Foutre des piles dans le compost !
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Le monde n’est pas rempli que de mauvaises nouvelles. Il n’y a pas que la covid, le grippe, la cancer, le vieillesse. Ah, quelle idée d’avoir fait entrer Jane Birkin à l’Académie ! A ce train-là, l’écriture inclusive sera vite ringarde… - Il n’y a pas non plus que la menace islamiste près de chez soi, la crise économique, et les urgences psychiatriques des gens seuls. Non. Rassurons-nous, il y a aussi de bonnes nouvelles, de quoi se réjouir et ne pas douter de l’homme avec un grand H. Il y a … le compost communautaire. Une voisine nous proposa dernièrement d’adhérer à l’association permettant de jouir du droit de déverser ses épluchures au cours de deux créneaux horaires dans la semaine. J’avoue que j’ai un peu hésité car lorsqu’elle me l’a proposé, les églises étaient encore fermées… Cela aurait été une bonne manière de renouer des relations humaines en partageant un objectif et des valeurs communes : sauver la planète ! Dantec nous prédisait un avenir où il y aurait un dieu pour tous, une religion pour chacun. Il n’avait pas imaginé que la planète serait un dieu qui nous serait redevable de le sauver.
Mais j’ai dit non à la voisine… Par égoïsme bien sûr, par flemme aussi. Et il y a que la liturgie ne m’a pas beaucoup plu. J’ai regardé depuis mon salon le rituel en bas dans le square. Une mini file indienne de femmes masquées, ah non, il y a aussi un homme, portant à bout de bras une espèce de pot de chambre. Une fois arrivé devant le bac en bois, il suffit de gerber le sot d’épluchures et de touiller ensemble. D’abord le premier bac, puis les autres arrivés à un stade de maturation plus important. Les jours de gloire de la planète, les citoyens conscientisés peuvent repartir avec du terreau fabriqué par leur soin pour planter leur géranium dans leur jardinière. L’idée est belle, mais comme les églises sont rouvertes, j’avais ailleurs pour communier.
Le simple spectacle du samedi matin me convient. C’est distrayant. Il faut que j’envoie une photo à des amis de la campagne pour qu’on leur montre ce que l’on fait en ville contre le réchauffement climatique pendant qu’ils passent leur vie dans des trajets ponctués de ronds-points. Ça leur plaira de voir comment on revient aux choses essentielles. Et tandis que je contemple la scène en m’emplissant de bons mots préparant une tribune mondaine pour une jouissance collective, je contemple la place et les époques qui l’enlaidirent. Avant le XIXème siècle, nous avions les pieds dans l’eau, la confluence ayant été prolongée depuis, sans doute devait-il y avoir quelques gros rochers formant des morceaux d’îles mouvantes selon les années et saisons. Après le prolongement de la confluence, une place se dessine très harmonieuse, Napoléon III, une fontaine des quatre dauphins en son centre. Et puis les années 70 ont vu une trémie se percer et ratiboiser la place, trémie servant à passer sous l’autoroute venue saigner la presqu’île de part en part. Dans les années 90, ils ont fait un enclos pour les déjections canines. Et maintenant, nous avons ces grosses boîtes de bois remplies d’épluchures. Il n’y a pas que la France périphérique qui s’enlaidit. Les métropoles ne sont pas de reste grâce à la citoyenneté en marche. Si je continue à m’énerver, je sens que je vais passer à l’action directe. Un petit attentat pour déniaiser tout le monde. Oh bien sûr, je ne vais pas rallumer les volcans d’Auvergne pour un éclat de rire de la planète, mais j’ai bien envie un soir d’aller balancer toutes mes piles dans le compost.