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Pascal et la proposition chrétienne

Pascal et la proposition chrétienne

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Pierre Manent a récemment fait paraître un essai intitulé Pascal et la proposition chrétienne. Il y décortique les analyses du génial philosophe et mathématicien, auteur des Pensées, et tente de démontrer toute l’actualité de sa réflexion pour nos sociétés modernes en manque de repères moraux et en quête d’identité.

A l’heure du virtuel et du superfétatoire, il est n’est pas inutile de lire Pascal et de s’y resourcer, par exemple, à l’aide de ce célèbre fragment : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi. Dieu sensible au cœur, non à la raison. Est-ce par raison que vous vous aimez ? » Manent se montre pédagogue : « Juxtaposons la première et la dernière phrase, « c’est le cœur qui sent Dieu et non la raison » et « est-ce par raison que vous vous aimez ? ». On voit ce que Pascal veut faire entendre au libertin. Celui-ci rejette la foi au nom de la raison. Cela signifie en réalité que, « se durcissant » contre l’Être par excellence, il « s’adonne » à l’amour de soi. »

Et Manent de poursuivre son explication didactique : « Avec quelque ardeur ou confiance que l’esprit s’élance vers l’Objet le plus haut, quelque espoir qu’il nourrisse de l’atteindre, il ne rencontre que sa propre impuissance, il ne trouve qu’un Dieu absent ou inerte. » Pascal, résolument, se refuse à dévier du chemin qui mène à la Vérité, et ne transige pas quant à la seule option d’y parvenir qui lui paraisse envisageable : « Tous ceux qui cherchent Dieu hors de Jésus-Christ, et qui s’arrêtent dans la nature, ou ils ne trouvent aucune lumière qui les satisfasse, ou ils arrivent à se former un moyen de connaître Dieu, et de le servir sans médiateur, et par là ils tombent ou dans l’athéisme ou dans le déisme, qui sont deux choses que la religion chrétienne abhorre presque également. »

Pierre Manent sait pertinemment que les notions de « dogme » ou de « mystère » condensent tout ce qui, pour le christianisme et spécialement dans le catholicisme, est inacceptable ou inintelligible pour l’homme moderne : « L’effort ecclésial pour définir le dogme, s’il comporte nécessairement toutes les hésitations, variations et irrégularités inséparables de l’exercice des facultés humaines, s’achève non pas lorsque l’organisation humaine est parvenue à un consensus, mais lorsque l’expérience chrétienne a élaboré avec la précision et la complétude souhaitables les termes qui sont indispensables à son intelligibilité et à son approfondissement, et bien sûr à sa transmission. Ces termes correspondent à un point d’équilibre qui veut exclure et vise à rendre impossible une interprétation unilatérale du dogme, la définition finalement retenue traçant son chemin entre deux hérésies. »

Et Blaise Pascal, depuis son XVIIème siècle, de corroborer ce propos : « L’Eglise a toujours été combattue par des erreurs contraires. La foi embrasse plusieurs vérités qui semblent se contredire. La source de toutes les hérésies est l’exclusion de quelques-unes de ces vérités. Et la source de toutes les objections que nous font les hérétiques est l’ignorance de quelques-unes de nos vérités. »


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