L'apocalypse au jour le jour
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Invisiblement, dans l'instant de confusion générale où chacun d'entre nous, abandonné à lui-même, livré au vertige d'une liberté qui ne peut qu'en tremblant se résoudre au choix décisif, esquisse intérieurement le geste qui sera le signe de sa destinée éternelle, invisiblement, au même instant, s'effectue un gigantesque tri. Nul ne sait au vrai qui vivra et qui mourra, et nul ne sait surtout qui, au-delà de cette vie et de cette mort, entrera dans l'orbe rayonnante d'une rencontre dans laquelle il se reconnaîtra enfin ou plongera dans les ténèbres d'une solitude où nul ne se retrouve. Ce que nous pouvons savoir en revanche, c'est si dans l'instant où le choix se propose à notre pensée, là, ici et maintenant, quand l'autre est là qui nous salue, nous préférons lui répondre pour être, avec lui, dans l'amitié d'un rapport qui se moque de la mort, ou si, dans l'affolement d'une peur qui fait perdre le sens des liens les plus précieux, nous ne songeons qu'à nous en remettre aux directives d'une puissance qui se moque de la vie parce qu'elle s'enracine dans un rapport aux choses qui rend indifférent d'être mort ou vivant – une puissance d'objectivation des rapports qui fait de la subjectivité elle-même une simple donnée objective, excluant d'avance qu'entre quelqu'un et lui-même puisse se glisser la possibilité d'une relation qui échappe à toute détermination. D'un tel choix dépend sans doute notre salut ou notre perdition, quoi qu'il en soit de ce qui, au-delà des limites de notre existence ici-bas, nous attend.
Visiblement une autre sélection s'opère, qui prétend dès maintenant séparer l'humanité d'elle-même en réservant les bienfaits de la puissance à ceux qui, refusant cette part d'indétermination du vivant qui donne tout son sens à la mort, acceptent de voir défini leur droit à exister par une instance qui ne se détermine elle-même qu'en fonction des nécessités du moment, en fonction d'une urgence devenue permanente à force de se confondre avec la nécessité pour les moyens de la puissance de trouver dans toutes les circonstances de la vie ordinaire un motif de s'exercer sans limitation ni contrainte. A ces élus choisis d'après la peur que leur inspire la seule possibilité de mourir, la puissance objectivante qui préside aux destinées prévisibles du monde ouvre un espace d'existence séparée et préservée de l'extrême hétérogénéité du réel, une semblance de réalité homogène dans laquelle rien ni personne ne peut prendre rang ni place autrement qu'en se soumettant à un traitement destiné à le rendre totalement dépendant du dispositif par lequel cette réalité acquiert une forme d'autonomie à l'égard des conditions ordinaires de l'existence terrestre.
Ce traitement, dont on peut se faire une idée en additionnant mentalement l'ensemble des mesures adoptées depuis le mois de mars 2020 (port du masque, restriction des déplacements, gestes barrière, protocoles d'accès et d'admission en tous genres, passe sanitaire, tests, ciblages et pistages, etc.) et en les conjuguant avec les modes et modalités d'usage imposés par la numérisation-virtualisation des échanges, n'atteint pas nécessairement la réalité même des conditions d'existence des êtres (qui heureusement continue de dépendre de lois qui échappent à toute emprise humaine), mais il atteint à coup sûr la capacité de l'homme à concevoir ses rapports avec le monde et avec ses semblables autrement qu'en des termes qui renvoient exclusivement à cette sphère réduite de signification dans laquelle tout dépend d'une rationalité reflétant nos pouvoirs d'action sur le réel.
Quant aux autres, pour qui un tel traitement équivaudrait à une forme de mort spirituelle, est réservé un sort paradoxal, celui d'exister provisoirement, à titre résiduel, selon des modalités périmées, en attendant qu’un décret fondé sur n’importe quelle représentation de l’urgence du moment prononce leur définitive mort sociale. Acculés à une forme de clandestinité contrainte, ils formeront un peuple dispersé, sans patrie, à l’instar du peuple juif. Elu ? En tout cas destiné à témoigner, dans un monde totalement programmé, d’une espérance dépourvue de toute illusion en un avenir encore non défini.
Entre ces deux niveaux de réalité, le virus (les virus) constitue un trait d'union paradoxal qui, d'une certaine façon, perturbe le système de la visibilité intégrale, faisant entrer en lui une part d'imprévisibilité qui le remet constamment en cause, mais qui, d'une autre façon, lui sert d'alibi pour faire constamment varier ses règles de fonctionnement, de telle sorte qu'il soit toujours impossible à l'individu isolé de se faire une idée précise de sa situation par rapport à un contexte donné. Il en résulte une hausse du niveau général d'incertitude qui peut à tout moment nous faire basculer soit dans une forme de totalitarisme intégral, symbolisé par le vaccin, soit dans l'anarchie la plus totale, symbolisée par le virus.
Entre les deux, comment choisir ? Tout est, plus que jamais, affaire de foi. Il n'est pas exclu que la foi en la science et en ses vaccins soit la plus délirante.