Le Vénézuela au bord de l'explosion
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Depuis début avril, le Venezuela est frappé par des affrontements d'une rare violence entre opposition et forces gouvernementales. À l'origine de ce mouvement, la tentative de la plus haute autorité judiciaire vénézuélienne de limiter drastiquement les pouvoirs du parlement et de supprimer l'immunité parlementaire des députés. L'opposition, majoritaire au parlement depuis décembre 2015, exige des élections anticipées et le départ du Président Maduro. Les autorités vénézuéliennes comptent, à ce jour, une trentaine de décès et plus de sept cents blessés au cours des manifestations.
L'Impérialisme américain accusé
Fidèle à ses habitudes, le Régime vénézuélien a accusé l'Impérialisme des Etats-Unis d'être à l'origine des troubles qui traversent le pays. Après que le porte-parole du département d'Etat américain eût déclaré que « Ceux qui sont responsables de la répression criminelle d'activités démocratiques pacifiques […] se verront individuellement demander des comptes pour leurs actions par le peuple vénézuélien et ses institutions, comme par la communauté internationale » et que le responsable de la diplomatie eût ajouté « Nous sommes préoccupés par le fait que le gouvernement de Maduro viole sa propre constitution et n'autorise pas l'opposition à faire entendre sa voix ni à s'organiser de façon à exprimer l'opinion du peuple vénézuélien », Nicolas Maduro accusait son meilleur ennemi en des termes rocambolesques :
« Les Etats-Unis, le département d'Etat, ont donné leur feu vert et leur approbation à un processus putschiste effronté en vue d'une intervention au Venezuela. »
Fort de ce constat, le Président Maduro a annoncé la mise en œuvre d'une opération militaire, policière et civile inédite, laquelle prévoit notamment l'armement de 500 000 hommes appartenant à des milices civiles.
Une Constituante convoquée
Après avoir vainement tenté d'acheter un retour au calme, le 30 avril, en annonçant une hausse de 60 % du salaire minimum, Nicolas Maduro a annoncé la convocation d'une Assemblée Constituante, « une Constituante citoyenne, et non pas une Constituante des partis ni des élites, une Constituante ouvrière, communale, paysanne, une Constituante féministe, de la jeunesse, des étudiants, une Constituante indigène, mais surtout, mes frères, une Constituante profondément ouvrière, profondément communale ».
Figure d'une opposition qui a qualifié ce processus de « coup d'Etat », Julio Borges, le Président du Parlement, a appelé les Vénézuéliens à se révolter contre cette nouvelle décision présidentielle.
« C'est une escroquerie pour tromper le peuple avec un mécanisme qui n'est rien d'autre qu'une volonté d'aggraver le coup d'Etat et de chercher avec la Constitution à détruire la Constitution elle-même, la démocratie et le vote. […] Nous appelons le peuple à se rebeller et à ne pas accepter ce coup d'Etat.»
Maduro seul contre tous
Sur la scène diplomatique, le Gouvernement Vénézuélien compte de moins en moins d'alliés, en particulier dans son environnement proche. Avec la fin des présidences Kirchner en Argentine, et Roussef au Brésil, seul le président Bolivien Evo Morales, soutient encore le régime de Nicolas Maduro.
En dépit d'un appel du Pape François au « gouvernement et toutes les composantes de la société vénézuélienne pour que soit évitée toute nouvelle violence », soutenu par la plupart des gouvernements sud-américains, aucune amélioration de la situation vénézuélienne n'a pu être observée.
Les Ministres argentins et brésiliens des Affaires étrangères ont ainsi déclaré, respectivement, que le Président Maduro « ne réalise pas que les gens qui meurent dans la rue, quelle que soit leur couleur politique, sont des Vénézuéliens » et que la Constituante annoncée représente « une nouvelle atteinte à la démocratie qui viole la Constitution du pays. »
La radicalisation croissante et l'obstination du régime Maduro ne saurait inspirer que le pessimisme sur l'issue pacifique de la crise. Au Venezuela comme ailleurs, la réalité revêt le caractère implacable et tragique de l'Histoire en marche.