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Russie autre et autrement (2)

Russie autre et autrement (2)

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Deuxième épisode : Les quatre piliers du totalitarisme

 

Les quatre piliers du totalitarisme historiques doivent maintenir la cohésion du collectif au haut et grand niveau collectif : la « nation » (en russe "narod"), la "patrie" ("rodina"), le "parti" ("strana"), l'"État" ("gosudarstvo") sont basés sur une redistribution foncièrement injuste car collective, voire collectiviste, et font fonction de "bâtons et de carottes" pour maintenir l'obédience des sujets. Malgré les mots russes en parenthèses cette destruction individuelle est ubiquitaire, en français avant les parenthèses, donc. Je compte quatre piliers actuels et essentiels du totalitarisme, depuis mon émigration en 1999 :

1/ l’EDUCATION qui a été éliminée par la FORMATION ou plutôt par un formatage idéologique qu'il soit étatique avec la RECHERCHE étatique et ses dérives : sécuratisme et scientisme idéologique, de la nouvelle religion positiviste,

2/ la "SANTÉ",

3/ les "RETRAITES" 

4/ les ARTS.

Les arts sont les formes acceptables du formatage aux diverses sensibilités. Le formatage peut être public, ou corporatiste, industriel ou commercial, donc privé, y compris celui de l'église. Le totalitarisme n'a pas ici une signification politique avec sa polarité gauche-droite, le totalitarisme peut avoir une connotation de réalisation d'une pensée totale, c'est-à-dire la réification de la société sur la base matérialiste. La réification de l'être humain et de toute la vie comme un objet d'échange est son résultat. Le terme même de "Capital Humain" (Jim Yong Kim, le 11 octobre 2018) de la Banque Mondiale, récemment introduit dans la manière langagière mondiale et englobant la longévité, l'éducation et la santé, reflète que "total" ne signifie forcément pas une oppression venant de la gauche ou de la droite, mais la réification de la vie. (L'Américain Jim Yong Kim, a annoncé en 2019 sa démission à la surprise générale.)

 

Le totalitarisme signifie qu’aucune critique ni révolte ne sont concevables ou possibles. La « démocratie » est totalitaire, car toutes alternatives de ces systèmes dits démocratiques sont interdits même pour la contemplation. Si Roger Scruton dit, avec Renaud Camus, que « la seule différence entre des gens riches et pauvres d’aujourd’hui, c’est l’argent », j’ose à affirmer que « la seule différence entre les gens éduqués et diplômés d’aujourd’hui, c’est l’éducation ». Le terme des "quatre piliers de totalitarisme" provient de mon vocabulaire, celui du "capital humain" provient de la Banque Mondiale. L'idée marxiste et sa forme d’écrasement de l’individu restent identiques : nommer et caser un être humain dans une société cadrée, chosifier l'Homme et le rendre comme "un grain de sable".

STALINIEN. Cet adjectif perd un peu de sa signification mais toute la bien-pensance collectiviste idéologique, y compris le terrorisme intellectuel actuel, puise sa base idéologique et organisationnelle dans l'expérience et la pratique (à moindre degré, heureusement) des Staline, Lénine et Trotski, eux-mêmes héritiers "philosophiques" de Thomas D'Aquin, Aristote et Maimonide, positivistes, des gens sûrs avec leurs vérités "prouvées". Et aussi Napoléon, Hitler, Ford et autres fanatiques du “progrès” selon leurs idées ne sont pas différents. Ils ne se remettent pas en question, n'ont pas de doutes ni d'hésitations, mais croient à leurs preuves préfabriquées dans leur système de pensée et donc à leurs conclusions qui s'imposent avec la véhémence d'un convaincu. Le stalinisme est vécu en Russie comme une "libération du fascisme" dans toute l'Europe libérée par les Russes. Aux yeux des Russes, le stalinisme était une victoire sur le fascisme ! Leur conviction honnête, profonde et pieuse que le stalinisme est meilleur que le fascisme ou le nazisme leur permet de vivre dans leur transe idéologique sous la religion de l'État russe (je ne parle pas ici de l'orthodoxie chrétienne mais de l'ATROUPISSEMENT / troupisme des masses derrière leurs dirigeants). Il est vrai que toute l’Europe a attaqué la Russie soviétique en 1941 comme les vassaux de l’Allemagne nazi, sauf la Suède, l’Espagne, le Royaume Uni, l’Islande, comme aujourd’hui avec l’OTAN toute l’Europe dénigre la gestion russe de la crise pour soutenir la démocrature ukrainienne, plutarchique. Il est vrai aussi que les Français regardent leur gouvernent et surtout leur président avec un regard identique : votif, ébahi et mendiant les allocations, subventions…. Les Russes appellent la Deuxième Guerre Mondiale "La Grande Guerre Patriotique", comme s’il n'y avait aucune autre victime que la Russie, aucune autre forme d’antifascisme, aucune autre population ayant souffert comme la population russe. Ceci rappelle le parallèle sioniste ou hébraïque de la Shoah car l'Etat hébreux ne reconnaît aucun autre génocide (rwandais, arménien, noir, gitan, homosexuel, palestinien…) que le génocide juif de la Deuxième Guerre Mondiale.

 

Le fascisme est considéré comme un mal absolu tandis que Hitler lui-même s'était défini comme une réaction, un rempart contre l'expansionnisme bolchévique, stalinien et russe. Derrière le mausolée de Lénine, Vladimir Ilitch Oulianov embaumé, momifié, empaillée, il y a une galerie des gens illustres de la période soviétique : à côté de Yuri Gagarine, vous trouverez Iossif Vissarionovitch Djougachvili, surnommé Sosso (diminutif de Iossef ou de Iosseb) pendant son enfance, qui se fait ensuite appeler Koba, alias Staline ! C'est étonnant, en Allemagne, vous ne trouverez pas de monuments à la gloire de Hitler, du moins pas en public et encore moins à Walhalla ! En France vous pouvez vous prosterner devant le tombeau de Napoléon. Vladimir Poutine évoque l’héroïsme de Staline, ce qui devient menaçant. Nikita Khrouchtchev est regardé avec mépris, bien que ce fut lui qui a, en premier, tenté de donner un visage "humain" au socialisme lors de la déstalinisation (période du dégel). Certes, c'est une ineptie, car ni le socialisme, ni le fascisme, ni le comptabilisme actuel globalisant (DMLA = Délire Marxiste-Léniniste Attaliste) ne peuvent avoir un visage humain, car les deux sont collectivistes, mais la tentative compte ! Depuis l'art archaïque grec, nous savons que les régimes collectivistes ou tyranniques ne permettent pas d'avoir un visage humain comme paradigme de la représentation artistique avec sa psychologie, mais ils cachent le visage sous les masques stéréotypés d’archétypes. D’où aussi cet engouement dans l’art pour le conceptualisme mondial dans le marché global comme un étendard du mauvais gout et comme une illustration pragmatique idéologique. Toutes les tentatives individualisantes sont peu appréciées en Russie plus qu’en Occident.

Le concept d'ÉTAT NATION est un concept napoléonien et du siècle des Lumières qui m'est étrange, car je ne comprends pas comment nous pouvons réduire l'âme d'une ethnie et d'une nature sous le joug administratif et pauvre des technocrates et des inspecteurs des impôts. Je paye mes impôts en France et j'aime la France et les Français, mais je suis un Français d'adoption, par le procédé administratif de la naturalisation, venant de la Mittel Europa ! Pour taquiner les défenseurs du patriotisme tellement exacerbé de nos jours : ma patrie est celle où je paye mes impôts !


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