Un Jardin avec Horizon, Hélène Raveau
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« Je fais un rêve. Rien n’a changé. J’existe encore. » (page 113). En littérature, l’âge adulte est un leurre. Dans ce court récit, Un jardin avec Horizon, Hélène Raveau raconte non pas ses souvenirs mais son enfance. Et cette petite fille s’incarne surtout en vacances, dans la maison de vacances, qu’elle soit en Normandie ou dans le Loiret, peu importe. Dans ces campagnes, comme dans le Sud de Nino Ferrer, le temps dure longtemps et Hélène Raveau nous le fait savourer. Elle semble dire : profitez-en. Pourquoi ? Parce que cela ne va pas durer. La petite fille en a le pressentiment, la narratrice en a la certitude. L’éternité n’a qu’un âge, celui de l’enfance. L’éternité est le lieu où l’on peut dire « je suis aimée aussi naturellement qu’il pleut » (ibid. – page 50). Et on sort de l’éternité au premier deuil. Un rossignol. Un jour Maman. On devient mortel au premier mort familier. Le deuil est ce foutu réel qui assassine l’imaginaire, la possibilité d’une narration.
C’était une enfant de la ville ? Elle ne raconte que la campagne. La vie sera-t-elle cette promesse non tenue ? L’enfant s’accroche à l’arbre, la haie, le papillon, la maison de ses parents, ses parents. Tout est signe, tout est prophétie. L’avenir ne cesse de s’annoncer. « La pluie d’été nous parlait de violence et de guerre » (ibid. – page 64)
Etrange de voir comme un enfant est seul, même en famille. On l’avait oublié avec notre corps social trop lourd nous empêchant de voler à l’instar du vilain albatros. La petite fille est seule au milieu, elle est seule, car chez l’enfant, la vie intérieure prime. L’enfant est relié à ce qui l’entoure. L’enfant que décrit Hélène Raveau, est obstinée avec ses frères, elle reste dans l’aventure. « Obstinément, nous dessinions ce carrefour identique à lui-même, retrouvant sans le savoir, le tracé des cathédrales » (ibid. - page 35). C’est que l’enfant convoque tous les temps pour nourrir son esprit d’aventure. Tout lui semble proche, surtout l’Histoire, puisqu’il veut y entrer. « A l’âge où l’on n’a pas d’ennemis, je rêvais d’en avoir » (ibid. – page 97).
Hélène Raveau signe ici un poème qui nous plonge à l’intérieur de ce que nous fûmes, elle ravive le souvenir de notre vie intérieure en nous parlant de son enfance. Rien n’est perdu. L’enfance peut encore nous irriguer jusqu’à aujourd’hui, la preuve : nous lisons encore.