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Russie autre et autrement (1)

Russie autre et autrement (1)

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Premier épisode d’un essai sur la Russie d’aujourd’hui : Sources et vocabulaire

Je ne suis ni un journaliste, ni un touriste professionnel, ni un voyagiste, kremlinologue, russologue ou autre spécialiste-charlatan : je suis fier d'être un généraliste qui seul se préoccupe de la synthèse, juste ou biaisée, et non des analyses futiles, parcellaires, erronées, abracadabrantesques. Je suis habitué à ce que mes propos soient ignorés, voire détournés et le plus souvent passent inaperçus : depuis 1996 j’entends tous les jours de la part de mes détracteurs que je me trompe. Malgré eux et leur aveuglement, la réalité s’impose… et mes propos s’avèrent souvent véridiques.

Et voilà un miracle de cette réalité imposante et imposée ! La révélation de la réalité en forme des élections étasuniennes, de la crise ukrainienne ou de la énième vague de Covid qui sévit. Nous n’en parlons plus, donc il n’existe plus mais je vois des jeunes triplement vaccinés en souffrir, pas de formes graves, certes, mais sévères.

Mes notes se réfèrent à mes derniers voyages avec une agence de tourisme appelée Russie autrement, ou Wander Russisa à l’international, en 2016 et 2018 (Saint-Pétersbourg - Ouzbékistan - Moscou - Serguiev Possad (Zagorsk) - Pereslav Zaleski - Rostov - Iaroslav - Souzdal - Vladimir), à mes souvenirs, à mes nombreux voyages en Union Soviétique entre 1985 et 1989 et finalement, à mes échanges avec des russes, ou anciens citoyens de l'URSS, qui vivent en France. Les dernières modifications ont été ajoutées pour incorporer mes réflexions en 2024.

Le modèle économique exclusivement salarial est prédominant en Russie comme partout ailleurs, y compris dans l’Occident en déclin, mais en Russie éternelle, il est presque palpable voire monumental, dû à sa récente histoire. Apres l'esclavage, engagisme, servage, le salariat omniprésent domine le modèle économique de nos sociétés moribondes. Cet empire russe de technicité collective et de technocrates collectivistes incarne à merveille la devise de Julius Fucik : « Au Pays où demain est déjà hier »(V zemi, kde zítra již znamená včera) (1932). L’avenir semble absent ou bouclé. L'impossibilité d'individualiser une activité entrepreneuriale, créatrice ou tout simplement économique, empêche toute identification avec un produit présenté, sur le marché, de la part de son producteur, créateur, ingénieurs… et empêche donc toute passionarnost de la vie sociale au travail (terme de Lev Goumilov) et de toute la vie. Le terme Passionarnost signifie l’identification d’entrepreneur avec son ouvrage comme pour l’artiste, professions libérales qu’il vit comme une passion ou vocation.

J'ai aussi utilisé pour cette synthèse des déclarations tenus lors de conférences ou la littérature comme sources de comparaison à mon expérience :

  • Sylvain Tesson, que je trouve le plus objectif dans la description amusante et littéraire de la Russie d’aujourd’hui ;
  • Bertrand Lecomte, le plus à la pointe des références journalistiques mais souvent tendancieux et trop cocardier ;
  • Je trouve que les considérations d’Hélène Carrère d'Encausse sont assez erronée concernant son jugement sur la désintégration de l'Empire, en tant que parallèle à la décolonisation occidentale, sa négation ou plutôt son ignorance de l'existence de l'Homo soviéticus, et finalement russophobes ;
  • et Ryszard Kapuszinski, dont l'Imperium (en anglais) résume, d'une façon très observatrice, juste et amusante mais avec, hélas, une amertume chauvine polonaise, les fondements crapuleux et mafieux de l'état russe moderne et/ou ancien.

Je n'ai aucun a priori nationaliste ou patriotique et je paie mes impôts en France où j’habite. Le concept napoléonien de l’État nation et son patriotisme présumé qui en découle sont des impostures intellectuelles pour maitriser les masses. Je suis un fier citoyen Français, naturalisé en 2006. Je n'appartiens qu’à la race humaine, j'aime les gens et je hais tous les collectifs. Je ne ressens aucun mépris pour qui que ce soit avant que je ne le connaisse.

J'aime la Russie, et les gens, même de l’engeance d’Homo Sovieticus. Je déteste des collectifs. Je lis et écris l’azbouka (le cyrillique) et je me débrouille pour parler le russe. J'utilise des mots qui nécessitent une traduction ou une explication préalable :

  • Le TRANSFERT signifie regarder par ses propres yeux, par le prisme de sa propre expérience, l'autre ou autrui au niveau individuel (transfert amoureux) et/ou bien au niveau collectif (transfert français de la réalité russe, par exemple) : souvent il coïncide avec les termes de "vœux pieux", "d'a priori", de "préjugés", etc. L’influence des groupes des idéologies, ou bien encore la bien-pensance actuelle mondiale, en est une digne et directe héritière de ces préjugés.
  • Le COLLECTIF peut-être un groupe ("Tres faciunt collegium") ou bien une société, une corporation, un groupe organisé comme un club d'amis, un syndicat, un parti politique, un corps professionnel, une paroisse religieuse, etc.
  • La CULTURE est tout ce qui n'est pas la Nature : non seulement la science, les arts et l'éducation, la religion, mais aussi toute l'ingénierie, la technique, TOUTE activité humaine d'une certaine façon, y compris l'agriculture.
  • La CLASSE MOYENNE signifie ce que nous comprenons d'une façon habituelle : les gens qui assument leur relatif bien vivre en toute indépendance et qui sont la base de la société occidentale. Je n'apprécie pas du tout ce terme marxiste de "classe", ni celui de "moyenne", comme si celle-ci était une caste isolée du bas et du haut, de la droite et de la gauche. D'ailleurs, il me semble plus exact de parler DES classes moyennes car il s'agit d'une agrégation libre très hétéroclite et diversifiée.

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