés anciens sont hauts, avec ou sans barbes, rouges, dorés ou même violacés, étonnamment divers. On ne les a pas calibrés. Le rendement n’est pas le sujet. Quand vient l’orage, ils ploient. L’orage passé, ils se relèvent. A l’inverse des modernes, farcis de cochonneries, sans vigueur, qui crèvent dans le sillon. »


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