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Dystopie : vers le « meilleur des mondes »

Dystopie : vers le « meilleur des mondes »

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Il y a une dizaine de jours j’ai été carrément interpellé par un article reproduit sur le site de Tyler Durden, ZeroHedge, émanant du site Daily Bell. Je suis non conformiste et je tente de m’informer en allant glaner sur divers médias y compris de nombreux blogs quelques épis fabuleux pour alimenter mon blog. C’est le secret d’une information proche de la réalité, hors les articles de science pure et dure revus par des pairs, mais même dans ce cas il est difficile parfois d’être convaincu de la véracité du contenu de ces articles. Il n’y a qu’à se souvenir du torchon de Séralini au sujet du glyphosate qui fut pourtant accepté par l’éditeur puis finalement retiré en mettant en avant une imposture caractérisée. D’ailleurs ce papier(cul) a alimenté les écolos européens et également français au sujet de cet herbicide. Un mensonge laisse des traces indélébiles et il semblerait que les cerveaux des politiciens ne fonctionnent plus correctement, tellement pollués par les milliers de nouvelles émanant du monde entier chaque seconde que compte une journée. Du coup il devient de plus en plus difficile de se faire une opinion objective sur un sujet particulier y compris si on fait l’effort de déceler le manque d’objectivité caractérisé de ce qui nous parvient comme par exemple cette histoire de génocide des Rohingya reprise par tous les médias « bien-pensants » pour ne pas frustrer le roi d’Arabie Saoudite … Il ne faut pas se moquer du monde en dénonçant les faits tels qu’il sont en réalité, il faut être « bien-pensant » !

L’objet de ce billet fait part d’une information infiniment plus terrifiante que bien d’autres « nouvelles » du jour. Elle relate le fait que plus d’un million d’enfants américains de moins de 5 ans sont sous traitement quotidien avec des médicaments psychotropes. Pire encore, parmi ces derniers plus de 275000 enfants de moins d’un an prennent des antidépresseurs prescrits par le pédiatre en toute conscience professionnelle. C’est proprement inimaginable. Les anglo-saxons ont inventé un mot pour décrire un tel phénomène de société, la dystopie par opposition au mot utopie. Le préfixe d’origine grecque « dys » signifie négation, malformation, erreur, et dystopie signifie la contre-utopie ou la mauvaise utopie comme par exemple la dyslexie est une mauvaise prononciation des mots. Les illustrations les plus significatives de dystopie sont Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley (Brave New World, 1932) et 1984 de George Orwell (Nineteen-eighty-four, 1948), deux oeuvres de science-fiction qui ont fait date.

Dans le roman de fiction d’Huxley les enfant écoutent à longueur de journée une radio lénifiante qui leur précise quel comportement ils doivent définitivement adopter, aujourd’hui c’est la télévision. Il doivent prendre régulièrement des pilules de couleurs variées pour égaliser leur humeur et leur caractère. Il y a les enfants alpha forgés dès les premiers mois de leur vie foetale, puis les enfants beta, gamma et delta, une sorte de hiérarchie, un système de castes artificiellement construit à l’aide de drogues appropriées. Les gay-prides par exemple sont inspirées de Huxley. Elles expriment une différence sociétale et les enfants, maintenant rivés sur le téléviseur puis leur téléphone cellulaire ou leur tablette subissent cette mise en conformité de leur personnalité en tous points identiques à celle décrite par Huxley. Parce que parmi ces « prides », un terme qui peut se traduire par « parade dans la rue », il y a les prides blanches, les prides noires, les prides nationales, les prides pour la protection de la nature, des prostituées ou des policiers … Ces manifestations de rue bon-enfant sont révélatrices d’une évolution de la société : la mise en conformité de l’opinion et la reconnaissance et l’acceptation des différences entre individus.

Dans Le Meilleur des Mondes l’éducation stipule que les relations sexuelles sont inutiles car les enfants naissent dans des incubateurs artificiels et n’ont plus besoin de mère biologique. Les gestes à caractère sexuel entre adolescents sont considérés comme anormaux. Les embryons sont orientés avant la naissance pour faire partie de l’une des classes sociétales, alpha, beta, gamma, … Le corps médical américain – mais l’Europe suit les USA avec toujours quelques années de retard – a réussi l’inimaginable, sauf dans l’esprit de Huxley, à mettre en place les besoins thérapeutiques des enfants en bas âge comme dans le roman de science-fiction : on s’achemine vers une civilisation totalitaire dans laquelle chacun aura sa dose quotidienne de comprimés de diverses couleurs pour n’être plus qu’une sorte de robot dénué de toute conscience, d’esprit critique et d’émotion, le monde de George Orwell vers lequel les grandes compagnies qui contrôlent l’ensemble de nos activités chaque fois que « nous nous connectons » nous y précipitent à grands pas, je veux parler ici de Facebook, d’Alphabet, d’Apple et de bien d’autres organisations supranationales qui à chaque instant de notre vie font en sorte que notre opinion soit orientée vers « le meilleur » …

Internet est un formidable instrument déjà utilisé pour infléchir l’opinion. Il devient presque impossible de se passer du moteur de recherche Chrome (Google, donc Alphabet) et les algorithmes utilisés par ce moteur sont tels qu’ils grignotent notre sens critique. Il arrive parfois qu’une recherche aboutisse à un sujet totalement différent de la préoccupation première et une seconde d’inattention et une page est ouverte ou qu’un choix soit proposé à l’internaute et cette simple « ouverture d’une page » va durablement modifier le « profil de l’internaute » à l’aide de ces algorithmes, que ce soit en ce qui concerne les tendances culinaires, la santé ou l’opinion politique. Nous sommes tous déjà asservis par ces grandes multinationales qui connaissent tout de nous-même, et elles sont pour la grande majorité américaines. Elles oeuvrent pour parfaire la main-mise de l’humanité entière par ce pays qui drogue déjà ses enfants en bas-âge. Il faudra peut-être moins d’une génération pour que la société soit devenue conforme aux délires d’Orwell ou d’Huxley. Je suis trop vieux pour assister à ce désastre, fort heureusement.

Mais pas plus tard qu’hier matin j’ai éprouvé une immense déception au cours d’une conversation vidéo (via Google hang-out, of course !) avec mon fils qui habite Tokyo. Avec son iPhone (Apple, of course !) il m’a montré ma petite-fille et elle n’a même pas daigné regarder son grand-père, ses yeux rivés sur l’écran de télévision et trop occupée avant le dîner par les séries supposées « éducatives » diffusées par la NHK. On y est presque, encore quelques pilules vertes ou bleues et on s’achemine inexorablement vers « Le Meilleur des Mondes ».


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