Monsieur météo devenu star du 20h

La météo jusqu’alors était affaire de demie mondaine ou des guignols, l’occasion de montrer son cul moulé dans les mini-jupes ou sa fleur de poète à la boutonnière, le tout pour accompagner l’instruction des masses opérée par la transmission d’un petit dicton : A la saint glin glin, n’oublie pas de ronger ton frein. Désormais Monsieur Météo est devenu la star du 20h, et la question du temps qu’il fait, la question la plus grave à mettre sur le tapis entre adultes aimant débattre dans l’amour du consensus. S’il fait beau, c’est grave. S’il pleut, c’est grave. S’il fait chaud, c’est grave. S’il fait froid, c’est grave. Quand on dit grave, c’est qu’en fait, cela relève de l’apocalypse ! Moi qui ai toujours cru à la fin du monde, ça ne change pas grand-chose à ma prédestination à la poussière… Pour ma part, je n’ai pas attendu le réchauffement ou le dérèglement climatique pour croire à la fin du monde.

De retour des vacances de la Toussaint, durant lesquelles le soleil avait été d’une insolente générosité, j’osai entrer en relation avec les collègues non loin de la machine à café. Quel délicieux été indien ! Dis-je avec l’emphase qui veut provoquer le sourire chez l’autre. Le peine à jouir d’en face me répond avec un air pincé et les yeux tout ronds : Eté indien, si l’on veut, la situation est malheureusement bien plus grave que ça… Ah oui, j’avais oublié, le fameux réchauffement climatique, l’effet de serre, l’annonce des cocotiers sans doute préfigurés par les migrations de masses que nous subissons en terre septentrionale. Et on me dit que de mémoire d’homme, on n’avait jamais vu ça ! La belle affaire, la mémoire des hommes… Ils oublient tout ! La liste de courses, les récitations de leur enfance, l’Histoire de France, leur devoir d’état, le temps qu’il faisait hier, leurs bonnes résolutions de début d’année, leurs mensonges, leurs manquements, leurs lâchetés, leurs témoignages, leurs convictions, leurs déclarations d’amour, leur jeunesse, leur prédestination à la mort, etc. L’homme n’est que volatilité, sa mémoire est une passoire. Qui plus est l’homme ne vit pas longtemps à un endroit donné. A l’échelle des ères de glaciation et de réchauffement, il n’est qu’une virgule mal fagotée pour la saison. Heureux est-il de ne pas vivre deux fois le cataclysme dans sa pauvre petite vie, sinon il faudrait l’identifier au Grand blond élu par la guigne. Non il y a peu de chance pour qu’un épisode cévenol se produise deux fois dans le même village de mémoire d’homme et pourtant il s’agit là d’une catastrophe banale pour la fin de l’été dans le quart sud est de la France. Une formation de déniaisement aux statistiques rudimentaires serait la bienvenue.
Nous l’avons compris la météo n’est rien d’autre que le dernier prétexte fourni par quelque diablotin aux idéologues de la déconstruction. Jusqu’à maintenant, ce ne fut toujours qu’une partie de l’humanité incriminée dans la malédiction qui accable l’humanité. Les femmes, les Juifs, les occidentaux, le mâle blanc dominant, … et maintenant l’homme lui-même. L’être humain coupable de mettre en péril l’humain, comme autre variation du classique l’homme est un loup pour l’homme. Pour les déconstructeurs abonnés à la chaîne météo, la meilleure façon d’éviter l’apocalypse, serait de la provoquer ! Et bien voilà qu’on se retrouve ! La communion dans le destroy est annoncée qu’on se le dise !

Avant de tout faire péter pour tout sauver, je me permets un commentaire à la fois outrancier et naïf… Au regard des tonnes de pétrole du Sahara, il est avéré qu’il y a eu des arbres il y a bien des siècles… Je ne suis pour autant pas bien sûr que ce soit à cause de la circulation automobile que le Sahara soit devenu un désert… Mais je peux me tromper. Quel dommage de ne pas savoir se réjouir… Le réchauffement climatique est tout de même l’aboutissement d’un grand projet civilisationnel remontant à la nuit des temps. Sans gaz à effet de serre il ferait -18°C en moyenne sur terre et le fait de passer d’un continent à un autre à pince n’aurait rien de réjouissant… Holiday on ice sur tout le globe. Et puis pour continuer mes propos de café du commerce très agaçants pour les messieurs météo se prenant pour des intellos, notons que c’est blindé de monde dans les pays chauds et plutôt désertiques là où on se pèle les miches, alors de quoi avez-vous peur ?

Après je veux bien faire l’effort cinq minutes de condamner les dérives du capitalisme, mettre à l’index les pollueurs, et fustiger la logique de la consommation de masse. Ce ne serait pas un gros effort à faire pour moi qui me contente volontiers du même complet-veston toute ma vie. La principale nuisance opérée par le capitalisme n’est pas sur la planète, mais sur l’être, sur ce qui nous élève et nous distingue. Les philosophes des lumières n’avaient comme seul prisme pour analyser les questions : est-ce que cela fait de moi davantage un homme ou non. Les déconstructeurs ne savent plus d’où ils parlent. Les fans de Monsieur météo semblent plus préoccupés à faire des leçons de jardinage qu'à préparer la révolution, plus passionnés par l’hygiénisme que par l’honnêteté. L’écologie est un commerce comme un autre basé sur le buzz. L’objectif est de cultiver… la bonne conscience.