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Pas d'écologie sans nucléaire

Pas d'écologie sans nucléaire

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Vendredi, les dirigeants européens se sont engagés à réduire d'au moins 40 %, par rapport à 1990, les émissions de gaz à effet de serre de l'Union Européenne d'ici 2030.

C'est fièrement qu'Herman van Rompuy a annoncé l'accord - son dernier succès à la Présidence de l'union - dotant l'Europe de la "politique énergétique et de climat la plus ambitieuse au monde". À titre de comparaison, le protocole de Kyoto signé en 1997 n'envisageait de réduire les émissions de gaz à effet de serre que de 5 % à horizon 2008-2012 par rapport à 1990. L'objectif est exigeant mais, à l'heure où France et Allemagne entendent réduire la part du nucléaire pour l'une et en sortir pour l'autre, pourra-t-il être atteint sans construire de nouvelles centrales nucléaires ? Pour nous en rendre compte, il suffit de regarder un instant la problématique des transports.

Premier poste de consommation d'énergie en France, le transport représente 31,6 % de nos besoins énergétiques, soit l'équivalent de 48,6 millions de tonnes de pétrole1, ou 566 TWh2,dont la moitié environ est issue d'énergies fossiles3. À l'heure actuelle, la France produit 575 TWh4 d'électricité par an. En conséquence, la mutation à terme du secteur des transports vers l'électrique demandera peu ou prou une augmentation de 50 % de nos capacités de production d'électicité5.

Si nous voulons poursuivre le calcul, il nous faudra donc au moins 13 EPR supplémentaires (à supposer qu'ils fonctionnent en permanence) ou 31 centrales thermiques des plus modernes6. L'option thermique représentant près de 64 millions de tonnes de charbon7.

La boucle est bouclée, sans nucléaire pour produire l'électricité la grande révolution de l'électrique dans les transport ne permettra que de déplacer le lieu de production des gaz à effet de serre, et non de les supprimer. Ce calcul est bien sûr une approximation, mais il donne la mesure des enjeux qui se trouvent devant nous.

Si les puissances européennes, France et Allemagne en tête pourtant si souvent désunies, maintiennent leur unité contre l'énergie nucléaire, les bonnes intentions actuelles risquent fort de rester lettre morte : les 40 % écologiques d'aujourd'hui seront demain ce que sont aujourd'hui les 3 % budgétaires d'hier.

Notes

  1. Ministère du développement durable, bilan énergétique 2013, p.115
  2. Agence Internationale de l'énergie : 1tonne d'équivalent pétrole = 11,63 GWh
  3. Ministère du développement durable, bilan énergétique 2013, p.81
  4. Ministère du développement durable, bilan énergétique 2013, p.51
  5. Le rendement d'un moteur électrique est certes bien meilleur que celui d'un moteur thermique (presque 100 % contre environ 35 %) mais la production de cette électricité passe par une centrale dont le rendement est généralement de l'ordre de 35 % également.
  6. Puissance de 1450 MW pour l'EPR - 600 MW pour la centrale thermique du Havre
  7. 100 tonnes de charbon produisent 250 MW

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